Contextes
Mycoplasma pneumoniae
Infections respiratoires : trachéobronchites, pneumonies atypiques
Infections extra-respiratoires exceptionnellement : cutanées, articulaires,
neurologiques, génitales, péricardiques.
Mycoplasmes génitaux (Tableau 1)
Urétrites non gonococciques (UNG), épididymites.
Infections gynécologiques : vaginoses, endométrites, salpingites
Infections liées à la grossesse : chorio-amniotites, bactériémies post-parturn ou
post-abortum.
Infections néonatales (nouveau-nés fortement hypotrophiques).
Bilan avant fécondation in vitro.
Infections extra-génitales surtout chez l'immunodéprimé (arthrites chez
l'hypogammaglobulinémique).
Contaminations de cultures cellulaires.
M. hominis | U. urealyticum | |
Infections masculines | ||
uréthrites | ||
épididymites | ||
Infections féminines | ||
syndromes urétraux | ||
vaginoses | ||
cervicites | ||
endométrites | ||
salpingites | ||
Troubles de la reproduction | ||
stérilités | ||
chorioamnionites | ||
poussées fébriles post-partum/abortum | ||
Infections néonatales | ||
2 - Objectifs
Les recherches de mycoplasmes ont pour objectif :
- la distinction de la présence en situation de pathogénicité d'une simple présence à l'état commensal
(mycoplasmes génitaux)
- l'étude de la sensibilité aux antibiotiques (mycoplasmes génitaux)
Les méthodes utilisées varient selon les espèces recherchées :
- Le diagnostic biologique d'une infection à M. pneumoniae est plus souvent réalisé par la sérologie
que par la culture ou la PCR. Ces dernières ont cependant l'avantage d'affir mer le caractère actuel de
l'infection.
Seule la culture est réalisée couramment pour les mycoplasmes génitaux, Ureaplasma urealyticum et
Mycoplasma hominis.
La recherche d'autres espèces potentiellement pathogènes pour l'homme est rarement réalisée.
Seule la PCR est adaptée à la recherche de Mycoplasma genitalium, agent d'urétrite non gonococcique
(UNG). La mise en évidence de Mycoplasma fermentans et Mycoplasma penetrans ne se conçoit que dans un
objectif de recherche et non de diagnostic courant.
- La recherche de mycoplasmes contaminant des cultures cellulaires se fait en associant plusieurs
techniques de détection.
3 - Prélèvements
Quelle que soit la méthode de prélèvement, elle doit ramener des cellules auxquelles les mycoplasmes adhèrent.
* Pour les infections respiratoires, la recherche des mycoplasmes dans les expectorations est à déconseiller en raison de leur contamination par de nombreuses bactéries. Des prélèvements de gorge ou, chez le jeune enfant, des aspirations nasopharyngées peuvent être utilisés en raison du caractère diffus de l'infection. Lavages bronchoalvéolaires ou brossages endobronchiques peuvent également être pratiqués.
* Les mycoplasmes génitaux peuvent être recherchés à partir de prélèvements urétraux, ler jet d'urines, sperme, prélèvements cervico-vaginaux ou endométriaux, brossages tubaires, liquide amniotique, placenta, prélèvements endotrachéaux chez le nouveau-né.
* D'autres échantillons peuvent être étudiés : LCR, biopsies ou liquides synoviaux, prélèvements
cutanéo-muqueux. Les milieux classiques pour hémocultures contiennent des anticoagulants qui ont un
effet inhibiteur sur les mycoplasmes. Il est donc recommandé d'ensemencer directement le sang sur des
milieux pour mycoplasmes.
4 - Transport
Les mycoplasmes étant très sensibles à la dessication, il faut utiliser des milieux de transport.
Le milieu saccharose-phosphate (2 SP) enrichi de 5 % de sérum de veau foetal, sans antibiotique convient
à la fois au transport des prélèvement pour recherche de mycoplasmes et Chlamydia. Ce milieu peut être
utilisé pour la mise en culture et pour la PCR.
La mise en culture doit se faire sans délai. Les échantillons peuvent être gardés à + 4'C pendant
48 heures au plus, et au delà à - 70'C.
