Traitement des hémorroïdes
LES RÈGLES HYGIÉNO,DIÉTÉTIQUES ET MÉDICAMENTEUSES À VISÉE COLOPROCTOLOGIQUE
Il est classique de proscrire les
boissons alcoolisées,
les épices (que les malades sont contents de retrouver après une cure chirurgicale).
La station assise doit être évitée de même que les longs voyages en voiture.
Le traitement de la constipation est impératif dans tous les cas associant un traitement
à visée
colique (laxatifs à base de PEG) et locale (tartrate de potassium et
bicarbonate de sodium).
LES TRAITEMENTS MÉDICAUX
Les phlébotoniques (diosmines micronisées).
Les médicaments à visée lymphatique donnent de bons résultats à haute dose dans les
poussées aiguës
oedémateuses.
Les anti-inflammatoires, en suppositoire (héparine-hydrocortisone, morniflumate), ou
per
os (acide tiaprofénique).
Les enzymes, (hyaluronidase) après anesthésie locale.
Les pommades, associées aux autres traitements, d'effet plus discutable, mais souvent
réclamées par le
patient.
LES TRAITEMENTS AMBULATOIRES
La sclérose Tableau
On injecte la sous-muqueuse au-dessus du paquet
hémorroïdaire par un
produit à visée sclérosante : quinine-urée. La sclérose
nécessite quatre séances environ. Ses avantages
sont l'indolence et la facilité de
pratique, en consultation externe, mais elle ne met pas hélas, à l'abri
de récidives.
La meilleure indication reste les rectorragies liées aux hémorroïdes internes de
petit
volume.
La ligature élastique Tableau
Elle nécessite un appareillage simple. Les indications sont orientées vers les hémorroïdes internes pédiculées.
La cryochirurgie
Isolée ou associée pour certains à la ligature, elle détruit par le froid les pédicules hémorroïdaires. Elle ne met pas non plus à l'abri de la récidive.
Les infrarouges
Leur indication reste tout à fait superposable aux scléroses. L'avantage en est l'innoctiité, l'inconvénient le coût du matériel (15 000 F environ).
LES TRAITEMENTS CHIRURGICAUX Tableau
Ils sont entachés, hélas, d'un long passé défavorable et d'une mauvaise réputation que la légende entretient à tort.
Inconvénients
La chirurgie des hémorroïdes nécessite une
hospitalisation de 4 à 6 jours
(adaptée au milieu social et à l'éloignement
géographique) et une disponibilité, tant pour le malade que
pour le praticien, de deux
mois environ. Les bons résultats, en effet, tiennent autant à l'acte opératoire
qu'aux
soins postopératoires.
Quant à la douleur, elle excède rarement les deux à trois premiers
jours
postopératoires et disparaît le plus souvent avec la première selle.
NB : Certaines équipes proposent un traitement chirurgical ambulatoire, chacun des paquets étant enlevé séparément, nécessitant ainsi, trois à quatre temps.
Avantages
C'est la cure radicale en un temps. Les récidives sont
exceptionnelles, moins de 1 % selon les séries
(Léopold-Bellan, Nevers ... ).
La technique de Morgan-Arnous (Saint Marks modifiée) est une
hémorroïdectomie
pédiculaire (les fameux pédicules de 3 h, 8 h et 11 h) qui associe :
- anoplastie et une sphinctérotomie à 6 h (évitant ainsi le spasme douloureux), ce temps permet également l'excision du paquet hémorroïdaire postérieur ;
- dissection des ponts (qui évite ainsi thromboses douloureuses post-opératoires et la récidive).
C'est une opération facile, bien codifiée qui donne ainsi constamment d'excellents résultats à condition de suivre le malade (4 à 6 fois en deux mois) ce qui est essentiel afin pas méconnaître sténose ou fécalome.
L'opération de Whitehead modifiée par André Toupet trouve la meilleure indication dans les prolapsus hémorroïdaires thromboses (hémorroïdectomie circulaire). Elle donne d'excellents résultats, mais entre des mains expérimentées.
Mieux vaut ici, encore, prévenir (éventuellement par des dilatations itératives et ambulatoires) qu'intervenir à nouveau sous anesthésie générale et entretenir ainsi la très mauvaise réputation de cette chirurgie.
Les douleurs postopératoires sont facilement calmées par
le paracétamol
injectable (voire les morphinomimétiques) dans les 48 premières heures
puis les AINS à la sortie. Les
suintements hémorragiques, minimes et fréquents au
début, peuvent faire l'objet d'une prescription type
flavonoïdes.
Une rectorragie importante à J1O - J15, témoin d'une chute d'escarre, peut entrainer
une
courte hospitalisation pour surveillance. Elles ne nécessitent qu'exceptionellemnt des
transfusions.
CONCLUSION
Au total, les hémorroïdes peuvent se révéler sous un grand nombre de masques :
- rectorragies, prolapsus
- symptômes algiques divers
- complications.
L'arsenal thérapeutique
mis à la disposition du praticien
et du proctologue est très vaste -. régime, traitements médicaux ou
instrumentaux,
traitement chirurgical.
Il est parfois difficile de bien poser d'emblée l'indication
thérapeutique.
Commencer par les " petits moyens " médicaux et ambulatoires permet souvent
la
guérison (deux fois sur trois).
Le profil psychologique du malade, fréquemment anxieux, peut faire
différer
l'intervention nécessaire, de quelques mois.
Ainsi, dans la pratique, 20 à 30 % des
hémorroïdes pathologiques sont ou deviennent
chirurgicales.
Remarques :
1) Une thrombose hémorroïdaire isolée nécessite une incision sous locale (au cabinet du praticien)
2) Un pédicule hémorroïdaire multi-thrombosé nécessite une excision sous anesthésie générale
3) Attention! Une thrombose peut en cacher une autre.
Indications thérapeutiques schématiques
Règles Hygièno diététiques | Trt Médical | Enzymes | Scléroses ou Infrarouge | Chirurgie | |
Rectorragies | + | - | - | +++ | - |
Rectorragies | + | - | - | ± | + |
Gêne | + | + | - | ± jamais en phase aigue | - |
Poussée oedémateuse | + | + | ± | - en dehors des poussées | - |
Prolaspus isolé | + | - | - | - | + |
Thrombose hémorroïdaire pédiculaire | + | - | - | - excision | < font face="Arial" size="2">anesthésie locale |
Multi thrombose | + | - | - | - | excision anesthésie générale |
Prolapsus hémorroïdaire thrombosé | + | - | ++ | - | +++ en urgence |