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Candida albicans

Levure dont la forme sexuée n'est pas connue.
Blastomycète de l'ordre des Cryptococcales,
famille des Cryptococcaceae.
Avec la biologie moléculaire, cette levure est apparentée aux Endomycétales
( levures ascosporées ).
BERKHOUT en 1923.

Description

Levures de forme variable rondes à allongées.
Reproduction par bourgeonnement multilatéral.
Le pseudomycélium peut être absent, rudimentaire ou abondant.
Parfois présence de vrai mycélium.
Levures non pigmentées.
Fermentation + ou (-).
Uréase (-).
Inositol non assimilé.
Créatinine non assimilée.

Habitat

Levure vivant en commensale dans le tube digestif de l'homme, des mammifères et des oiseaux.
Cette levure est un "opportuniste" qui devient pathogène sous l'effet de facteurs favorisants généraux ou locaux.
Facteurs locaux : humidité, macération, déséquilibre de la flore intestinale après prise d'antibiotiques.
Facteurs généraux : diabète, trouble de l'immunité ( SIDA ),
traitements provoquant une baisse de l'immunité
( corticoïdes, cytostatiques, immunodépresseurs ),
traitement provoquant un déséquilibre hormonal ( oestroprogestatifs ).
Facteurs physiologiques : grossesse, âges extrêmes de la vie.

Pouvoir pathogène

Les lésions cutanées et unguéales proviennent d'une contamination digestive.
Celles du tube digestif, en particulier celles de l'oropharynx, sont consécutives à des causes générales ( SIDA ...).
Les septicémies surviennent lors de gestes médicaux ou chirurgicaux
( intraveineuse, pose de cathéters, chirurgie cardiaque, chirurgie digestive,
transplantation d'organes ...) ou sur un terrain immunodéprimé.

Il existe 2 sérotypes A et B.
Le sérotype B a souvent une résistance primaire à la 5 fluorocytosine.

Les infections les plus fréquentes sont les candidoses superficielles :
intertrigos, onyxis des mains avec périonyxis,
infections des muqueuses superficielles: glossite, vaginite, balanite ou uréthrite.
Les candidoses de l'oesophage ou oropharyngées sont rares,
et ne sont rencontrées que chez les malades ayant un SIDA.
Les infections viscérales et septicémiques sont fréquentes chez les patients à risque
( affections hématologiques, cancers, transplantés,
patients ayant eu des interventions chirurgicales lourdes ).
Chez le nouveau-né dont la mère avait une vaginite lors de l'accouchement,
on peut voir des candidoses néonatales.
Les candidoses cutanéo-muqueuses chroniques sont rares,
elles résultent d'un déficit de l'immunité et nécessitent un traitement à vie.

On a décrit dans les années 80 des candidoses septicémiques
chez les héroïnomanes prenant de l'héroïne brune d'Iran.
Ces patients, présentaient une folliculite pustuleuse très douloureuse,
localisée essentiellement au cuir chevelu et au visage.
On isolait la levure, sous forme de filaments à l'intérieur des cheveux et des poils.

Aux candidoses septicémiques peuvent succéder des candidoses viscérales localisées ou généralisées
(candidoses oculaires, pulmonaires, ostéo articulaires, endocardiques, rénales, hépatiques, neuro-méningées ...).

Diagnostic

Le diagnostic repose sur :
- l'examen direct qui montre des levures bourgeonnantes
souvent associées à du pseudomycélium,

- la culture, sur Sabouraud additionné d'antibiotiques avec et sans Actidione, pousse en 48 heures .
- la recherche des anticorps et des antigènes circulants,
qui peut se justifier dans les infections profondes.
- les tests physiologiques et biochimiques :
blastèse, formation de chlamydospores, assimilation et fermentation des sucres.

Dans les infections viscérales cet examen est indispensable pour visualiser le Candida dans les tissus.

