Pourquoi ne pas simplement
interdire les arachides (et noix) dans les
écoles?
Nancy Wiebe
Vous faire dire par votre médecin que votre enfant ou
quelqu'un sous vos soins a une allergie alimentaire qui met sa vie en
danger peut être une chose intimidante et effrayante. Une fois
calmé, suite au choc initial, vous vous posez quelques
questions: Qu'est-ce qu'on doit faire? Que peut-on faire pour que
notre enfant soit en sécurité? Comment faire comprendre
cela aux autres, comment les rendre conscients de cette allergie et
obtenir leur aide? Dans cet article, je vais tenter de
démontrer pourquoi je crois qu'interdire des aliments n'est
pas la solution et ne bénéficie pas nos enfants, leurs
amis ou l'école.
Un des points saillants lorsqu'on doit faire face à des
allergies potentiellement fatales est la prise en charge du
contrôle et de la crainte. Ces deux éléments sont
à la base de la demande d'interdire des aliments. A la phase
pré-scolaire, le contrôle alimentaire et environnemental
de l'enfant n'est pas un problème, ce qui met les parents
à l'aise. Evidemment, l'anxiété de la
possibilité d'une réaction demeure. Toutefois, à
l'école et dans d'autres établissements, il y a
plusieurs éléments incontrôlables et
l'anxiété augmente naturellement au sujet de la
sécurité de l'enfant. Nous devons connaître ce
qui est contrôlable autant que possible, prendre les
démarches nécessaires pour y arriver et ne pas laisser
la crainte prendre le dessus.
Premièrement, nous devons expliquer à notre enfant
ce qu'est son allergie et lui faire connaître les moyens d'y
faire face pour qu'il soit en complète sécurité.
Il s'agit d'un processus graduel. L'enfant doit accepter que c'est
son allergie, et que le monde autour de lui (d'elle) ne changera pas
pour l'accommoder. L'enfant doit apprendre à être
prudent, chercher la collaboration et compréhension de son
entourage et accepter le fait qu'il (qu'elle) puisse vivre un vie
normale. Un plan de traitement spécifique, prescrit par un
médecin va lui permettre de comprendre les démarches
d'urgence et de se sentir plus en contrôle. Vivre avec son
allergie ne devrait pas être plus compliqué que tout
autre problème dans la vie des enfants. . . leur offrant le
plus de protection possible dans leur enfance et leur enseignant
d'être plus indépendants et responsables quand ils sont
plus grands.
Deuxièmement, nous comme parents devenons des enseignants
et défenseurs. Il y a réellement un grand
éventail dans la compréhension totale de l'impact de
cette allergie, particulièrement pour ceux qui n'y sont pas
impliqués. Prenez comme exemple, apprendre à vivre avec
le diabète. Les renseignements seront
répétés à maintes reprises de bien des
façons. Faire qu'une seule présentation à
l'école ne suffit pas. Beaucoup de tact et de patience sont
requis parce que tout changement est difficile pour la plupart de
nous. Nous comme parents devons aussi être flexibles,
reconnaissant qu'il n'y a pas seulement une stratégie ou
politique qui soit fonctionnelle pour tous les enfants à
l'école. Elle va nécessiter des discussions et
négociations. Par le biais d'éducation, nous pouvons
créer la compréhension, la coopération et
encourager une mentalité de "communauté" qui va rendre
l'environnement plus sécurisant.
Voici quelques raisons pour ne pas interdire les arachides et noix
dans toute l'école (malgré que je crois qu'il est
nécessaire de songer à des zones totalement sans
arachides et noix dans les écoles primaires):
- Il est impossible d'avoir une école "totalement
libre d'arachides/noix". Vous ne pouvez pas assurer que
l'école soit dépourvue d'arachides ou noix sans
physiquement fouiller tout le monde et partout en tout temps. Cela
a été essayé déjà avec des
résultats négatifs. Malgré cela, les enfants
peuvent avoir des résidus de beurre d'arachides sur les
mains suite au petit déjeuner à la maison. On ne
peut pas assumer qu'un endroit soit totalement sans arachides ou
noix.
-
- "Dépourvu d'arachides/noix" donne à tous une
fausse sécurité, ce qui encourage le
contentement dans l'école en ce qui concerne les allergies
potentiellement fatales. Les enfants allergiques peuvent devenir
moins strictes dans les précautions qu'ils doivent prendre
parce qu'ils se trouvent dans un environnement
"sécurisé." Les parents peuvent aussi croire que
leur tâche d'éducation et sensibilisation (de leurs
enfants et aussi de l'établissement) ne soit plus
nécessaire. Le personnel de l'école vont alors
diriger leurs efforts à d'autres sujets de profil plus
important.
