Hypercholestérolémie pure (type IIa)
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Index de la page.
Cas cliniques |
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Hyperlipoprotéinémies
primitives plus rares (type III et I)
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 35 ans
consulte à la suite du dépistage d'une hyperlipidémie
lors d'un bilan de santé systématique. Il est strictement asymptomatique. Il fait 2 heures de sport par semaine, n'a pas d'autre facteur de risque vasculaire. Il n'a pas d'antécédent familial de maladie vasculaire prématurée, ni de dyslipidémie (sa mère aurait peut-être une cholestérolémie « limite » sans plus de précision). L'examen clinique est normal avec un poids à 78 kg pour 1 m 75, des chiffres tensionnels à 130/80 mmHg, il n'y a pas de dépôt lipidique extra-vasculaire, ni d'anomalie à l'examen cardiaque ou vasculaire périphérique. Le bilan lipidique indique:
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DIAGNOSTIC
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Il s'agit d'une
hypercholestérolémie modérée de type IIa. Au niveau des lipoprotéines, la seule anomalie concerne l'élévation du LDL-cholestérol. Le cadre le plus probable est celui de l'hypercholestérolémie polygénique en raison de sa grande fréquence dans la population et l'absence d'antécédent familial défini (à rechercher systématiquement). Cette forme serait la résultante d'une prédisposition génétique (plusieurs gènes impliqués probablement) et de facteurs « d'environnement » (diététiques particulièrement). Elle entraîne des hypercholestérolémies le plus souvent modérées (6,5- 7,8 mmol/l). Le risque athérogène existe, proportionnellement au niveau de l'hypercholestérolémie, mais semble plus modéré que dans les formes génétiquement mieux définies (comme l'hypercholestérolémie familiale essentielle). La sensibilité aux modifications hygiéno-diététiques peut être importante. |
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CONDUITE A TENIR |
Les objectifs à
atteindre seront ici modérés car il n'y a pas d'autre
facteur de risque. En accord avec les recommandations internationales,
on peut proposer de cibler une concentration de LDL-cholestérol
souhaitable à 4,1 mmol/l (1,60 g/l).
Il faut, si possible, en rester aux seules recommandations hygiéno-diététiques, qui sont souvent suffisantes dans ces formes modérées. Les conseils viseront bien sûr ici à diminuer essentiellement les calories d'origine lipidique (qui doivent représenter 30 % à 35 % de l'apport énergétique totale). Les apports de cholestérol alimentaire et surtout de graisses saturées (d'origine animale) seront réduits. La répartition recommandée concernant les acides gras alimentaires est classiquement un tiers d'acides gras saturés, un tiers d'acides gras mono-insaturés, un tiers d'acides gras poly-insaturés. L'introduction d'un traitement médicamenteux ne sera envisagée qu'après plusieurs mois de mise en oeuvre de ces mesures de façon continue et contrôlée, si le bilan restait nettement supérieur aux objectifs ciblés: LDL-cholestérol > 4,9 mmol/l (1,90 g/l). |
Hypercholestérolémie pure (type IIa) - 3/ |
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HISTOIRE DU PATIENT |
M. F..., 52 ans, ingénieur,
consulte son médecin traitant pour une asthénie. Il est asymptomatique au plan cardio-vasculaire. Il n'a jamais eu de bilan lipidique. Il n'existe pas d'antécédents familiaux de dyslipidémie ni d'athérosclérose précoce. Les facteurs de risque sont représentés par un tabagisme (10 cigarettes par jour) et un mode de vie sédentaire. A l'examen: taille 1,78 m, poids 80 kg (BMI=25 kg/m2), TA 13/8, auscultation cardio-pulmonaire normale, tous les pouls périphériques sont perçus sans souffle, pas de signe d'imprégnation lipidique ni cutané, ni ophtalmique.
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DIAGNOSTIC |
Il s'agit d'un homme porteur d'une hypercholestérolémie pure polygénique non familiale. Ce type d'hypercholestérolémie en relation avec des erreurs alimentaires reste modéré et dépasse rarement 3 g/l de cholestérol total. | ||
CONDUITE A TENIR Dans l'hypercholestérolémie pure polygénique, les règles hygiénodiététiques s'avèrent efficaces et, le plus souvent, suffisent à atteindre l'objectif thérapeutique.
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Ces deux mesures permettent d'augmenter le cholestérol HDL. La prise en charge d'une hyperlipidémie débute toujours par les règles hygiéno-diététiques adaptées. L'objectif thérapeutique vise à abaisser le taux de cholestérol total et de LDL cholestérol afin de prévenir l'apparition d'une athérosclérose symptomatique. Deux mois après, M. F. A arrêté de fumer et le contrôle du bilan lipidique donne les résultats suivants :
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Hypercholestérolémie pure (type IIa) - 4/ |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Une femme de 35 ans a un
taux de :
Il n'y a pas d'antécédents cardio-vasculaires, coronaniens notamment. Mais on retrouve, dans la famille paternelle, des cas d'hypercholestérolémie et de coronaropathie aux environs de l'âge de 55 ans. |
DIAGNOSTIC |
Il existe une hypercholestérolémie avec hypo-HDLémie : le HDL est en effet diminué, confirmé par le taux également diminué de l'apolipoprotéine A1. Si l'on calcule le LDL cholestérol par la formule de Friedewald, on a un LDL cholestérol à 2,10 g/l, donc élevé, ce qui est retrouvé au niveau de l'apolipoprotéine B également élevée à 1,50 g/l. |
CONDUITE À TENIR |
Il est donc nécessaire
d'envisager, dans un premier temps, un régime anticholestérol
standard, pauvre en cholestérol, en graisses saturées, et
enrichi en graisses mono- et poly-insaturées et la
contre-indication transitoire d'une contraception par pilule stroprogestative. Secondairement, un traitement médicamenteux se discutera si le LDL cholestérol reste supérieur à 1,90 g/l malgré le régime. |
Forme hétérozygote de xanthomatose tendineuse hypercholestérolémique familiale |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 40 ans a un
taux de :
Il n'a pas de crise douloureuse angineuse, mais une épreuve électrocardiographique d'effort positive. Sous 40 mg par jour de statine, le traitement est bien toléré, le cholestérol à 3,20 g/l, les triglycérides à 1 g/l, le HDL cholestérol toujours à 0,30 g/l. Le LDL cholestérol, bien que nettement amélioré (il est passé de 4 à 2,70 g/l), reste encore nettement élevé. |
DIAGNOSTIC |
Il s'agit d'une xanthomatose tendineuse hypercholestérolémique familiale, et un traitement par les statines, en plus du régime anticholestérol standard classique, s'impose dans un premier temps. |
CONDUITE À TENIR |
Sous la dose maximum de
40 mg de statine par jour, le LDL cholestérol reste beaucoup trop
élevé et représente un facteur majeur de risque
cardio-vasculaire chez cet homme ayant une insuffisance coronarienne électrique.
Il existe une synergie d'action tout à fait nette et intéressante
entre les statines et les résines. Il faut donc associer du
Questran® à dose progressive.
Un nouveau contrôle métabolique sous 40 mg de statine et trois sachets de Questran® révèle un taux de cholestérol total à 2,30 g/l, des triglycérides à 1 g/l et un HDL cholestérol à 0,40 g/l, soit un LDL cholestérol à 1,70 g/l, donc beaucoup plus acceptable. |
Forme homozygote d'hypercholestérolémie familiale (type IIa) ou xanthomatose cutanéo-tendineuse |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Le jeune Alexis B..., 5
ans, est amené par ses parents, car un contrôle sanguin général
de la Sécurité Sociale a révélé un
taux de cholestérol total à 8,60 g/l.
