LE GOITRE SIMPLE
Introduction
Le goitre simple correspond à:
- laugmentation de volume du corps thyroïde
- en dehors de toute altération sécrétoire
- sans lésion inflammatoire ni dégénérescence maligne
Il est très fréquent, notamment chez la femme
Anatomie pathologique
1. Goitre parenchymateux hyperplasique
Il correspond à:
- une hypertrophie diffuse et modérée
- avec conservation de larchitecture générale (vésicules de taille variable) et prédominance de lélément épithélial sur la colloïde
Cette phase est suivie par des poussées d'hyperplasies focales avec nécrose tissulaire et hémorragies. Il existe donc une transition naturelle avec le temps entre un goitre diffus et un goitre multi-nodulaire.
2. Goitre colloïde
souvent volumineux, à vésicules distendues par la colloïde.
3. Aspects particuliers
- cordons cellulaires de ladénome trabéculaire
- prolifération pseudo-papillaire.
- présence doncocytes (cellules de Hurthle).
Physiopathologie
Expérimentalement (effets de la carence iodée ou des antithyroïdiens de synthèse):
- le goitre apparait comme la réponse à une stimulation thyréotrope
- c'est un mécanisme de compensation permettant de maintenir leuthyroïdie
Dans le goitre sporadique humain, la TSH ne serait pas seule en cause. D'autres facteurs de croissance ainsi que la diminution de l'iodure intra-thyroidien seraient essentiels.
Son évolution comporte plusieurs phases :
* hyperplasie initiale
* puis formation de foyers nodulaires initialement hyperactifs puis colloïdes.
* avec poussées successives de goîtrigénèse doù hétérogénéïté glandulaire.
Forme typique
Signes fonctionnels:
- variables et non spécifiques
- absence de signes et découverte lors d'un examen systématique
A l'examen:
- hypertrophie thyroïdienne
- tuméfaction cervicale antérieure ascensionnant à la déglutition
- stade O A : pas de goitre
- stade O B : goitre palpable non visible
- stade I : goitre visible, le cou en extension
- stade II : goitre visible, le cou en position normale
- stade III : goitre visible à distance.
Dans les enquêtes épidémiologiques (OMS) on retient lexistence dun goitre lorsqu'un lobe thyroidien a au moins une taille supérieure à la dernière phalange du pouce du patient examiné.
Signes biologiques
- euthyroïdie
- corps thyroide initialement homogène à la cartographie
Formes etiologiques
1. Goître endémique
On parle dendémie goîtreuse lorsque IO % au moins de la population est goitreuse;
Certaines aires géographiques sont électivement représentées notamment mais non exclusivement les zones de montagne).
Les facteurs étiologiques sont multiples et peuvent être associés :
- carence iodée surtout ( mais non constante) avec iodurie inférieure à 50µg/jour.
- goitrigènes naturels probablement par libération de thiocyanates - brassica;
cassava = manioc)
- malnutrition et pollution
- hérédité
- radiations
2. Goitre sporadique
Frappant surtout le sexe féminin, il apparait généralement chez ladolescente, et son développement semble favorisé par divers facteurs (étapes de la vie génitale)
3. Goitre "expérimental"
- après thyroidectomie partielle
- lors dun traitement par antithyroïdiens de synthèse, lithium, iode.
- par fuite urinaire des protéïnes liant lhormone thyroidienne (syndrome néphrotique)
4. Goitre par trouble congénital de lhormonogénèse
Il sagit en fait dune hypothyroidie avec goitre mais linsuffisance thyroidienne peut être cliniquement latente :
- absence de concentration des iodures
- défaut dorganification de liode (test au perchlorate); éventuellement associé à une surdité de perception (syndrome de PENDRED)
- absence de déshalogénase (test à la Di-Iodo-Tyrosine)
- anomalies de la thyroglobuline
Formes anatomiques
- goitre plongeant à pédicule vasculaire cervical
- goitre endothoracique vrai, en règle médiastinal antérieur
- goitre endotrachéal
- goitre ectopique lingual
Formes evolutives
Elle est variable :
- regression spontanée ou sous thérapeutique
- stabilisation
- augmentation de volume par poussées successives
- complications :
* locales :
+ déviation puis compression trachéale
+ compression: - recurrentielle
- veineuse (circulation collatérale)
- syndrome de Claude Bernard Horner
+ hématocèle
+ inflammation (strumite)
+ calcifications
+ formation de nodule (s)
+ cancer ultérieur (souvent carcinome anaplasique)
* hyperthyroïdie : goitre secondairement toxique
Le diagnostic différentiel se pose avec les autres causes de goitre:
- le cancer thyroidien, mais ce diagnostic peut être une complication du goitre simple
- une thyroidite d'Hashimoto
- une thyroidite sub-aigue
Principes therapeutiques
1. Prophylaxie du goitre endémique :
- amélioration de lhygiène de vie
- consommation de sel iodé
2. Traitement du goitre sporadique :
- étiologique (élimination dun éventuel facteur iatrogène).
- médical : freinage thyréotrope (L-thyroxine per os 100 à 150µg/jour) contrôlé par test TRH
- chirurgical: exclusivement en cas de complications.