HYPERPROLACTINEMIES

I. Definition

- élévation d'origine primitive ou secondaire de la prolactine

- affection fréquente (notamment à cause des formes secondaires médicamenteuses)

II. Rappels physiolologiques

La prolactine:

- est une hormone peptidique avec une homologie de plus de 30% avec la GH

- circule dans le sang

- le plus souvent sous forme native (98%)

- parfois sous forme de big et big-big prolactine de demi-vie plus longue et d'activité biologique plus réduite

- est synthétisée par les cellules latérales de l'anté-hypophyse

- est inhibée par le prolactin-inhibiting-factor (PIF) ou le GABA

- est stimulée par le TRH

en cas de grossesse, de stimulation du mamelon, de stress

III. Etiopathogénie

On distingue:

1) Les hyperprolactinémies primaires

* Prolactinomes:

- se développent aux dépends des cellules lactotropes de l'anté-hypophyse

- représentent environ 40% des tumeurs hypohysaires

En fonction du volume, on distingue:

- les microprolactinomes de développement intra-sellaire

- les macroprolactinomes avec prolongement supra-sellaire et risque de compression du chiasma optique

Augmention de volume en cas d'hyperestrogénie (grossesse, contraceptif oral)

* Adénomes mixtes

adénomes somato-prolactiniques (15% des acromégalies)

2) les hyperprolactinémies secondaires

- Perturbation du contrôle dopaminergique inhibiteur:

* tumeurs supra-sellaires

- craniopharyngiome

- infiltrations pituitaires (sarcoïdose, histiocytosis X, tuberculose)

* tumeurs hypophysaires non sécrétantes avec prolongement supra-hypophysaire

* selles turciques vides avec hernie des espaces arachnoidiens à l'intérieur de la selle turcique, posant toujours le problême:

- d'un adénome associé

- d'une lésion de la tige.

* médicaments avec activité anti-dopaminergique.

- les neuroleptiques

- les anti-dépresseurs tricycliques, les IMAO

- antihistaminiques comme la cimétidine

- certains anti-hypertenseurs comme la réserpine et la méthyldopa

- hyperstimulation des cellules lactotropes

* Les estrogènes

* Le TRH au cours d'une hypothyroidie peut entrainer une stimulation de la PRL

* stimulation mammaire

- rarement une diminution de la dégradation de la PRL (insuffisance rénale)

3) Les hyperprolactinémies idiopathiques

- fréquence des découvertes fortuites lors de bilans de stérilités.

- posent le problême d'un microprolactinome passé inaperçu

- parfois formes circulantes de type big ou big-big PRL

IV Sur le plan clinique

1. Signes cliniques

- La galactorrhée:

- L'aménorrhée:

habituelle au cours de l'hyperprolactinémie tumorale va manquer en cas:

- la gynécomastie est parfois rencontrée chez l'homme

Il peut aussi s'agir:

2. Diagnostic

Diagnostic positif

Le diagnostic repose sur le dosage RIA de la prolactine, en tenant compte des variations liées au stress, à la prise alimentaire et à distance de toute prise médicamenteuse. On recommande 3 dosages à jeûn à 10mn d'intervalle (valeurs normales entre 5-20µg/l).

Diagnostic étiologique

En général, des taux de PRL > 200µg/l correspondent à des adénomes hypophysaires.

Le diagnostic repose sur:

Les hyperprolactinémies non stimulables correspondent à un adénome hypophysaire.

- les examens morphologiques

radios de selle turcique

scanner, IRM

V. Traitement

Hyperprolactinémie de cause connue

1. L’exérèse par voie trans-sphénoïdale

- permet un diagnostic sûr de la lésion grâce aux techniques immunocytologiques.

- est seule capable d’offrir au malade une guérison vraie.

- a un risque d’échec, proportionnel au volume tumoral

- risque de récidives (5-10%)

2. Les antiprolactiniques

On ne peut aujourd’hui faire état de résultats à long terme que pour le traitement par la bromocriptine.

- correction totale de l’hyperprolactinémie chez 3/4 des patients en moins de 3 mois

- posologie efficace entre 2,5 et 10 mg par jour de Parlodel (bromocriptine)ou 75 à 150µg de Norprolac (quinagolide)

- réduction du volume de l’adénome dans 50% en quelques mois

- contrôle radiologique généralement pratiqué à 6 mois indispensable

- la régression de l’adénome peut être partielle malgré la normalisation biologique

- possibilité d'une amélioration rapide du champ visuel

- Effets secondaires fréquents mais habituellement bénins:

- possibilité de guérison après arrêt d’un traitement ayant duré au moins 3 ans et en l’absence d’image radiologique à l’IRM

- parfois résistance à la bromocriptine au delà de 15 mg par jour

3. En pratique:

- si une grossesse est souhaitée, prescription de Parlodel (le Norprolac n’ayant pas d’AMM en cas de grossesse).

+ En cas de macroadénome, contrôler la réduction du volume tumoral avant

d’autoriser la fécondation.

+ En cas de microadénome, la grossesse d’emblée peut laisser espérer une

guérison.

- s’il n’y a pas de souhait de grossesse, deux éventualités :

* macroadénome

Parlodel ou Norprolac

geste chirurgical proposé secondairement

* microadénome,

chirurgie systématiquement proposée

en cas de refus, traitement médical avec contrôle biologique et radiologique au 6ème mois.

- L’indication chirurgicale sera de toute manière nécessaire

- lorsqu’il s’agit d’un adénome plurihormonal,

- lorsqu’on a un doute sur le diagnostic avec une tumeur de la ligne médiane posant le problème d’un kyste de la poche de Rathke

- lorsque se manifeste une résistance à la bromocriptine.

- lorsqu’existe une intolérance durable aux antiprolactiniques.

- lorsque la tumeur hypophysaire augmente de volume au fil du temps.

Hyperprolactinémie idiopathique

- en cas de stérilité, prescription d'un anti-prolactinique si la réalité de l'élévation de la PRL est confirmée

- en l'absence de désir de grossesse, abstention thérapeutique

- en cas de contraception, éviter les oestrogènes et donner des progestatifs.

Quelque soit l'indication, une surveillance prolongée est nécessaire.

 

INCIDENTALOMES HYPOPHYSAIRES

I. DEFINITION

Découverte fortuite d'une tumeur hypophysaire

Circonstances de découverte:

Examen radiologique (Rx du crâne, scanner, IRM) pour:

Signes cliniques

Bilan biologique à la recherche:

L'évolution

non traitée

en cas de microadénomes:

si hypersécrétant

si non sécrétant: augmentation de taille peu fréquente (5%)

surveillance par IRM tous les ans

en cas de macroadénomes augmentation de taille fréquente (25%)

risque hémorragique

risque de déficit anté-hypophysaire

compression chiasmatique

Le traitement

en cas d'hypersécrétion: fonction du type de tumeur

si non sécrétant

microadénome surveillance / 2 ans

macroadénome chirurgie