L'examen clinique ne retrouve pas d'arc cornéen, pas de xanthélasma, pas de xanthomes tendineux. En revanche, il existe des xanthomes cutanés (plans et tubéreux) au niveau des faces d'extension des articulations (coudes et genoux). L'auscultation des différents trajets vasculaires note l'existence d'un souffle carotidien bilatéral et fémoral droit. La fonction thyroïdienne est normale. Le bilan biologique, effectué au bout de douze heures de jeune, donne les résultats suivants :
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DIAGNOSTIC |
Une telle anomalie
biologique est possible, mais heureusement exceptionnelle (un cas sur un
million d'individus). Il s'agit d'une forme homozygote d'hypercholestérolémie pure (de type IIa) ou xanthomatose cutanéo-tendineuse :
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CONDUITE À TENIR |
Les LDL-aphérèses représentent aujourd'hui le traitement le plus efficace. On manque encore de recul et d'une expérience plus importante pour dire si la thérapie génique (incorporation dans le génome des hépatocytes par un rétro-virus, ou mieux un adénovirus du gène normal du récepteur des LDL) sera véritablement la thérapeutique d'avenir. |
Hypercholestérolémie (type IIa) et contraception hormonale |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Une femme de 24 ans sans
antécédent personnel particulier consulte car elle
souhaite prendre une contraception hormonale. Elle ne fume pas, ne boit pas. L'interrogatoire ne retrouve pas d'antécédent familial particulier : il n'y a pas notamment d'accident cardio-vasculaire prématuré chez ses ascendants. L'examen abdominal et neurologique est normal, de même que l'auscultation cardiaque. Le poids est de 58 kg pour une taille de 1 m 65; la TA est à 125/80. Il n'existe pas de dépôts extravasculaires (arc cornéen, xanthomes tendineux, xanthélasma). Le bilan biologique montre:
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DIAGNOSTIC |
Cette femme présente une hypercholestérolémie de type IIa. |
CONDUITE À TENIR |
Il faut bien entendu lui
conseiller un régime pauvre en graisses saturées et en
cholestérol. Elle souhaite un avis sur la possibilité d'une contraception hormonale. Ce type d'hyperlipidémie n'est pas une contre-indication formelle à une contraception stroprogestative. En effet, elle ne fume pas et sa triglycéridémie est tout à fait normale. Le risque de la pilule oestro-progestative est plus lié à la possibilité de thrombose qu'à celle d'athérosclérose. Chez cette femme jeune, l'hypercholestérolémie est un facteur de risque ultérieur d'athérosclérose; en revanche, le risque d'accident de thrombose n'est pas très supérieur à celui de la population normolipidémique.En effet, l'hypercholestérolémie pure (type IIa), contrairement aux hypertriglycéridémies, ne s'accompagne pas d'anomalie importante de la coagulation. Il est logique de choisir une contraception faiblement dosée en oestrogènes (20 à 35 gamma d'éthinyl-oestradiol). Les deux alternatives sont la contraception progestative pure dont les risques athérogènes ne sont pas totalement exclus et dont la tolérance est loin d'être toujours parfaite, et l'interdiction de la pilule qui semble disproportionnée avec le risque cardio-vasculaire.Il est malgré tout nécessaire de contrôler l'évolution des paramètres lipidiques et de rediscuter l'indication de cette contraception si le LDL-cholestérol ou les triglycérides augmentaient de façon importante. En effet, il est souvent écrit que ce type de contraception ne modifie pas statistiquement les paramètres lipidiques. Il ne faut pas oublier que certaines femmes sont plus sensibles à l'effet délétère des oestrogènes. Les études effectuées permettent seulement d'affirmer qu'en moyenne il n'y a pas de différence statistiquement significative des paramètres lipidiques sous ce type de contraception. |
Ménopause et traitement hormonal substitutif oestroprogestatif |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Madame N..., 55 ans, est
ménopausée depuis deux ans. Elle est adressée pour savoir s'il est possible d'envisager un traitement hormonal substitutif compte tenu d'un taux de cholestérol total à 2.80 g/l et d'antécédents familiaux d'hypercholestérolémie pure de type IIa dans la lignée paternelle. L'examen clinique ne retrouve qu'un arc cornéen bilatéral, sans xanthélasma, ni xanthome cutané ou tendineux. Pression artérielle, examen cardio-vasculaire, fonction thyroïdienne sont normaux. Il n'y a pas d'autres facteurs de risque cardio-vasculaire. Les résultats du bilan lipidique au bout de douze heures de jeûne sont les suivants :
Glycémie et uricémie sont normales. |
DIAGNOSTIC |
Il s'agit donc d'une hypercholestérolémie athérogène de type IIa avec élévation du LDL cholestérol, de l'apoprotéine B et du rapport CT/C-HDL=5.6. La fonction thyroïdienne est normale. |
CONDUITE À TENIR |
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Hypercholestérolémie isolée contrôlée par la diététique et la thérapeutique |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Une femme de 51 ans est
ménopausée depuis six mois. La ménopause est confirmée par l'aménorrhée, un taux bas d'stradiol plasmatique et une élévation du taux de FSH. Après son bilan gynécologique, elle est surprise d'entendre son gynécologue lui dire qu'elle pourra recevoir un traitement hormonal, alors qu'elle est traitée depuis vingt ans pour une hypercholestérolémie qui ne lui avait pas permis de prendre la pilule auparavant. Sous diététique contrôlée et traitement hypolipidémiant - un fibrate puis un inhibiteur de l'HMG Co A réductase -, elle avait, un an avant la ménopause, un taux de cholestérol à 2,40 g/l, un C-HDL à 0,45 g/l et une valeur de la triglycéridémie à 0,80 g/l. Elle n'a jamais eu d'hypertriglycéridémie.Dans sa famille maternelle, il y a des antécédents d'hypercholestérolémie, sa grand-mère maternelle est morte d'un infarctus après la ménopause et une de ses filles, âgée de 22 ans, a un taux de cholestérol à 3 g/l. Elle n'a pas de xanthélasma ni de xanthome, n'a pas d'angor et son bilan cardiaque est normal.Sans avoir modifié sa diététique ni son traitement, elle est surprise de son bilan actuel où le cholestérol total s'est élevé à 2,80 g/l, et le cholestérol HDL s'est abaissé à 0,35 g/l. Un cardiologue consulté émettait des réserves sur le traitement hormonal de la ménopause... |
DIAGNOSTIC |
Il s'agit d'une
situation bien banale, d'une hypercholestérolémie de type
IIa, bien contrôlée, qui s'aggrave au moment de la ménopause
par suite de l'hypostrogénie. Cette malade peut recevoir un traitement hormonal; c'est une indication pour contribuer à la protéger de l'infarctus. Ce n'est pas une contre-indication, bien au contraire. Pendant la période d'activité génitale, la femme est protégée par la sécrétion oestrogénique. L'oestradiol favorise la baisse du cholestérol LDL, l'élévation du C-HDL et la baisse des triglycérides. L'oestradiol agit aussi au niveau de l'endothélium des vaisseaux artériels et favorise le flux vasculaire et la vasodilatation. L'oestradiol forme avec les lipoprotéines circulantes un complexe peu sensible à la péroxydation. La femme a donc besoin d'oestrogènes pour se protéger de l'athérothrombose. Après la ménopause, si elle n'est pas traitée, elle augmente ses risques, surtout si elle fume. |
CONDUITE À TENIR |
On conseillera à
cette femme de l'oestradiol par voie percutanée (crème ou
dispositif transdermique) pour mimer au mieux la sécrétion
physiologique. Les formes orales d'oestradiol baissent également
le C-LDL et élèvent le C-HDL, mais ont tendance à élever
les triglycérides. Les oestrogènes conjugués équins
ont une action plus ample sur le C-HDL et le C-LDL mais sont plus
hypertriglycéridémiants.
Si l'on évalue les effets protecteurs des oestrogènes par l'action sur le métabolisme lipidique, ces effets n'interviendraient que pour 25 % dans la réduction du risque. L'effet vasculaire direct sur l'endothélium et le flux artériel, avec une action antagoniste sur la vasoconstriction, interviendrait vraisemblablement pour une plus large part. Un progestagène dérivé de la nor-progestérone peut être associé en seconde partie de cycle : l'acétate de chlormadinone (Luteran®), l'acétate de nomegestrol (Lutenyl®) et la promegestone (Surgestone® 500 mg), sans risque d'aggraver l'équilibre lipidique. Le traitement prolongé par l'acétate de chlormadinone a bien été établi : pas d'effet nocif sur le poids, la TA systolique, la glycémie et l'insulinémie, le cholestérol total, le C-HDL et le C-LDL, ainsi que l'apo B. La tension diastolique s'abaisse. L'apo A1 diminue transitoirement puis revient à l'état initial. Il n'y a pas de baisse de l'antithrombine III. On peut utiliser également de la progestérone sous forme d'Utrogestan® ou l'isomère de la progestérone (Duphaston®).Pouvait-on prescrire une pilule stroprogestative chez cette femme avant la ménopause ? La question est posée par cette femme ménopausée pour sa fille. La prudence était de règle avec les oestroprogestatifs classiques. Actuellement, lorsque l'hypercholestérolémie est isolée (c'est-à-dire de type IIa, avec des triglycérides normaux) et bien contrôlée par la diététique et la thérapeutique, on peut prescrire sous surveillance métabolique une pilule avec 20 µg d'éthinyl oestradiol et 150 µg de desogestrel (Mercilon® ou Cycleane® 20). Il n'y a pas, en principe, de risque thrombogène, le cholestérol HDL s'élève légèrement ainsi que l'apo A1. L'apo B n'est pas modifiée, ni le C-LDL, ni le cholestérol total. Les triglycérides s'élèvent modérément. |
Traitement diététique de l'hypercholestérolémie pure (type IIa) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 45 ans sans
antécédent particulier, ni personnel, ni familial,
consulte pour une hypercholestérolémie à 2,67 g/l,
les triglycérides étant normaux à 0,84 g/l.
L'examen clinique est normal. L'enquête alimentaire initiale est réalisée selon un questionnaire de fréquence et donne les résultats suivants :
Remarque: l'analyse informatisée plus
approfondie de l'enquête alimentaire de ce sujet donne les résultats
suivants : |
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CONDUITE À TENIR |
L'analyse informatisée
ci-dessus est exposée pour concrétiser les anomalies de
l'alimentation de ce patient, mais n'est pas utile pour le conseil
nutritionnel .
Le questionnaire de fréquence montre une consommation importante de graisses saturées sous la forme de viande (boeuf, porc, agneau), de charcuterie, de pâtisserie, de fromage, de beurre. Deux équilibres sont à rétablir, celui de la consommation au cours de la semaine et celui de la consommation dans la journée.Les conseils initiaux seront :
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Hypercholestérolémie (type IIa) de l'enfant |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un enfant de 7 ans est
amené à la consultation pour la prise en charge d'une
hypercholestérolémie importante de découverte récente. Le dépistage a été fait en raison de l'hypercholestérolémie du père. Il n'y a pas d'antécédent vasculaire dans la famille. L'examen clinique est normal. Les courbes de croissance et de poids sont normales. Le bilan exclut la possibilité d'une hyperlipidémie secondaire. Les données biologiques sont les suivantes :
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DIAGNOSTIC Il n'est pas justifié actuellement de dépister systématiquement tous les enfants.Ce dépistage est, en revanche, nécessaire chez les enfants de parents hyperlipidémiques, ou dans les familles où des accidents vasculaires (en particulier coronariens) sont survenus de façon précoce. |
Les dyslipoprotéinémies
de l'enfant sont représentées le plus souvent par une
hypercholestérolémie pure avec triglycéridémie
normale comme dans cette observation. Les données épidémiologiques et thérapeutiques accumulées depuis plusieurs années chez le sujet adulte ont clairement identifié cette anomalie comme étant athérogène. |
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CONDUITE À TENIR
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En l'absence d'étude
spécifiquement réalisée chez l'enfant, la stratégie
actuelle est de corriger les hypercholestérolémies sévères
par diététique et médicaments, et de conseiller une
diététique raisonnable dans les autres cas.
Chez l'enfant comme chez l'adulte, la prise en charge de l'hypercholestérolémie est justifiée par le risque artériel. Des études autopsiques réalisées chez l'enfant ont montré que le développement de l'athérome était précoce avec une corrélation entre le développement prématuré de cet athérome avant l'âge de 20 ans et les concentrations de LDL-cholestérol. Les manifestations cliniques de cet athérome sont retardées. |
Hypercholestérolémie chez un sujet âgé |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Une femme de 81 ans,
asymptomatique, a souhaité bénéficier d'un bilan
lipidique : celui-ci indique un cholestérol total à 7,5
mmol/l (2,90 g/l) et des triglycérides à 0,9 mmol/l (0,8
g/l). Il n'y a pas d'autre facteur de risque cardio-vasculaire. A la suite de ce bilan, la patiente s'est d'elle-même imposé un régime très strict avec exclusion des graisses. Elle a perdu 3 kg en quelques mois, le poids passant de 55 à 52 kg pour 1 m 60. Mais elle est désolée de ne constater qu'un effet mineur sur le bilan lipidique : cholestérol 6,9 mmol/l (2,67 g/l) et triglycérides 0,8 mmol/l (0,7 g/l). L'examen cardiaque et vasculaire périphérique est strictement normal (absence de souffle artériel). Les chiffres tensionnels sont à 140/70 mmHg. Il n'y a pas de dépôt lipidique extravasculaire. |
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DIAGNOSTIC
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Dans plusieurs études
épidémiologiques, la cholestérolémie reste
un facteur prédictif d'atteinte coronarienne chez le sujet âgé.
