L'INCONTINENCE
ANALE
Il s'agit là d'un sujet difficile à aborder pour tous ceux qui en souffrent, quelque soit leur âge ou leur statut. Cette difficulté doit être vaincue pour permettre une prise en charge efficace de ce handicap et parfois sa guérison.
Qu'est-ce que l'incontinence anale ?
Il s'agit de l'impossibilité de retenir volontairement ses gaz ou ses selles. Plusieurs degrés de gravité sont possibles, du simple suintement colorant le linge de corps jusqu'à l'incontinence totale aux selles même solides, de l' épisode exceptionnel aux accidents quotidiens.
La continence anale: un phénomène complexe.
La continence anale est avant tout due à la contraction permanente, involontaire, du sphincter interne de l'anus (muscle lisse non ' fatigable') que vient relayer la contraction volontaire du sphincter externe lors du remplissage rectal. Cette dernière contraction est de durée limitée (muscle strié ' fatigable' ) et permet au réservoir rectal de s'adapter à son contenu, grâce à ses propriétés élastiques, ce qui nous permet de différer l'expulsion d'un gaz ou d'une selle.
Mais si le rectum joue ce rôle de réservoir et les deux sphincters anaux (interne et externe) celui de robinet, le colon sus-jacent assume celui de ' propulseur ' et l'ensemble de ces éléments est soumis à un contrôle neurologique loco - régional d'une part, central (cérébral) d'autre part.
Ainsi les éléments de la continence sonnailles nombreux. Ceci explique cette affirmation:
l'incontinence anale n'est pas une maladie, c'est un symptôme,
le signe d'une atteinte plus ou moins complexe des
éléments de la continence, directement ou dans le cadre d'une
maladie plus vaste.
L'étude réalisée par l'équipe du professeur DENIS de ROUEN, montre qu'à l'occasion d'un sondage téléphonique, 11% des sujets de plus de 45 ans déclaraient avoir expérimenté au moins une fois au cours de leur vie un épisode d'incontinence anale.
L'étude réalisée par la même équipe auprès de médecins généralistes et de gastro-entérologues montrait que 19% des patients de ceux-ci avaient connu la même expérience.
La dernière étude en date (1996), réalisée aux USA, chez des sujets de plus de 18 ans, montrait une prévalence de 18,4% de l'incontinence anale.
L'incontinence anale touche d'abord la femme.
Cette constatation, retrouvée dans toutes les études est à mettre en parallèle avec la découverte faite par un gynécologue, le docteur BARTRAM du SAINT MARK'S HOSPITAL de LONDRES, d'un taux de lésions des sphincters anaux de plus de 30% après le premier accouchement.
Ces lésions constatées grâce aux techniques d'échographie endo-anale étaient pour la plupart non symptomatiques, parmi celles qui s'exprimaient, cette expression était le plus souvent temporaire.
On s'accorde cependant à penser que ces lésions peuvent constituer l'un des éléments étiologiques principaux de l'incontinence de la femme plus âgée.
L'incontinence
urinaire est souvent associée.
L'association d'une incontinence urinaire à une incontinence anale se trouve dans près d'un quart des cas. Inversement, si l'on choisit d'interroger les patients consultant pour une incontinence urinaire d'effort, près d'un tiers d'entre eux signale une incontinence anale associée.
Cette constatation vient à l'appui d'une notion,
maintenant bien reconnue:
"le périnée
est comme la république, un
et indivisible"
(Dr.GARRIGUES - Montpellier)
qui doit conditionner tant l'exploration que le
traitement des incontinences anales.
Les
autres causes de l'incontinence anale.
Elles sont extrêmement diverses, en raison
du nombre des facteurs contribuant à la continence et de la variété
des atteintes dont ils peuvent faire l'objet. Du simple dépassement
des capacités "mécaniques" sphinctériennes tel qu'il
peut se voir lors d'une diarrhée aiguë toxi-infectieuse jusqu'aux
malformations médullaires comme le spina bifida, les possibilités
sont vastes.
Et
la constipation ?
Elle joue également un rôle dans la
survenue des incontinences anales, les efforts chroniques de poussée
faits par les constipés aboutissent à une élongation
progressive des rameaux nerveux innervant l'appareil sphinctérien
anal par le biais d'une "ballonisation" périnéale d'abord
transitoire puis parfois permanente (périnée descendant et
périnée descendu).
Faut - il rappeler l'importance des efforts de poussée
exercés sur le périnée au cours de l'accouchement
et la prévalence plus élevée de la constipation chez
les femmes ?
Que faire ?
Une incontinence anale s'explore:
- par l'interrogatoire qui retrouve, le plus souvent, une histoire complexe émaillée d'épisodes obstétricaux, médicaux et chirurgicaux,- par l'examen du périnée dans son ensemble,
- par la réalisation d'examens complémentaires, recherchant à la fois une cause (biologie, endoscopie, recto graphie dynamique, échographie endo-anale et endo-vaginale surtout...), et étudiant la fonction sphinctérienne anale (manométrie ano-rectale) et la fonction urinaire (bilan uro-dynamique).
Il n'est pas possible, ici, de passer en revue l'ensemble des possibilités théoriques. Celles - ci vont des mesures médicales simples visant à modifier le transit et la consistance des selles en passant par des protocoles de rééducation tant motrice que sensible, jusqu'à des gestes chirurgicaux :
* simples tel que la réparation sphinctérienne externe, efficace même à distance d'une rupture (obstétricale par exemple, ou lors d'un empalement par accident du travail) ou* compliqués lorsqu'il s'agit de réduire un prolapsus, voire
* complexes dans les réparations périnéales complètes.