Acromégalie
I. Définition
- hypersécrétion d'hormone de croissance (GH)
- correspond le plus souvent à un adénome hypophysaire.
- évolution spontanée avec syndrome tumoral, insuffisance anté-hypophysaire, et complications cardio-vasculaires
- traitement le plus souvent chirurgical demblée
II. Physiopathologie
a) L'hormone de croissance
La sécrétion de GH:
- s'effectue par les cellules somatotropes de l'anté-hypophyse
- est influencée par le niveau glycémique, dimunuant en hyperglycémie et augmentant en hypoglycémie
- est stimulée par l'arginine, la dopamine et par le GRF (GHRH)
- est freinée par la somatostatine
Le TRH n'est pas un stimulus physiologique de la GH, mais des réponses paradoxales peuvent être observées en cas d'adénome somatotrope.
L'action de la GH est prédominante sur:
- la croissance: notamment sur la croissance des os longs, et sur le tissu conjonctif (viscères, parties molles). En cas de déficit congénital, le nanisme est harmonieux (à la différence des nains dysharmonieux d'origine thyroidienne).
- les hydrates de carbone. La GH est une hormone hyperglycémiante
- sur les protéines. La GH augmente le bilan azoté
- sur la phosphorémie avec une hyperphosphorémie
- effet lactogène
La GH agit:
- directement
- indirectement par l'intermédiaire de l'IGF-1 dont elle contrôle:
b) l'adénome somatotrope
* sur le plan morphologique. On distingue plusieurs stades:
- stade 1: micro-adénome enclos de diamêtre inférieur à 10mm (dans 20% des cas)
- stade 2: adénome intra-sellaire de diamêtre supérieur à 10mm
- stade 3: adénome intra-sellaire avec modifications de la selle turcique
- stade 4: expansion supra-sellaire
* Sur le plan histologique, on distingue:
- les adénomes granulaires, acidophiles, constitués de cellules somatotropes en ME, GH+ en immunohistochimie
- les adénomes à contenu faiblement granulaires, chromophobes, à cellules anormales en ME, faiblement immunoréactives en immunohistochimie. Intérêt de l'hybridation in situ.
Dans, 15% des cas il existe des adénomes mixtes GH-PRL ou plurisécrétants GH-PRL-TSH.
* sur le plan des complications
- les complications hormonales sont la conséquence des propriétés de GH
- au niveau hypophysaire la présence d'un adénome hypophysaire:
- comprime les secteurs anté-hypophysaire, d'où un déficit hormonal
- entraine un syndrome tumoral, avec hypertension intra-cranienne (HTIC) et des signes oculaires (oedème papillaire, atrophie optique)
- entraine une compression du chiasma optique
III. Forme typique
1. Signes cliniques
A. Le syndrome dysmorphique
L'évolution est lente et passe le plus souvent inaperçue
Les motifs de consultation peuvent être donc totalement différents.
Les troubles dysmorphiques sont :
a) Les signes osseux:
au niveau de la face:
au niveau des mains:
au niveau des pieds:
au niveau du thorax et de la colonne:
b) les parties molles et les viscères
B. Rentissements endocriniens
a) Sur le plan génital, en cas de déficit gonadotrope associé:
(compression tumorale et/ou hyperprolactinémie associée):
b) Sur le plan thyroidien
c) Sur le plan surrénalien
d) Sur le plan métabolique
e) Sur le plan de l'équilibre phospho-calcique
- phosphorémie augmentant de façon parallèle avec les taux de GH
- hypercalciurie.
C. Les manifestations cardio-vasculaires
HTA souvent importante (25%)
Cardiomégalie et insuffisance cardiaque
Insuffisance coronarienne
Ces complications mettent parfois en jeu le pronostic vital
D. Autres troubles
E. Le syndrome tumoral
- signalé par des céphalées antérieures (60%)
- retentissement sur le chiasma optique:
étudié par une mesure du champ visuel
hémianopsie bitemporale
- la présence d'une HTIC est plus rarement observée à l'heure actuelle, du fait d'une prise en charge plus précoce.
2. Dosages hormonaux
- Le diagnostic biologique repose sur la constation de:
- Il peut exister parallèlement:
- des stimulations paradoxales par le TRH ou le LHRH
- un freinage paradoxal par le Parlodel avec valeur thérapeutique (70%)
- une élévation de l'IGF-1 (somatomédine C) et de l'IGF-BP3
- des anomalies de pulsatilité de GH avec sécrétions anarchiques
- Les autres dosages vont chercher à étudier le rentissement de l'adénome sur l'anté et la post-hypophyse.
3. Signes radiologiques
En relation avec la présence d'un adénome hypophysaire
- indirects avec la déformation de la selle turcique. La selle turcique est:
- directs
La tomotensitométrie hypophysaire avec coupes horizontales et verticales centrées:
- latérale dans les sinus caverneux
- supérieure pouvant comprimer la tige pituitaire, le chiasma optique, le
4° ventricule, les ventricules latéraux
L'expansion supra-sellaire peut-être encore mieux confirmée par IRM
Permettant d'apprécier l'importance des atteintes osseuses:
* Au niveau du crâne:
* Au niveau des mains et des pieds:
Augmentation des espaces inter-digitaux liés à l'hypertrophie des parties molles. Ostéophytes distaux en forme d'ancres de marine. Elargissement de la base des phalanges.
* Au niveau du rachis
Cyphose dorsale, lordose lombaire, scoliose
augmentation de volume des corps vertébraux avec aplatissement et élargissement (platispondylis)
Au niveau du thorax : cardiomégalie
IV. Formes cliniques
Formes symptomatiques suivant l'âge:
chez l'enfant ou l'adolescent: acromégalo-gigantisme du fait de l'absence de fusion des épiphyses (du fait de l'âge mais aussi de l'hypogonadisme souvent associé)
Formes évolutives
HTIC ou insuffisance cardiaque au premier plan
formes latentes ou frustres
Formes étiologiques
Tumeurs pancréatiques sécrétant du GRF ou de la GH
Formes associées avec d'autres endocrinopathies dans le cadre de MEN de type I (hyperparathyroidie primitive, tumeurs endocrines pancréatiques)
V. Diagnostic differentiel
- avec les autres syndromes dysmorphiques
- avec les états acromégaloïdes, non évolutifs
- avec les hypersécrétions de GH: - insuffisance rénale, cirrhoses
- diabète de type I déséquilibré
VI. Traitement
1. Les objectifs
- stopper la progression tumorale et améliorer les signes cliniques
- normaliser les valeurs de GH (<5µg/l), normaliser les tests de stimulation (hypoglycémie) et de freination (HGPO)
- normaliser les valeurs d'IGF-1
2. Les moyens
- méthodes chirurgicales
- voie d'abord trans-sphénoidale la plus fréquente
- voie d'abord trans-frontale à réserver dans des tumeurs avec importante expansion supra-sellaire
- méthodes médicales
parlodel (bromocriptine) parfois efficace avec doses importantes
analogues de la somatostatine administrée par voie sous-cutanée (pompe, multi- injections avec des doses d'environ 300µg/j) ou analogues retard 1 inj/14jours
- radiothérapie par cobaltothérapie conventionnelle
Insuffisance anté-hypophysaire secondaire 5 à 15ans plus tard.
3. Les indications
En présence d'un adénome bien délimité, chirurgie par voie trans-sphénoidale (40% de guérison définitive)
Après échec de la chirurgie, ou lors d'expansions tumorales non accessibles :
radiothérapie ou traitement médical