Toutefois sa valeur prédictive relative est plus faible que chez
les sujets de moins de 60 ans.
De plus, le bénéfice d'une intervention hypolipémiante chez le sujet âgé a été très peu étudié, la plupart des études d'intervention ayant été réalisées chez les sujets de moins de 60 ans. Le dépistage d'une dyslipidémie n'est donc pas indiqué chez le sujet âgé asymptomatique. |
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CONDUITE À TENIR NB: Dans le cas
particulier d'un sujet âgé (> 70 ans) coronarien, donc
en situation de prévention secondaire, l'attitude pourrait être
discutée à la lumière des résultats récents,
très encourageants, des études de prévention
secondaire par les hypolipidémiants. |
Dans le cas présent,
une hypercholestérolérnie ayant été constatée,
que faire vis-à-vis de la patiente ?
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Hypercholestérolémie pure (type IIa) du sujet âgé |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 70 ans
consulte car il est inquiet de ses résultats biologiques. Il existe, en effet, une hypercholestérolémie à 2,70 g/l avec un taux de triglycérides à 1,40 g/l et un HDL-C à 0,53 g/l. Ces résultats sont les plus récents et obtenus sous régime type «step one » (Recommandations du National Cholesterol Education Program, c'est-à-dire 300 mg de cholestérol par jour, 30 % de la ration calorique quotidienne sous forme de lipides avec 10 % de graisses saturées, 10 % de graisses mono-insaturées et 10 % de graisses poly-insaturées), suivi de façon stricte depuis six mois. D'après le patient qui tient une courbe précise de ses résultats depuis un an et demi (date de découverte), les chiffres sont très stables. Il présente comme antécédent une constipation tenace avec diverticulose non compliquée. C'est par ailleurs un homme actif (1 h 30 de tennis par semaine et 2 h de jogging) en parfaite forme physique. Il n'a jamais fumé.L'examen clinique complet est strictement normal en dehors d'un adénome bénin de la prostate; sa TA est à 135/90; il pèse 68 kg pour 172 cm. Faut-il traiter l'hypercholestérolémie chez ce sujet ?Avant de décider un traitement il faut, comme dans toutes les hyperlipidémies, rechercher les formes secondaires; cette démarche est ici importante car il s'agit d'un sujet âgé dont la dyslipidémie est de découverte récente. Cette recherche comprend au minimum, et même en l'absence de signe clinique, un dosage de TSH ultrasensible, de la créatinine, des enzymes hépatiques, de la glycémie et une recherche de protéinurie. |
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DIAGNOSTIC |
Cette hyperlipidémie
est une hypercholestérolémie pure puisque les triglycérides
sont normaux. L'électrophorèse n'est pas indispensable et montrerait une augmentation des bêtalipoprotéines. Le LDL-cholestérol se calcule par la formule
de Friedewald : le LDL-cholestérol est égal à
cholestérol total, moins HDL-cholestérol, moins la
concentration de triglycérides divisée par 5 quand les
chiffres sont exprimés en grammes par litre. |
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CONDUITE À TENIR
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L'anomalie lipidique
persiste sous régime bien suivi. Il faut s'assurer que, en
cumulant des interdits et des informations contradictoires, le patient a
gardé une alimentation équilibrée. Il faut
s'assurer qu'il a un apport calcique correct (fromage blanc, yaourt), un
apport suffisant en fer (viandes non grasses) et en huiles végétales
(huile d'olive, colza, tournesol ou maïs).
Toute la discussion tourne autour de la décision de débuter un traitement médicamenteux. Ici, il existe une série d'arguments qui permet de dire qu'un hypolipidémiant n'est pas nécessaire : son hypercholestérolémie est modérée, le HDL-cholestérol est plutôt élevé, il n'a pas d'antécédent vasculaire, il n'y a pas d'autre facteur de risque, dans la famille on ne retrouve pas la notion de problèmes cardio-vasculaires, et, surtout, il a 70 ans.Cette décision serait encore renforcée par la normalité d'un examen échodoppler artériel. Il faut donc rassurer ce patient, maintenir sa diététique sans la renforcer inutilement. Il ne faut pas manquer l'occasion de dépister les autres membres de la famille qui peuvent avoir une anomalie plus sévère justifiant une prise en charge. |
Hyperlipidémie mixte (type IIb) - 1/ |
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HISTOIRE DU PATIENT |
M. , âgé de
58 ans, employé de banque, consulte à la suite de
l'apparition, il y a six mois, d'une angine de poitrine survenant à
l'effort. Ce malade n'a aucun antécédent familial cardio-vasculaire connu. Il fume environ 10 cigarettes par jour, a une tension artérielle habituelle à 13/8 cm de mercure. Son poids est stable depuis de nombreuses années à 79 kg pour une taille de 1,73 m. Il a 3 enfants âgés de 35 (garçon), 32 (fille) et 30 (fille) ans. L'examen clinique constate un arc cornéen complet bilatéral. Il est également constaté un embonpoint correspondant à un surpoids (index de corpulence à 26,3 kg/m2) de type androïde. En dehors de tout hypolipidémiant, le bilan lipidique est le suivant :
Une enquête diététique montre une alimentation riche en graisses animales et en sucres rapides (viande, fromage, pâtisserie). Des conseils alimentaires visant à diminuer temporairement la quantité de calories consommées (diminution de la ration alimentaire d'un quart) et la quantité de graisses alimentaires et de sucres rapides, favorisant ainsi la consommation de poisson, de volailles, de légumes aboutit trois mois plus tard à une réduction du poids de 3 kg (poids: 73 kg, soit un index de corpulence à 25,3). Le bilan lipidique est alors le suivant: -cholestérol : 2,80 g/l, - triglycérides : 2,10 g/l, - HDL-cholestérol : 0,44 g/l, soit un LDL-cholestérol à 1,94 g/l. |
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DIAGNOSTIC |
Il existe donc une amélioration
de tous les paramètres cliniques (poids, alimentation) qui est
probablement la cause de l'amélioration du bilan lipidique.
Cependant, l'objectif chez un sujet coronarien doit être un LDL-cholestérol le plus proche possible de 1,30 g/l (cette valeur peut être diminuée à 1.00 g/l en fonction du contexte). Ainsi, dans un premier temps, la diététique sera poursuivie seule encore pendant trois mois. Au terme de cette période, le bilan lipidique est le suivant: - cholestérol : 2,83 g/l, -triglycérides : 1,85 g/l, - HDL-cholestérol : 0,45 g/l, soit un LDL-cholestérol à 2,01 g/l. Le LDL-cholestérol est donc nettement au-dessus de l'objectif fixé. Un traitement hypolipidémiant est donc nécessaire.En raison de la baisse substantielle nécessaire (50 % de baisse du LDL-cholestérol) et de la prédominance de l'augmentation du cholestérol sur les triglycérides, le traitement de première intention sera une statine dont l'efficacité moyenne à pleine dose est en moyenne de 40 % sur le LDL-cholestérol. |
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CONDUITE À TENIR
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Après six
semaines d'une statine à 1 comprimé par jour (pris le soir
avant le repas), le poids est similaire (73 kg) et le bilan lipidique
est le suivant: - cholestérol : 2,15 g/l, - triglycérides
: 1,60 g/l, - HDL-cholestérol : 0,43 g/l, soit un LDL-cholestérol
à 1,40 g/l.
Bien que l'amélioration soit substantielle, l'objectif n'est pas encore atteint, si bien que la dose du traitement sera augmentée à 2 comprimés par jour à prendre le soir avant le repas. La diététique sera simultanément évaluée quant à sa compliance et sa tolérance en recherchant les motifs d'une mauvaise acceptabilité (appétit, monotonie...). Huit semaines après l'augmentation de la dose, le poids a diminué d'1 kg (poids 72 kg) et le bilan lipidique est le suivant: - cholestérol : 1,83 g/l, - triglycérides : 1,40 g/l, - HDL-cholestérol : 0,45 g/l, soit un LDL-cholestérol calculé à 1,10 g/l. Le but est atteint. Un contrôle du bilan lipidique sera réalisé dans six mois.Une consultation intermédiaire sera envisagée pour suivre l'état cardiologique et pour évaluer la tolérance des différents traitements cardio-vasculaire, diététique et hypolipidémiant. Le diagnostic ne peut pas être affirmé de façon précise dans ce cas. Cependant, l'existence simultanée d'une hypercholestérolémie et d'une hypertriglycéridémie entraîne un risque majeur d'athérosclérose comme le prouve ce cas. Le diagnostic pourrait être précisé par l'enquête familiale. Celle-ci est de plus en plus indispensable dans un but de dépistage, car d'éventuels facteurs génétiques sous-tendant l'hyperlipidémie du malade peuvent se retrouver chez ses enfants, ce qui ferait envisager dans ce cas une prévention primaire. |
Hyperlipidémie mixte (type IIb) - 2/ |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 44 ans
consulte pour le renouvellement d'une licence sportive. Il est
symptomatique et fait 2 à 3 heures de sport par semaine. Il fume
(20 cigarettes/jour). Dans sa famille, son frère a présenté
un infarctus du myocarde à 50 ans et son père serait décédé
de mort subite à 61 ans.