5 - Coloration
Les mycoplasmes dépourvus de paroi, ne sont pas colorés par la méthode de Gram. La coloration
d'ADN par un fluorochrome peut être utilisée pour la mise en évidence de mycoplasmes contaminant
les cultures cellulaires.
6 - Culture
Elle est relativement simple pour U. urealyticum et M. hominis, plus délicate pour M. pneumoniae, très fastidieuse pour les autres espèces potentiellement pathogènes.
1 - Les milieux de culture
Ils sont complexes, rendus sélectifs par addition d'une bêtalactamine ou parfois de polymyxine.
Il n'y a pas de milieu standard convenant à toutes les espèces, en raison de leurs exigences différentes
en substrat, pH.
* Pour M. pneumoniae, on peut utiliser le milieu de Hayflick modifié renfermant 20 % de sérum de poulain ou le milieu SP-4 plus complexe, renfermant du sérum de veau foetal. Les milieux liquides, à? pH 7,5, renferment du glucose et du rouge de phénol.
* M. hominis croit sur les mêmes milieux renfermant de l'arginine à la place du glucose, et à pH 7,2. Il peut occasionnellement croître sur gélose au sang, donnant de très petites colonies ainsi que sur les milieux utilisés pour U. urealyticum.
* U. urealyticum se développe sur milieu de Shepard à pH 6,0 renfermant de l'urée.
2 - Détection de la croissance
* En milieux liquides, elle se fait d'après le virage d'indicateurs colorés (acidification en 6 à 20 jours pour M. pneumoniae, alcalinisation pour M. hominis et U. urealyticum en 18 à 48 h).
* Sur les milieux gélosés, l'apparition de colonies doit être recherchée à la loupe binoculaire.
Leur aspect est variable, granulaire pour M. pneumoniae, en oeuf sur le plat pour M. hominis,
irrégulier et très petit pour U. urealyticum.
Ces dernières sont colorées en brun sur milieux contenant du sulfate de manganèse ou du chlorure
de calcium, ce qui permet de les distinguer de simples irrégularités dans la gélose.
3 -Identification
* Elle se fait d'après les propriétés métaboliques (tableau 2) : fermentation du glucose, hydrolyse de l'arginine et de l'urée. M. pneumoniae est le seul mycoplasme respiratoire capable d'hémadsorber ou d'hémagglutiner les hématies de cobaye.
* L'identification antigénique est rarement faite. L'amplification par PCR est une excellente méthode d'identification à partir d'une culture pour M. pneumoniae.
* La séparation de deux groupes chez M. pneumoniae, d'après la structure de l'adhésine, a un intérêt épidémiologique. Deux biovars sont décrits chez U. urealyticum, la signification de cette séparation n'est pas connue.
* Différents kits existent pour la détection et la quantification d'U. urealyticum et de M.
hominis à partir des prélèvements génitaux. Ils donnent des résultats satisfaisants à la condition
de vérifier l'aspect des colonies sur gélose.
Des milieux de transports adaptés sont fournis avec ces kits.
Tableau 2: Principales propiétés des mycoplasmes isolés chez l'homme
Site/espèces | Pouvoir pathogène |
Fréquence d'isolement par culture | Glucose | Métabolisme Arginine | Urée |
---|---|---|---|---|---|
Voies respiratoires | |||||
M. pneumoniae | |||||
M. salivarius | |||||
M. orale | |||||
M. buccale | |||||
M.faucium | |||||
M. lipophilum | |||||
M. laidlawii | |||||
Voies génitales | |||||
U. urealyticum | |||||
M. hominis | |||||
M. genitalium | |||||
M. fermentans | |||||
M. penetrans | |||||
M. spermatophilum | |||||
M. primatum | |||||
Autre site | |||||
M. pirum | ? | ||||
4 - Interprétation
* L'isolement de M. pneumoniae chez un patient est un élément significatif car a priori il n'appartient pas à la flore commensale, à l'exception peut-être des périodes épidémiques.
* La mise en évidence d'U. urealyticum ou de M. hominis à partir de prélèvements normalement stériles est significative.
* Leur isolement à partir de prélèvements où ils peuvent être présents à l'état commensal (prélèvements urétraux, cervico-vaginaux, urines, prélèvements périphériques du nouveau-né) est difficile à interpréter. Une évaluation quantitative est réalisée. Elle s'exprime en unité de changement de couleur (ucc).