-
- Lorsqu'une interdiction est instaurée, souvent
l'énergie et les efforts sont déplacés,
l'education et la sensibilisation sont remplacés par la
mise en vigueur de l'interdiction. Une interdiction peut aussi
individualiser les enfants allergiques et les rendre
vulnérables à la dérision et
brutalité. Les enfants doivent apprendre à
"s'intégrer" et êtres surs d'eux-même, et ne
pas laisser leur identité se fixer sur leur allergie. C'est
le moyen d'éviter de devenir une proie aux brutes.
-
- Interdire une chose à la majorité à
cause de quelques-uns va être en opposition avec beaucoup de
parents et un inconvénient pour l'école. En
général, notre génération
réagit mal au mot "interdiction." Lorsqu'une interdiction
est introduite, son effet contraire prend environ un an pour se
développer. A ce moment-là, il devient très
difficile de revenir à une position 'mi-chemin' parce que
les parents qui sont déçus ne veulent rien entendre
ou collaborer.
-
- Il y aussi d'autres aliments possiblement
déclencheurs de réactions potentiellement fatales,
comme le lait, le blé ou les oeufs, qui seraient quasi
impossibles d'interdire. On s'arrête où?
L'école a beaucoup de préoccupations avec des
programmesd'importance équivalente. Il faut sympathiser
avec les administrateurs. Leur collaboration va être
d'autant plus facile si la demande dont on leur fait est
raisonnable, facile à mettre en marche, tout en
satisfaisant nos besoins.
-
- Un programme de sensibilisation engendre la protection.
Les enfants non-allergiques seront bien souvent plus
coopératifs que leurs parents et vont éviter
d'apporter des préparations contenant des arachides /noix
à l'école qui pourraient être dommageables
à un ami. Ils seront plus protecteurs et plus rigoureux que
si l'on dépend sur une interdiction pour forcer leur
comportement. Comme effet, les enfants seront plus aptes à
reconnaitre les besoins particuliers des autres,
sensibilité qu'ils vont garder tout au long de leur vie.
Néanmoins, cette démarche éducative doit
commencer tôt. Vers la 6e année scolaire, certains
enfants apportent des cigarettes et des drogues à
l'école, alors leur demander de ne pas apporter d'arachides
n'aura pas tellement d'effet.
-
- Les enfants allergiques doivent apprendre à accepter
que c'est leur allergie et leur responsabilité. Ils ne
vivront jamais dans un monde sans arachides/noix - c'est la
réalité. Les écoles intermédiaires et
secondaires ne seront pas aussi accommodantes que l'école
primaire. L'école est la meilleure place pour eux de
développer progressivement des méthodes de survie
qu'ils vont avoir besoin. L'environnement est surveillé
par des adultes, et de l'aide urgente est tout prêt si
requise. Comme ils grandissent, ils vont s'habituer à
porter leur bracelet d'identification Medic-Alert, à avoir
toujours leur Epipen avec eux (tel que prescrit dans leur plan de
traitement), et à expliquer leur allergie à d'autres
tout en leur demandant leur coopération. A l'adolescence,
ces précautions feront partie de leur vie quotidienne.
Cette acceptation va les aider à faire face à la
pression de leurs pairs et être plus à l'aise avec
leur allergie. Leurs amis auront aussi une meilleure idée
des précautions nécessaires à la
sécurité d'un ami.
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-
- Vous pouvez partir sur un bon pied dans un programme de
sensibilisation en vous procurant de la documentation dont une
bonne partie est disponible au Calgary Allergy Network:
http://www.cadvision.com/allergy ou auprès de votre
association locale d'information sur les allergies. Une autre
référence excellente est la publication par le
Canadian School Boards Association appelée "Anaphylaxis: A
Handbook for School Boards." Vous pouvez commander un exemplaire
pour 10$ en appelant au (613) 235-3724 ou par courrier
électronique: admin@CdnSBA.org. Il s'agit d'une approche
équilibrée d'une politique d'un programme de
sensibilisation en ce qui a trait aux allergies à
l'école.
-
- Interdire les préparations contenant des arachides
n'est pas la solution au problème des allergies
potentiellement fatales. Le beurre d'arachide n'est non
seulement un aliment traditionnel, mais une
nécessité économique pour beaucoup de
familles. Il ne disparaîtra pas du menu du 'lunch.' Nous
devons préparer nos enfants à vivre dans un monde
réel tout en leur procurant un "coussin de
sécurité" à l'école afin de les aider
à apprendre l'habilité qu'ils ont besoin pour une
longue vie, une vie en bonne santé avec leur allergie.
Travaillons ensemble à aider à faire de nos
écoles des endroits "sécurisés" en
"sensibilisant" les occupants des allergies potentiellement
fatales, comme l'allergie aux arachides et aux noix.
Nancy Wiebe est mère d'un enfant allergique aux arachides
et aux noix. Ce document peut être reproduit pour des fins
d'éducation à but non lucratif. Cet article est une
participation gratuite du Calgary Allergy Network dont le site web est:
http:// www.cadvision. com/allergy