A l'examen le poids est de 65 kg pour 1,70 m. L'examen cardio-vasculaire retrouve un souffle sur le trajet de la fémorale gauche et des pouls distaux faiblement perçus de ce côté. Il n'y a pas de dépôt lipidique extravasculaire. Le bilan biologique indique les résultats suivants :
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DIAGNOSTIC |
- Il s'agit d'une
hyperlipidémie mixte: élévation conjointe du
cholestérol et des triglycérides (type IIb de la
classification de Fredrickson). - Au niveau des lipoprotéines, il y a élévation conjointe des LDL (riches en cholestérol) et des VLDL (riches en triglycérides), que l'on pourrait objectiver sur un lipidogramme sur gel d'agarose, respectivement en position bêta et pré-bêta. - L'aspect du sérum est légèrement opalescent en raison de l'hypertriglycéridémie (> 2 g/l). - La concentration basse de HDL cholestérol est habituelle du fait de l'hypertriglycéridémie (en raison d'un transfert du cholestérol des HDL vers les lipoprotéines riches en triglycérides). - Le caractère génétique de cette dyslipidémie est fortement suspecté du fait des antécédents familiaux. Il serait utile de préciser le type de dyslipidémie des parents atteints. Il est probable qu'il s'agisse d'une hyperlipidémie familiale combinée, caractérisée par des phénotypes souvent variables chez plusieurs membres de la famille (hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie, hyperlipidémie mixte). Sa fréquence dans la population est grande, de l'ordre de 0,5 %. Dans sa pathogénie, intervient une sécrétion hépatique accrue d'apo B. Elle est fortement athérogène, surtout si s'associent d'autres facteurs de risque, notamment le tabac. |
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CONDUITE À TENIR
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Hyperlipidémie mixte (type IIb) chez un coronarien |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 53 ans,
ayant un antécédent de pontage aorto-coronarien deux ans
auparavant, consulte pour une hyperlipidémie : -cholestérol total: 7 mmol/l (2,7 g/l), - triglycérides : 2,88 mmol (2,5 g/l), - HDL-cholestérol : 1,34 mmol/l (0,52 g/l), - LDL-cholestérol : 4,6 mmol/l (1,78 g/l), calculé par la formule de Friedewald. C'est un patient pléthorique: 85 kg pour
1,70 m (index de masse Corporelle 29,4 kg/m2). L'enquête alimentaire révèle une alimentation excessive avec un apport calorique évalué à 3 400 Calories 150 g/j d'apport lipidique (soit 42 % de l'apport énergétique total), et, par ailleurs, une consommation d'alcool évaluée à 60 g/j. Des conseils alimentaires lui sont expliqués: diminution des calories, de l'alcool, de la ration lipidique.Après quatre mois, le poids est descendu à 75 kg (IMC - 25,9 kg/m2). Le bilan lipidique est le suivant : - cholestérol total : 6,2 mmol/l (2,4 g/l), - triglycérides : 1,7 mmol/l (1,5 g/l), - HDL-cholestérol : 1,09 mmol/l (0,42 g/l), - LDL-cholestérol : 4,34 mmol/l (1,68 g/l). |
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DIAGNOSTIC |
L'expression initiale
est donc celle d'une hyperlipidémie (type IIb).
En termes de lipoprotéines, il y a une élévation conjointe des LDL (riches en cholestérol) et des VLDL (riches en triglycérides) que l'on pourrait objectiver avec un lipidogramme sur gel d'agarose, respectivement en position bêta et prébêta. Une prédisposition génétique est probable (malgré l'absence d'antécédent défini ici).Mais plusieurs facteurs favorisants existent : - une alimentation hypercalorique avec apport d'alcool également excessif, - l'excès pondéral en est la conséquence, - l'adiposité abdominale est en règle prédominante (répartition « androïde »). Une tendance hypertensive et une dyslipidémie (dont une élévation des triglycérides habituellement) sont fréquentes. Cette association entre dans le cadre du syndrome X métabolique avec insulinorésistance. Le risque athéromateux est accru, - interaction possible de certains médicaments. INFLUENCE DES MÉDICAMENTS ANTI-HYPERTENSEURS Les diurétiques peuvent augmenter la triglycéridémie de 10 % à 20 % et la cholestérolémie de façon modeste (5 %). Cet effet serait la conséquence d'une inhibition de la phosphodiestérase facilitant la libération d'acides gras à partir du tissu adipeux, et finalement l'augmentation de la synthèse hépatique des VLDL. Les bêta-bloquants peuvent
aussi majorer les triglycérides (10 % à 30 %) et
abaisser le HDL-cholestérol (-10 %). Ils inhibent en effet la
lipoprotéine lipase, donc le catabolisme des lipoprotéines
riches en triglycérides. L'effet est moins marqué avec
les produits bêta1-sélectifs (dont l'aténolol),
surtout s'ils possèdent une activité sympathomimétique
intrinsèque (ASI). ÉVOLUTION DES PARAMÈTRES LIPIDIQUES SOUS RÉGIME Ce sont principalement les triglycérides qui
se sont abaissés, en relation avec la perte pondérale,
la réduction des calories et de la consommation d'alcool . |
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CONDUITE À TENIR
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Les objectifs du
traitement chez ce patient coronarien doivent être : - LDL-cholestérol inférieur ou égal à 3,4 mmol/l (1,3 g/l), - cholestérol total inférieur ou égal à 5 mmol/l (1,95 g/l ou 2 g/l), - triglycérides inférieur ou égal à 1,7 mmol/l (1,5 g/l). Il persiste donc, sous régime, une cholestérolémie trop élevée. Le traitement médicamenteux est indiqué puisque les mesures hygiéno-diététiques n'ont pas suffi à atteindre ces objectifs : il peut faire appel aux fibrates ou aux statines. La cholestyramine (Questran®) pourrait être proposée, mais avec des difficultés d'utilisation, compte tenu des autres thérapeutiques nécessaires, et un risque de majoration des TG. INTERACTION DES TRAITEMENTS HYPOLIPÉMIANTS AVEC LES ANTIVITAMINES KLes fibrates sont fortement liés à l'albumine et vont donc déplacer les anti-vitamines K, donc augmenter leur efficacité. Il faut systématiquement diminuer d'environ un tiers leur posologie à l'initiation du traitement par les fibrates, puis rechercher un nouvel équilibre du traitement anticoagulant en présence de cette association. Les statines n'ont habituellement pas d'interaction significative avec les antivitamines K (à vérifier de principe après instauration du traitement).La cholestyramine (Questran®) diminue l'absorption intestinale des anti-vitamines K, qui doivent donc être prises au moins 1 h 30 avant la cholestyramine. |
Hyperlipidémie combinée ou mixte (type IIb) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 45 ans vient
de faire une nécrose myocardique, et, à l'occasion de cet
accident, a été mise en évidence une formule
d'hyperlipidémie combinée de type IIb avec : - sérum opalescent au bout de 12 heures de jeune, - cholestérol total: 3,80 g/l, - triglycérides : 2,80 g/l, - HDL bas : 0,25 g/l, - augmentation des bêta et pré-bêta-lipoprotéines en électrophorése. En plus du traitement proprement cardio-vasculaire, il a été mis sous fibrate. Le contrôle effectué deux mois plus tard révèle un cholestérol total à 3 g/l, des triglycérides à 1,80 g/l et un HDL cholestérol à 0,30 g/l. |
DIAGNOSTIC |
Le bilan des facteurs de
risque cardio-vasculaire révèle une surcharge pondérale
(83 kilos pour une taille de 1 m 70), une HTA à 17/10 non traitée,
une glycémie à jeun à 1,25 g/l, un tabagisme
occasionnel, bref de nombreux facteurs de risque cardio-vasculaire.
Par ailleurs, on est en situation de prévention
secondaire, et le but du traitement est d'obtenir : |
CONDUITE À TENIR |
Il faut :
- repréciser le régime : dans un premier temps, il doit être hypocalorique pour revenir au moins à un poids de 72-75 kilos le matin à jeun, puis il devra être hypoglucidique, anticholestérol, et enrichi en graisses mono- et poly-insaturées; - renforcer le traitement par fibrate (1 Lipanthyl® 67 micronisé le matin et 200 micronisé le soir, ou 1 Lipanor® par jour), et, en cas d'anomalies persistantes, peut se discuter une association statine-fibrate sous couvert d'une surveillance rigoureuse en milieu spécialisé. |
Une hyperlipidémie mixte (type IIb) chez un homme de 32 ans |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 32 ans,
directeur d'une petite entreprise, consulte car on lui a découvert
de façon fortuite une augmentation du cholestérol (3,45
g/l) et des triglycérides (3,20 g/l) lors d'un bilan demandé
par son assurance (il a contracté un emprunt important pour
acheter un appartement). Il se dit bon vivant et obligé de faire des repas d'affaires (au moins deux fois par semaine) et se déplace souvent en France (dort et mange à l'hôtel). Il n'a pas de douleur thoracique, ni de malaise, ni
de symptômes particuliers en dehors d'une discrète
somnolence après un gros repas. - cholestérol : 3,40 g/l, - triglycérides : 2,30 g/l, - HDL-cholestérol par précipitation : 0,23 g/l, - apolipoprotéine B : 2,30 g/l (N < 1,30), - apolipoprotéine A1: 0,90 (N > 1,20), - créatininémie, SGOT et SGPT, uricémie et ionogramme sanguin normaux, - glycémie : 1,24 g/l, - gamma GT à 2 fois la normale, - TSH ultrasensible : 2,2 µV/ml (N 0,2-5). |
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DIAGNOSTIC |
Le diagnostic de
l'hyperlipidémie est celui d'une hyperlipidémie mixte. - il n'y a pas de xanthomes tendineux. - Le cholestérol et les triglycérides sont élevés à deux reprises. S'il existait des antécédents familiaux de dyslipidémie avec des phénotypes variables (IIa, IIb, IV), on pourrait poser le diagnostic d'hyperlipidémie familiale combinée chez ce patient. En pratique, les termes d'hyperlipidémie mixte et combinée sont souvent utilisés indifféremment. Enfin le diagnostic de syndrome X ne peut être porté puisque la tension artérielle est normale. Ce syndrome est caractérisé par l'association d'une obésité androïde, d'une hyperlipidémie et d'une hypertension artérielle. Le caractère androïde de l'obésité facile à déterminer par la simple observation est apprécié par le rapport taille sur hanche qui serait supérieur à 1. Le caractère primaire de l'anomalie est attesté par l'absence de causes comme une pathologie rénale, une dysthyroïdie, un diabète franc ou la prise de médicaments (certains bêta-bloquants, diurétiques...). |
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CONDUITE À TENIR
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Dans cette observation,
la première étape thérapeutique est diététique. En effet, il s'agit d'une hyperlipidémie mixte primaire classiquement sensible aux précautions diététiques. Le contexte de cet homme d'affaires nécessite de donner des conseils progressifs pour en faciliter l'observance. Il est nécessaire de faire une rapide enquête alimentaire pour détecter d'éventuelles erreurs importantes à corriger. Sinon, il faut individualiser deux priorités:
soit les boissons alcoolisées, soit les boissons sucrées
en fonction de ses habitudes (I'élèvation des GGT ne
signifie pas qu'il boit obligatoirement trop car l'hypertriglycéridémie
elle-même est capable d'augmenter les GGT). L'apport de sucres
est particulièrement hypertriglycéridémiant. La
diminution de ces boissons s'accompagnera obligatoirement d'une
diminution de l'apport calorique. |
Dys-bêta-lipoprotéinémie de type III |
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HISTOIRE DU PATIENT |
M. B..., 40 ans, non
fumeur, présente un angor d'effort depuis six mois. La coronarographie met en évidence des lésions athéromateuses bitronculaires. Son père est décédé à 55 ans d'un infarctus du myocarde, son frère est hypercholestérolémique. A l'examen : - sérum trouble, - cholestérol total : 4 g/l, - triglycérides : 5,80 g/l, - VLDL cholestérol : 2,70 g/l, - LDL cholestérol : 1 g/l, - HDL cholestérol : 0,30 g/l. |
DIAGNOSTIC |
La présence d'une
athérosclérose précoce chez un patient ayant une
hyperlipidémie mixte doit faire suspecter un type III ou dys-bêta-lipoprotéinémie.