Les colonies poussent rapidement en 24 à 48 heures à 30°C ou 37°C.
Elles sont blanches, crémeuses, lisses et peuvent se plisser en vieillissant.
C. albicans pousse bien sur milieu de Sabouraud-Antibiotique avec et sans Actidione.
Certains milieux sélectifs chromogènes peuvent être utilisés pour l'isolement
de C. albicans à la place du milieu de Sabouraud afin d'accélérer le diagnostic
(ex : Candiselect, Chromagar, Albicans ID, Candichrome albicans, Fluoroplate candida ...)
C. albicans se présente sous forme de levures ovalaires ou rondes ( 3 à 6 µm sur 6 à 10 µm ).
Ces levures bourgeonnent parfois au niveau des 2 pôles.
Elles forment en vieillissant du pseudomycélium :
aspect de filament avec zones de rétrécissement au niveau des cloisons
et avec formation de blastospores de petites tailles.

Pour identifier C. albicans, certains milieux peuvent être utilisés dès l'isolement
et grâce à un substrat chromogène ou fluorescent,
ils distinguent cette espèce des autres levures en détectant des enzymes.
L'intérêt réside dans la rapidité du diagnostic
et dans le dépistage des associations de levures.

La technique d'identification classique repose sur la blastèse : filamentation en sérum
( 3 h à 37°C présence de tubes germinatifs uniquement dans l'espèce C. albicans)
et sur la recherche des chlamydospores.
Cette dernière est réalisée sur un milieu pauvre ( RAT ou PCB ), l'incubation se fait à 25°C.
Au bout de 24 à 48 h. se forment aux extrémités terminales ou latérales du pseudomycélium
de grosses spores rondes à paroi épaisse, de 10 à 15 µm de diamètre, associées à des blastospores.

La formation des chlamydospores peut être absente chez certaines souches de C. albicans.
Dans ce cas, il faut étudier l'auxanogramme des sucres, éventuellement couplé au zymogramme.
On utilise actuellement des techniques miniaturisées prêtes à l'emploi
pour étudier l'assimilation des sucres éventuellement associés à d'autres techniques :
API 20 C Aux , ID 32 C, Fungichrom, Auxacolor, Fungifast, I twin.
Il existe aussi un test d'identification rapide, utilisant un Ac monoclonal spécifique de C. albicans (Bichrolatex albicans ).

- Fermentation des sucres : glucose (+), maltose (+), galactose (+/-), saccharose (-), lactose (-).
- Assimilation des sucres : glucose (+), galactose (+), saccharose (+), maltose (+), tréhalose (+),
cellobiose (-), lactose (-), raffinose (-).

La sérologie peut être réalisée.
Elle se fait par différentes techniques : électrosynérèse, immunofluorescence, immunoélectrophorèse, hémagglutination.
Cette recherche est décevante car souvent il s'agit de patients immunodéprimés qui fabriquent peu d'anticorps;
par ailleurs C. albicans est un commensal du tube digestif de l'homme
et toute personne saine a des anticorps anti-Candida à faible taux.
Elle peut être réalisée avec Cand-tec, Pastorex Candida qui sont peu spécifiques.
Autres études : recherche dans le sang de métabolites de C. albicans comme : mannose, arabinitol.
Recherche de virulence de souche.

Diagnostic différentiel

- var. stellatoidea.

Données complémentaires

Morphologie sur milieu PCB ou RAT : Pseudomycélium et chlamydospores.
Filamentation en serum ( test de blastèse ).
Candidose intertrigo.
Glossite due à des levures C. albicans et Geotrichum candidum.
Perlèche et glossite à Candida albicans.

Macroscopie sur milieu Chromagar : association de plusieurs levures sur milieu Chromagar,
C. albicans est coloré en vert et C. tropicalis en bleu foncé.

Histologie : coloration au PAS, coloration Grocott.
Pénétration du poil par C. albicans dans des cas de folliculite.
Onyxis de la main à Candida albicans.
Examen direct d'un ongle de main : levures et filaments.
Lésions folliculaires disséminées.

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