* Chez l'homme, U. urealyticum serait responsable de 15 à 20 % des UNG. Les critères proposés sont : > 104 UCC/Ml pour un prélèvement urétral, > 103 ucc/ml pour le ler jet d'urines.
* Chez la femme, la présence de U. urealyticum dans un prélèvement cervico-vaginal est difficile à interpréter en raison de sa fréquence naturelle (près de 50 % des femmes). M. hominis est retrouvé plus rarement (plus ou moins 10 % des femmes) et en quantité moindre. Il peut être présent en grande quantité (> 104 uce/ml) dans les vaginoses bactériennes. Sa présence en quantité élevée peut également évoquer une infection des voies génitales hautes.
* La présence de mycoplasmes dans des prélèvements périphériques du nouveau-né peut être due
à une simple contamination. L'isolement à partir de prélèvements endotrachéaux, en quantité élevée,
a plus de signification.
7 - Techniques rapides
* Des méthodes de détection antigénique ont été proposées pour M. pneumoniae. Elles manquent de sensibilité.
* La méthode la plus intéressante est l'amplification génique par PCR. Différents systèmes ont été
proposés pour M. pneumoniae (gène de l'adhésine, géne codant l'ARN 16S). Ils permettent une détection
très sensible (10 à 100 micro-organismes) et spécifique. Il n'existe malheureusement pas de kit prêt à
l'emploi. La PCR est pratiquement la seule technique utilisable pour M. genitalium, et reste la
meilleure méthode pour la détection de M. fermentans et de M. penetrans.
Elle est potentiellement intéressante pour la détection d'U. urealyticum et de M. hominis à partir
de prélèvements où ces organismes sont peu viables (liquide articulaire) ainsi que pour la détection
des mycoplasmes contaminant les cultures cellulaires.
8 - Sérologie
* En raison de sa simplicité, c'est la méthode la plus souvent utilisée pour le diagnostic d'une
infection à M. pneumoniae. Elle ne permet souvent qu'un diagnostic rétrospectif. La présence
d'agglutinines froides (> 1/64) n'est ni constante ni spécifique. La réaction de fixation du
complément détecte des anticorps dirigés contre un antigène glycolipidique. Une séroconversion,
une élévation de 4 fois le titre ou un titre > 1/64 sont généralement significatifs. Néanmoins elle
n'est pas très sensible et des réactions croisées sont décrites au cours d'atteintes neurologiques
ou pancréatiques. D'autres techniques sont disponibles, agglutination de particules de latex
sensibilisées, micro-immunofluorescence ou surtout ELISA permettant aussi la détection d'IgM.
Ces techniques sont probablement plus sensibles que la fixation du complément. Néanmoins leur
spécificité n'est pas toujours parfaite, sans oublier la possibilité de réactions croisées avec
M. genitalium.
* Les sérologies ne sont pas recommandées pour le diagnostic des infections à mycoplasmes génitaux.
9 - Sensibilité aux antibiotiques
* Les mycoplasmes ont des caractéristiques naturelles expliquant leur résistance intrinsèque à certaines familles d'antibiotiques (bêtalactamines, rifampicine, polymyxine). Les antibiotiques potentiellement actifs sont les tétracyclines, les fluoroquinolones, les macrolides et apparentés.
* La sensibilité naturelle aux macrolides et apparentés est dissociée dans certaines espèces. M. hominis résiste à l'érythromycine mais pas aux macrolides ayant un noyau à 16 atomes, U. urealyticum résiste à la lincomycine.
* La sensibilité aux antibiotiques de M. pneumoniae est exceptionnellement recherchée. De très rares cas de résistance aux macrolides ont été décrits.
* La sensibilité des mycoplasmes génitaux, U. urealyticum et M. hominis doit être étudiée
lorsque l'on estime qu'ils sont en situation pathogène. Des résistances acquises ont été décrites
pour les tétracyclines, dues à la présence du gène tetM, pour les macrolides et très récemment pour les
fluoroquinolones. Des réactifs commercialisés permettent d'étudier simplement cette activité. Il est
recommand, de les utiliser à partir de micro-organismes isolés et non directement à partir d'un
prélèvement.
Bibliographie
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