Il s'agit d'une anomalie lipidique rare (1 à 2 sujets/10 000), de
transmission autosomique récessive ou dominante.
Elle se caractérise par la présence de lipoprotéines anormales: les VLDL riches en cholestérol ou bêta-VLDL qui correspondent à des remnants des chylomicrons, des IDL et des VLDL. On retrouve un phénotype des apoprotéines E de type E2/E2, mais cette homozygotie ne suffit pas toujours pour extérioriser la maladie; des facteurs additionnels génétiques, hormonaux (hypothyroïdie, ménopause) ou environnementaux (nutritionnels) sont parfois nécessaires. Sur le plan clinique on retrouve des dépôts extravasculaires de cholesterol :- le syndrome des plis palmaires (coloration jaune orangée des plis palmaires) présent dans 50 % des cas est quasi pathognomonique, - les xanthomes tubéreux et tubéro-éruptifs des coudes et des genoux sont plus fréquents et moins spécifiques, - les autres dépôts (arcs ou anneaux cornéens, xanthélasma, xanthomes tendineux) sont plus rares. Le diagnostic biologique repose sur la mise en évidence de la lipoprotéine anormale à l'électrophorèse qui montre un élargissement de la bande des bêta aux pré-bêta-lipoprotéines (bande broad-bêta). Cette forme de dyslipidémie possède un grand potentiel athérogène touchant les trois territoires: cerveau, cur et membres inférieurs. L'âge moyen de survenue des complications est de 38 ans. |
CONDUITE À TENIR |
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Dys-bêta-lipoprotéinémie (type III) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Mme C..., 55 ans, a,
depuis quatre ans, une claudication intermittente douloureuse bilatérale
à prédominance droite, avec des lésions athéroscléreuses
évoluées au niveau des deux artères iliaques
primitives et des fémorales. Il n'y a pas d'obésité, la pression artérielle a toujours été normale à 13/8 cm Hg, elle n'a jamais fumé, les taux de glycémie et uricémie sont normaux. Il n'y a pas de crise douloureuse angineuse, mais
l'électrocardiogramme met en évidence des signes de lésion-ischémie
du territoire postérieur. - sérum opalescent, - cholestérol total : 5,50 g/l (N inférieur à 2 g/l), - triglycérides : 6,35 g/l (N inférieur à 2 g/l ou mieux à 1,50 g/l), - HDL cholestérol : 0,21 g/l (N supérieur à 0,35 g/l). Les dosages des apolipoprotéines A1 et B sont faussés par l'hypertriglycéridémie nettement supérieure à 3 g/l. Une telle formule lipidique avec augmentation très équilibrée et à un haut niveau du cholestérol total et des triglycérides doit faire évoquer le diagnostic de dys-bêta-lipoprotéinémie de type III (d'autant que cette hyperlipoprotéinémie survient le plus souvent vers la cinquantaine et donne plus spécialement une athérosclérose des artères des membres inférieurs). |
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DIAGNOSTIC
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Le diagnostic nécessite,
pour être affirmé, des examens plus spécialisés
: électrophorése des lipoprotéines sur gel
d'agarose mettant en évidence une broad-bêta-lipoprotéine
(bêta-lipoprotéine très large non constante : un cas
sur trois, mais pathognomonique), bêta-VLDL en
ultra-centrifugation préparatrice (lipoprotéine intermédiaire
IDL ou remnant de VLDL, flottant entre les densités 1,006 et
1,019), phénotype de l'apolipoprotéine E homozygote E2/2.
- L'apolipoprotéine E est un long polypeptide de 299 acides aminés. Elle est codée par un système codominant à trois allèles E2, E3, E4, d'où la possibilité de 6 phénotypes: 3 homozygotes (E2/2, E3/3, E4/4), 3 hétérozygotes (E3/2, E4/3, E4/2). C'est le phénotype E3/3 qui est le plus répandu. Une seule substitution d un acide aminé de l'apoprotéine E (le plus souvent, I'arginine en position 158 est remplacée par une cystéine) conduit au phénotype E2/2, à la non-reconnaissance des lipoprotéines intermédiaires par le récepteur spécifique hépatique, et donc à l'accumulation dans le plasma de ces IDL (broad-bêta en électrophorèse). - Cette hyperlipoprotéinémie n'est pas très fréquente (1 cas sur 5 000 ou 10 000 individus environ), et est en général extériorisée par une hyperlipidémie sous-jacente (hypercholestérolémie ou hypertriglycéridémie), une carence hormonale (hypothyroïdie, ménopause par exemple), une affection rénale (syndrome néphrotique...). |
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CONDUITE À TENIR |
Elle nécessite un
régime à la fois pauvre en sucres à absorption
rapide, en cholestérol et graisses saturées, et enrichi en
graisses mono- et poly-insaturées. La carence hormonale, si elle existe, doit être compensée (les strogènes per os peuvent normaliser totalement le bilan lipidique). Sinon, un dérivé des fibrates est parfaitement indiqué. |
Hypertriglycéridémie majeure exogène dépendante des graisses alimentaires ou hyperchylomicronémie (type I) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
L'enfant F..., 6 ans,
est hospitalisé en urgence parce que, lors d'un bilan lipidique
systématique de la Sécurité Sociale, il a été
découvert un sérum lactescent et des triglycérides
très élevés, supérieurs à 20 g/l. L'interrogatoire retrouve la notion, à plusieurs reprises, d'accès douloureux abdominaux avec vomissements incoercibles, en général spontanément résolutifs en quelques heures. Il n'y a pas d'antécédent familial connu. L'examen clinique note la présence de petits xanthomes de la taille d'une tête d'épinglé, de coloration jaune, au niveau du thorax et de l'abdomen, ayant tous les caractères des xanthomes éruptifs. Il existe une hépatomégalie, indolore, à bord inférieur mousse, et également une splénomégalie. - Le contrôle lipidique effectué au bout de 12 heures de jeûne montre d'abord que le sérum est lactescent, et le test de décantation spontanée qui consiste simplement à laisser le tube pendant 24 heures à 4 °C révèle une couche blanche supérieure, le sérum sous-jacent étant parfaitement clair (les chylomicrons sont les lipoprotéines les plus légères et montent à la surface du sérum).Le cholestérol total est de 2,80 g/l, les
triglycérides à 55 g/l (les chylomicrons contiennent
seulement 2 % de cholestérol, mais 90 % de triglycérides,
expliquant que le cholestérol total soit à peine augmenté
malgré l'hypertriglycéridémie majeure). |
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DIAGNOSTIC
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Tous ces résultats
sont donc en faveur de l'exceptionnelle (1 cas sur 1 million)
hyperchylomicronémie ou hypertriglycéridémie
majeure exogène, dépendante des graisses alimentaires.
Cliniquement, elle est caractérisée par le « syndrome hyperlipémique » (xanthomatose éruptive, hépatomegalie et splénomégalie de stéatose, crises douloureuses abdominales pouvant aller jusqu'à la pancréatite aiguë), biologiquement par une hyperchylomicronémie au test de décantation et en électrophorèse. Elle est transmise sur un mode autosomique récessif (les deux parents sont en général porteurs sains de la tare). Elle est liée à un déficit congénital en lipoprotéine-lipase (enzyme qui hydrolyse les lipoprotéines riches en triglycérides: chylomicrons et VLDL) ou à une carence en l'activateur physiologique de la lipoprotéine-lipase, I'apolipoprotéine CIII Toutes ces anomalies peuvent être mises en évidence par les laboratoires très spécialisés. |
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CONDUITE À TENIR |
- Elle dépend spécifiquement
des graisses alimentaires: diminution des triglycérides
plasmatiques sous régime hypolipidique, augmentation des triglycérides
sous régime hypergras. - Dépendant spécifiquement des graisses alimentaires, le seul traitement consiste en un régime très hypolipidique, avec seulement très peu de graisses saturées, mono- ou poly-insaturées. On permettra 20 grammes par jour de triglycérides à chaîne moyenne, graisses dont le métabolisme ne conduit pas à la formation de chylomicrons. En effet, les triglycérides habituels comprennent des acides gras à longue chaîne (16, 18 ou 20 atomes de carbone) Les triglycérides à chaîne moyenne comprennent des acides gras à 8 et 10 atomes de carbone, et après absorption intestinale sont directement déversés dans le système porte. Aucun hypolipidémiant n'est efficace. Le but du régime est de rester à un taux de triglycérides inférieur à 10 g/l, taux au-dessous duquel il n'y a guère de risque de pancréatite. Cela nécessite un régime sévère, indéfiniment poursuivi, et sans aucun écart important. La sensibilité aux graisses étant extrême, le taux de triglycérides peut passer de 5 à 50 grammes/litre sous l'effet d'un seul repas ! |
Hypertriglycéridémie pure (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 45 ans
consulte a la suite de la découverte, après un bilan
d'examens de santé, d'une hypertriglycéridémie. Aucun bilan lipidique antérieur n'est connu. Ce patient n'a aucun antécédent médical ou chirurgical particulier. Il est enseignant et n'a aucune activité
physique. Il fume en moyenne 5 cigarettes par jour. - cholestérol total: 2,40 g/l, - triglycérides : 4,45 g/l, - HDL-cholestérol: 0,35 g/l. La glycémie est à 0,90 g/l et l'hémoglobine A1c est à 6,1% (N inf. à 6,5 %). Le bilan hépatique est normal |
DIAGNOSTIC |
Le diagnostic est donc
celui d'une hypertriglycéridémie associée à
un taux de HDL-cholestérol bas (< 0,40 g/l). Comme autres facteurs de risque, s'y associent une tension artérielle limite et un tabagisme modéré. L'index de corpulence est à 27,4. L'enquête alimentaire montre une alimentation vraisemblablement un peu riche en graisses animales et comportant une consommation d'alcool de deux verres de vin par jour. En conclusion des éléments à
notre disposition, plusieurs facteurs augmentant potentiellement les
triglycérides sont à évaluer. Une hyperglycémie provoquée par voie orale ou plus simplement une mesure de la glycémie 2 heures après l'absorption de 75 grammes de glucose sera réalisée pour évaluer la tolérance au glucose. La glycémie à 2 heures est à 2,00 g/l. Cette concentration un peu élevée dénote une intolérance au glucose. L'association d'une hypertriglycéridémie, d'un HDL-cholestérol bas, d'une tension artérielle élevée, d'une intolérance au glucose et d'un surpoids est fréquente.Cette association est athérogène et mérite d'être prise en compte très sérieusement dans le cadre de la prévention primaire. Sur le plan cardio-vasculaire, un ECG d'effort peut être demandé à titre systématique pour autoriser une activité physique. |
CONDUITE À TENIR |
L'objectif à
atteindre est une diminution des triglycérides qui doivent être
inférieurs à 1,50 g/l, et la normalisation de la tension
artérielle. Sur le plan des règles hygiéno-diététiques, il sera demandé au patient un effort en faveur d'une activité physique qui, sans être intense, sera régulière et pourra s'exercer environ 2 fois par semaine. Les activités les plus salutaires sont le cyclisme, la course à pied, la natation et la marche. Des conseils alimentaires sont donnés au sujet afin de réduire le poids. Un mois après ceux-ci, le poids reste
identique. L'activité physique a été débutée
mais reste modeste, sous forme d'une marche d'une heure le week-end. - Cholestérol : 2,50 g/l, - triglycérides : 3,91 g/l. Six semaines, plus tard, le poids est à 83,5 kg, soit un poids stable. Si les conseils diététiques peuvent être poursuivis pour progressivement essayer de modifier les habitudes alimentaires qui peuvent être cause d'athérosclérose, il peut être licite, après six mois, d'envisager un traitement hypolipidémiant. Il est cependant important de souligner qu'une diététique bien suivie peut avoir deux impacts majeurs. D'une part, le traitement hypolipidémiant est plus efficace, d'autre part, il est très vraisemblable qu'une alimentation déséquilibrée participe au processus d'athérosclérose du fait des modifications athérogènes existant en période postprandiale. Chez ce patient, un traitement par fibrate est débuté. Le gemfibrozil pourrait être le fibrate de choix, car c'est le plus hypotriglycéridémiant et le plus puissant pour augmenter le HDL-cholestérol.Deux mois après le début du traitement : - cholestérol : 2,35 g/l, - triglycérides : 2,80 g/l, - HDL-cholestérol : 0,42 g/l. Il existe certes une amélioration mais l'objectif n'est pas atteint. L'attitude est soit la poursuite de ce seul traitement dans l'espoir d'améliorer progressivement les habitudes hygiéno-diététiques qui peuvent mettre de longs mois à apparaître, soit l'association à un autre traitement comme les huiles de poisson (acides gras omega 3) prises à doses progressives. Le dernier bilan lipidique montre :-cholestérol : 2,45 g/l, - triglycérides : 1,80 g/l, - HDL-cholestérol : 0,48 g/l. Ce bilan objective la persistance d'une hyperlipidémie. Le cholestérol augmente légèrement par rapport au bilan antérieur, peut-être du fait de l'adjonction des huiles de poisson qui ont parfois un effet hypercholestérolémiant modéré en cas d'hypertriglycéridémie. Cependant, il n'existe plus actuellement pour ce malade d'amélioration possible sur le plan médicamenteux. |
Hyperlipidémie de type IV mineur |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Mme B..., 48 ans,
fonctionnaire, présente une dyslipidémie dépistée
lors d'un bilan de médecine du travail. Il n'existe pas d'antécédents familiaux de dyslipidémie ni d'athérosclérose précoce. Les facteurs de risque associés sont représentés par une HTA essentielle bien équilibrée sous inhibiteur de l'enzyme de conversion. Elle a arrêté de fumer depuis un an.
Elle pratique régulièrement la course à pied. - sérum trouble, - cholestérol total : 2,30 g/l, - triglycérides : 3,10 g/l, - HDL (précipitation) : 0,36 g/l, - LDL (calculé) : 1,34g/l, - Apo B : 1,10 g/l. |
DIAGNOSTIC |
Il s'agit d'une patiente
porteuse d'une hypertriglycéridémie pure.
L'hypertriglycéridémie pure se caractérise par l'augmentation des triglycérides, une cholestérolémie totale normale avec diminution des concentrations de cholestérol HDL et d'apo A1. Le seuil des triglycérides préconisé par le consensus européen et par les recommandations de l'ARCOL est aujourd'hui fixé à 2 g/l en prévention primaire à condition de respecter un jeûne de 12 heures avant le prélèvement (mais le taux véritablement normal semble être de 1,50 g/l au maximum). |
CONDUITE À TENIR |
RECHERCHER
UNE CAUSE ALIMENTAIRE
On distingue trois types d'hypertriglycéridémie
en fonction de la sensibilité nutritionnelle: RECHERCHER UNE CAUSE IATROGÈNE Certains diurétiques thiazidiques ou non et
les bêta-bloquants sans activité sympathomimétique
peuvent entraîner l'augmentation des triglycérides et la
baisse du cholestérol HDL. VÉRIFIER L'ABSENCE DE PATHOLOGIE ASSOCIÉE, NOTAMMENT UN DIABÈTE L'enquête alimentaire retrouve une ration
glucidique importante : Les conseils diététiques consistent à
diminuer la consommation de sucres rapides et à les remplacer
par des sucres lents. |
Il
s'agit d'une hypertriglycéridémie pure mineure normalisée
par une alimentation sans sucres rapides. Le régime joue un rôle majeur dans les hypertriglycéridémies et suffit le plus souvent à retrouver des chiffres normaux. L'hypertriglycéridémie pure mineure où les triglycérides restent inférieurs à 10 g/l peut se transformer en type IV majeur sous l'influence de facteurs environnementaux (alimentation hyperglucidique, consommation de boissons alcoolisées). |
Anomalies lipidiques modérées chez un coronarien (triglycérides augmentés + HDL-C diminué). Hypertriglycéridémie pure (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 54 ans a
constitué six mois auparavant un infarctus inférieur peu étendu. La coronarographie a révélé une sténose à 60 % de la coronaire droite, et 2 plaques peu sténosantes (20 %) sur l'interventriculaire antérieure. Son traitement associe Isoptine®120: 3 gélules/jour et Aspirine® 100: une par jour (Aspégic®). Depuis son infarctus il a repris une activité
physique régulière d'entraînement (3 heures de vélo
par semaine), suit attentivement les conseils diététiques,
avec un poids stabilisé à 73 kg pour 1 m 72. Le tabac a été
interrompu voici sept ans. - cholestérol total : 5 mmol/l (1,94 g/l), - triglycérides : 2,13 mmol/l (1,85g/l), - HDL-cholestérol : 1 mmol/l (0,39 g/l), - LDL-cholestérol : 3,07 mmol/l (1,19 g/l), calculé par la formule de Friedewald, - apolipoprotéine B : 1,15 g/l, - lipoprotéine Lp (a) : 0,74 g/l. |
DIAGNOSTIC |
Le bilan lipidique
actuel ne révèle donc pas d'anomalie patente, notamment le
cholestérol total et le LDL-cholestérol correspondent aux
objectifs souhaités chez un patient coronarien. Cependant :
- les triglycérides sont modérément
élevés (d'autant qu'il n'y à pas d'excès
pondéral), ce qui traduit une probable anomalie du métabolisme
des lipoprotéines riches en triglycérides; Ce profil lipidique est souvent rencontré en cas de maladie athéromateuse prématurée. Dans le cas présent, la bonne observance des mesures hygiéno-diététiques contribue sans doute à limiter les anomalies qui seraient plus franches en cas d'habitudes alimentaires défavorables ou d'excès pondéral. Par ailleurs :- la concentration d'apolipoprotéine B est un peu supérieure à ce que laisserait penser la concentration de LDL-cholestérol. Cela peut traduire la présence de particules LDL plus petites et plus denses, souvent associée au profil lipidique décrit; - enfin, et de façon indépendante, la concentration de Lp(a) est élevée, majorant le risque athérogène. |
CONDUITE À TENIR |
Les
recommandations internationales dans le cadre de la prévention
secondaire chez un patient coronarien sont ici satisfaites : - LDL-cholestérol inférieur ou égal à 3,4 mmol/l, - cholestérol total inférieur ou égal à 5 mmol/l, - triglycérides inférieur ou égal à 2,3 mmol/l. Le profil lipidique est néanmoins perturbé, favorise sûrement la maladie athéroscléreuse, et se rencontre de façon non rare chez les sujets coronariens. L'attitude thérapeutique ne peut être tranchée à partir des études d'interventions dans lesquelles les objectifs de traitement reposaient sur les valeurs de cholestérol total et de cholestérol-LDL. Aussi, les objectifs à rechercher concernant les triglycérides ne font pas l'objet actuellement d'un consensus. On propose seulement de viser une valeur inférieure à 2,3 mmol/l (2 g/l). Dans le cas présent, on pourrait proposer de rechercher en fait une concentration de triglycérides inférieure à 1,7 mmol/l (1,5 g/l), ce qui s'accompagnerait probablement d'une remontée du HDL-cholestérol. Cette proposition logique ne peut être toutefois étayée sur des données d'études publiées.Dans ce but, si les mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes, l'adjonction d'un traitement médicamenteux peut être proposée: fibrates (ou huiles de poisson). Mais il conviendra de s'assurer sous traitement que, parallèlement à la baisse des triglycérides, le LDL-cholestérol ne remonte pas (ce qui peut parfois s'observer en raison d'une conversion facilitée par le traitement des VLDL, riches en triglycérides, en LDL). |
-
Il existe une corrélation inverse entre les concentrations
plasmatiques de triglycérides et de HDL-cholestérol
(quelques exceptions : alcoolisme, oestrogènes, corticoïdes,
hypothyroïdie). L'hypertriglycéridemie peut ainsi expliquer
une concentration basse de HDL-cholestérol. - Cette association est fréquente en présence d'une pathologie athéromateuse. - La recherche d'une stricte normalisation des triglycérides (inférieur à 1,7 mmol/l=1,5 g/l) est logique. - Les mesures hygiéno-diététiques sont toujours indiquées: réduction d'un excès pondéral, exercice physique... - L'adjonction d'un traitement médicamenteux n'est pas encore étayée par des études d'intervention. |
Hypertriglycéridémie (type IV) |
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DIAGNOSTIC |
Il s'agit d'une patiente
porteuse d'une hypertriglycéridémie pure.
L'hypertriglycéridémie pure se caractérise par l'augmentation des triglycérides, une cholestérolémie totale normale avec diminution des concentrations de cholestérol HDL et d'apo A1. Le seuil des triglycérides préconisé par le consensus européen et par les recommandations de l'ARCOL est aujourd'hui fixé à 2 g/l en prévention primaire à condition de respecter un jeûne de 12 heures avant le prélèvement (mais le taux véritablement normal semble être de 1,50 g/l au maximum). |
CONDUITE À TENIR |
RECHERCHER
UNE CAUSE ALIMENTAIRE
On distingue trois types d'hypertriglycéridémie
en fonction de la sensibilité nutritionnelle: RECHERCHER UNE CAUSE IATROGÈNE Certains diurétiques thiazidiques ou non et
les bêta-bloquants sans activité sympathomimétique
peuvent entraîner l'augmentation des triglycérides et la
baisse du cholestérol HDL. VÉRIFIER L'ABSENCE DE PATHOLOGIE ASSOCIÉE, NOTAMMENT UN DIABÈTE L'enquête alimentaire retrouve une ration
glucidique importante : Les conseils diététiques consistent à
diminuer la consommation de sucres rapides et à les remplacer
par des sucres lents. |
Il
s'agit d'une hypertriglycéridémie pure mineure normalisée
par une alimentation sans sucres rapides. Le régime joue un rôle majeur dans les hypertriglycéridémies et suffit le plus souvent à retrouver des chiffres normaux. L'hypertriglycéridémie pure mineure où les triglycérides restent inférieurs à 10 g/l peut se transformer en type IV majeur sous l'influence de facteurs environnementaux (alimentation hyperglucidique, consommation de boissons alcoolisées). |
Anomalies lipidiques modérées chez un coronarien (triglycérides augmentés + HDL-C diminué). Hypertriglycéridémie pure (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 54 ans a
constitué six mois auparavant un infarctus inférieur peu étendu. La coronarographie a révélé une sténose à 60 % de la coronaire droite, et 2 plaques peu sténosantes (20 %) sur l'interventriculaire antérieure. Son traitement associe Isoptine®120: 3 gélules/jour et Aspirine® 100: une par jour (Aspégic®). Depuis son infarctus il a repris une activité
physique régulière d'entraînement (3 heures de vélo
par semaine), suit attentivement les conseils diététiques,
avec un poids stabilisé à 73 kg pour 1 m 72. Le tabac a été
interrompu voici sept ans. - cholestérol total : 5 mmol/l (1,94 g/l), - triglycérides : 2,13 mmol/l (1,85g/l), - HDL-cholestérol : 1 mmol/l (0,39 g/l), - LDL-cholestérol : 3,07 mmol/l (1,19 g/l), calculé par la formule de Friedewald, - apolipoprotéine B : 1,15 g/l, - lipoprotéine Lp (a) : 0,74 g/l. |
DIAGNOSTIC |
Le bilan lipidique
actuel ne révèle donc pas d'anomalie patente, notamment le
cholestérol total et le LDL-cholestérol correspondent aux
objectifs souhaités chez un patient coronarien. Cependant :
- les triglycérides sont modérément
élevés (d'autant qu'il n'y à pas d'excès
pondéral), ce qui traduit une probable anomalie du métabolisme
des lipoprotéines riches en triglycérides; Ce profil lipidique est souvent rencontré en cas de maladie athéromateuse prématurée. Dans le cas présent, la bonne observance des mesures hygiéno-diététiques contribue sans doute à limiter les anomalies qui seraient plus franches en cas d'habitudes alimentaires défavorables ou d'excès pondéral. Par ailleurs :- la concentration d'apolipoprotéine B est un peu supérieure à ce que laisserait penser la concentration de LDL-cholestérol. Cela peut traduire la présence de particules LDL plus petites et plus denses, souvent associée au profil lipidique décrit; - enfin, et de façon indépendante, la concentration de Lp(a) est élevée, majorant le risque athérogène. |
CONDUITE À TENIR |
Les
recommandations internationales dans le cadre de la prévention
secondaire chez un patient coronarien sont ici satisfaites : - LDL-cholestérol inférieur ou égal à 3,4 mmol/l, - cholestérol total inférieur ou égal à 5 mmol/l, - triglycérides inférieur ou égal à 2,3 mmol/l. Le profil lipidique est néanmoins perturbé, favorise sûrement la maladie athéroscléreuse, et se rencontre de façon non rare chez les sujets coronariens. L'attitude thérapeutique ne peut être tranchée à partir des études d'interventions dans lesquelles les objectifs de traitement reposaient sur les valeurs de cholestérol total et de cholestérol-LDL. Aussi, les objectifs à rechercher concernant les triglycérides ne font pas l'objet actuellement d'un consensus. On propose seulement de viser une valeur inférieure à 2,3 mmol/l (2 g/l). Dans le cas présent, on pourrait proposer de rechercher en fait une concentration de triglycérides inférieure à 1,7 mmol/l (1,5 g/l), ce qui s'accompagnerait probablement d'une remontée du HDL-cholestérol. Cette proposition logique ne peut être toutefois étayée sur des données d'études publiées.Dans ce but, si les mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes, l'adjonction d'un traitement médicamenteux peut être proposée: fibrates (ou huiles de poisson). Mais il conviendra de s'assurer sous traitement que, parallèlement à la baisse des triglycérides, le LDL-cholestérol ne remonte pas (ce qui peut parfois s'observer en raison d'une conversion facilitée par le traitement des VLDL, riches en triglycérides, en LDL). |
-
Il existe une corrélation inverse entre les concentrations
plasmatiques de triglycérides et de HDL-cholestérol
(quelques exceptions : alcoolisme, oestrogènes, corticoïdes,
hypothyroïdie). L'hypertriglycéridemie peut ainsi expliquer
une concentration basse de HDL-cholestérol. - Cette association est fréquente en présence d'une pathologie athéromateuse. - La recherche d'une stricte normalisation des triglycérides (inférieur à 1,7 mmol/l=1,5 g/l) est logique. - Les mesures hygiéno-diététiques sont toujours indiquées: réduction d'un excès pondéral, exercice physique... - L'adjonction d'un traitement médicamenteux n'est pas encore étayée par des études d'intervention. |
Hypertriglycéridémie (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Une femme de 64 ans présente
un angor d'effort apparu depuis trois mois. Elle n'a par ailleurs pas d'autre antécédent personnel notable. En revanche, au plan familial, deux de ses frères ont une maladie coronarienne (apparue entre 50 et 60 ans); sa mère est décédée à 62 ans à la suite d'un infarctus (leur statut lipidique n'est pas connu); sa fille présente une dyslipidémie mixte. Le bilan biologique récent note :- sérum trouble à jeun, - cholestérol total : 5,7 mmol/l (2,2 g/l), - triglycérides : 4,2 mmol/l (3,68 g/l), - HDL-cholestérol : 0,93 mmol/l (0,36 g/l), - LDL-cholestérol : 2,84 mmol/l (1,10 g/l), calculé par la formule de Friedewald, - apolipoprotéine A1: 1,21 g/l, - apolipoprotéine B : 1,25 g/l, - glycémie : 5,5 mmol/l (1 g/l). L'examen clinique est sans particularité et
ne retrouve pas d'autre signe d'atteinte artérielle périphérique,
ni de dépôt lipidique extravasculaire. |
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DIAGNOSTIC
|
DIAGNOSTIC
BIOLOGIQUE
- Il s'agit d'une hypertriglycéridémie
(type IV de la classification de Fredrickson). En effet, le
LDL-cholestérol est normal. L'élévation mineure
de la cholestérolémie est en rapport avec le cholestérol
lié aux VLDL. Le lipidogramme pourrait confirmer qu'il s'agit
d'une inflation exclusive des VLDL (en position pré-bêta
sur gel d'agarose). DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE - Il faut éliminer une cause de dyslipidémie
secondaire et principalement ici : Dans le cas présent, ce diagnostic semble plus favorable puisque la fille de la patiente présente une formule d'hyperlipidémie mixte. Les antécédents familiaux coronariens sont également plutôt en faveur de ce diagnostic. En effet, cette distinction n'est pas que spéculative. L'hyperlipidémie familiale combinée est indiscutablement athérogène. Le caractère athérogène de l'hypertriglycéridémie familiale est plus discuté. Dans tous les cas, la présence d'antécédents athéromateux dans la famille est essentielle à recueillir, signant le caractère athérogène très probable de la dyslipidémie. |
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CONDUITE À TENIR |
- Compte tenu de la
pathologie athéromateuse, la stricte normalisation de la dyslipidémie
sera recherchée. Le LDL-cholestérol est normal (inférieur
à 1,30 g/l). Vis-à-vis des triglycérides, le niveau
cible ne fait pas encore l'objet d'un consensus universel; dans ce cas,
en présence d'une pathologie athéromateuse, il est nécessaire
d'obtenir une valeur inférieure à 2,3 mmol/l (2 g/l) et si
possible inférieure à 1,7 mmol/l (1,5 g/l).
- Les mesures hygiéno-diététiques
seront préconisées en première intention pendant
plusieurs mois, d'autant que l'hypertriglycéridémie y
est volontiers sensible. |
Pancréatite aiguë et hypertriglycéridémie majeure (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
M. T.., 38 ans, est
hospitalisé en urgence pour des douleurs abdominales de très
grande intensité, diffuses, avec intolérance gastrique
absolue (nausées et vomissements incoercibles) et diarrhée,
apparues douze heures auparavant. A l'examen clinique, il n'existe qu'une sensibilité épigastrique avec défense localisée, sans contracture véritable. Les examens effectués rapidement autorisent le diagnostic de pancréatite aiguë: augmentation de l'amylasémie, de la lipasémie: augmentation du volume de la loge pancréatique avec contours flous et présence de liquide péritonéal au scanner. Il n'y a pas de lithiase biliaire, pas de calcifications pancréatiques, pas de niveaux liquides ni de croissant clair inter-hépato-diaphragmatique sur la radiographie de l'abdomen sans préparation, permettant d'éliminer un certain nombre d'autres urgences abdominales. |
DIAGNOSTIC |
Le diagnostic étiologique
de cette pancréatite aiguë est immédiatement orienté
car : le sérum est lactescent (chez ce sujet qui est totalement à
jeun, volontairement, depuis plus de douze heures), les triglycérides
sont à 65 g/l, le cholestérol total à 13 g/l.
Les dosages de HDL cholestérol, d'apolipoprotéines A1 et B seront pris en défaut en raison de cette hypertriglycéridémie majeure. Il n'est donc pas nécessaire de les demander. Le diagnostic d'hypertriglycéridémie majeure de type IV est hautement probable, car le rapport triglycérides/cholestérol total en grammes/litre est de l'ordre de 5 :- dans le type 1, les chylomicrons sont présents en abondance, lipoprotéines qui ne contiennent que 2 % à 4 % de cholestérol pour 90 % de triglycérides (et, malgré l'hypertriglycéridémie, le cholestérol total est à peu près normal); - dans le type IV, les VLDL qui contiennent environ 12 % de cholestérol et 60 % de triglycérides, donnent un rapport triglycérides/cholestérol total de l'ordre de 5; - dans le type V, l'association chylomicrons et VLDL donne un rapport triglycérides/cholestérol total nettement supérieur à 5. Ce type IV majeur est immédiatement confirmé par : - le test de décantation spontanée; le sérum est uniformément lactescent après 24 heures de décantation à 4 °C. Il s'agit donc bien de VLDL en excès (car les chylomicrons, eux, remontent à la surface du sérum, donnant une couche crémeuse supérieure, alors que le sérum sous-jacent est parfaitement clair). Ce test très simple permet de différencier l'hyperchylomicronémie de type I de l'hypertriglycéridémie majeure de type IV; - I'électrophorèse sur gel d'agarose qui met en évidence une augmentation très importante et exclusive des pré-bêta-lipoprotéines (avec souvent une traînée). La pancréatite aiguë, hémorragique et/ou démateuse et/ou nécrosante ne se rencontre que dans les hypertriglycéridémies majeures, c'est-à-dire comportant un taux de triglycérides supérieur à 10 g/l (par définition) : - soit de type I : hyperchylomicronémie ou hypertriglycéridémie majeure exogène dépendante des graisses alimentaires,- soit de type IV: hypertriglycéridémie majeure endogène dépendante des glucides, de l'alcool ou d'une surcharge pondérale importante, - soit de type V, exogène et endogène, dépendante des graisses et des glucides alimentaires. Ici, les habitudes d'intempérance, l'hépatomégalie stéatosique, l'augmentation du VGM et des Gammas GT signaient le type IV majeur alcoolodépendant, cas le plus fréquent. |
CONDUITE À TENIR |
La pancréatite
aiguë, hémorragique et/ou démateuse et /ou nécrosante
ne nécessite qu'un traitement médical, c'est-à-dire
une diète absolue pour favoriser le catabolisme le plus rapide
possible des lipoprotéines en excès, c'est-à-dire
les VLDL.
Le type IV alcoolo-dépendant est caractérisé par son évolution extrêmement rapide, le bilan lipidique pouvant se normaliser totalement en 2 à 4 jours. L'aspiration gastro-duodénale sera mise en place. Le traitement chirurgical ne sera envisagé que plus tard, devant l'existence d'un faux kyste par exemple. - Le pronostic à long terme est avant tout fonction de l'observance du régime : aucune boisson alcoolisée dans la forme alcoolo-dépendante, hypoglucidique sans sucres à absorption rapide dans la forme glucido-dépendante, hypocalorique global dans la forme dépendant d'une surcharge pondérale marquée. Ce régime doit être scrupuleusement observe, une rechute de pancréatite aiguë ou sub-aiguë étant possible à chaque augmentation des triglycérides au-dessus de 10 grammes/litre, la dépendance alimentaire étant très stricte et très sensible.- Malgré la possibilité de récidives, il est exceptionnel que ces pancréatites aiguës évoluent vers la pancréatite chronique. En revanche, l'évolution vers un faux kyste du pancréas est toujours possible. - La pathogénie de ces pancréatites aiguës au cours des hypertriglycéridémies majeures n'est pas parfaitement connue. On pense cependant qu'il s'agit d'une déviation métabolique de la lipase pancréatique. Au lieu d'aller hydrolyser les graisses alimentaires dans la lumière intestinale, la lipase pancréatique irait hydrolyser les triglycérides en acides gras dans les capillaires pancréatiques lorsqu'il existe une hypertriglycéridémie importante.C'est l'augmentation in situ des acides gras libres dans les capillaires pancréatiques qui provoquerait la pancréatite aiguë (ce qui est expérimentalement prouvé). Les autres hypothèses physio-pathologiques pourraient être l'ischémie et, dans le cas présent, la toxicité directe de l'alcool. |
PANCRÉATITE
AIGUË ET HYPERLIPIDÉMIE
La pancréatite aiguë
|
Traitement diététique de l'hypertriglycéridémie pure (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
Un homme de 37 ans sans
antécédent particulier ni personnel, ni familial, consulte
pour une élévation des triglycérides à 3,45
g/l, le cholestérol étant normal à 2,42 g/l, et le
HDL-cholestérol bas à 0,37 g/l.
L'augmentation des triglycérides associée à une baisse importante du HDL-cholestérol peut entraîner un risque cardio-vasculaire et nécessite donc une étape diététique. L'examen clinique est normal.L'enquête alimentaire initiale est réalisée selon un questionnaire de fréquence et donne les résultats suivants :
- calories: 2 295 Cal/j, - protides: 14 % de l'apport énergétique total, - glucides: 54 % avec une répartition deux tiers sucres simples, un tiers sucres complexes, - lipides : 32 % avec la répartition acides gras saturés : 54 %, acides gras poly-insaturés : 7 % et acides gras mono-insaturés :39%, - alcool : 15 g/j. L'analyse informatisée ci-dessus est exposée pour concrétiser les anomalies de l'alimentation de ce patient, mais n'est pas indispensable pour le conseil nutritionnel. |
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CONDUITE À TENIR |
Dans le cadre de
l'hypertriglycéridémie, l'analyse se tournera vers la
consommation de sucres et d'alcool. La consommation d'alcool est très modérée et n'est vraisemblablement pas à l'origine de l'hypertriglycéridémie. En ce qui concerne les sucres, la proportion idéale est une répartition en faveur des sucres complexes (2/3) par rapport aux sucres rapides (1/3). Ainsi, il sera demandé au sujet de remplacer la consommation :- de boissons sucrées par de l'eau minérale gazeuse, - de laitages sucrés et de pâtisserie par des produits laitiers nature sans sucre (yaourt, petit suisse, fromage blanc 20 %), - de la charcuterie par des crudités ou de la salade, - de limiter la consommation de confiture, de sucre, - de réaliser un apport de légumineuses (lentilles, pois chiches, pois cassés, haricots blancs...) une fois par semaine, qui aura pour avantage d'augmenter sensiblement la quantité de sucres complexes. Enfin, il ne faut pas oublier l'exercice physique qui a un effet hypotriglycéridémiant certain. |
Hypertriglycéridémie pure (type IV) |
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HISTOIRE DU PATIENT |
M. R..., 35 ans, se
plaint depuis douze heures de douleurs abdominales extrêmement
violentes, avec nausées, vomissements, diarrhée, ces
douleurs évoluant par paroxysmes.
Des dosages d'amylasémie et de lipasémie nettement élevés, un pancréas augmenté de volume, aux contours flous, avec du liquide péritonéal, confirment le diagnostic de pancréatite aiguë. Il a déjà fait des épisodes douloureux analogues, mais moins violents et de durée plus brève.Le contrôle sanguin retrouve un sérum lactescent, un taux de cholestérol total à 10 g/l, des triglycérides à 60 g/l. Il mesure 1 m 70, pèse 60 kilos. La glycémie est à 1 g/l. |
DIAGNOSTIC |
Il s'agit d'une pancréatite
aiguë au cours d'un hyperlipoprotéinémie. Le rapport triglycérides/cholestérol total étant de 5 à 6, il s'agit de VLDL en excès, c'est-à-dire d'une hypertriglycéridémie majeure endogène de type IV. Elle peut être dépendante des glucides, d'une obésité, ou d'un excès de boissons alcoolisées. Ici, le poids est normal pour la taille, la glycémie est normale.En revanche, l'interrogatoire retrouve la prise de boissons alcoolisées en très grande quantité: 3 litres de bière/jour, nombreux apéritifs, vin à table... |
CONDUITE À TENIR |
Dans l'immédiat:
il faut respecter une diète absolue et mettre le patient sous
aspiration digestive, antispasmodiques et antalgiques, l'évolution
de l'hypertriglycéridémie se faisant vers la
quasi-normalisation des taux lipidiques en quelques jours. Secondairement, un régime sans aucune boisson alcoolisée devra être respecté à la lettre (pas de cidre, bière, vin, apéritif et liqueur). Ce n'est que dans le cas de l'évolution tardive vers un faux kyste du pancréas qu'un recours chirurgical sera envisagé. |
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