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Hypercholestérolémie pure (type IIa)

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Cas cliniques

Hyperlipoprotéinémies primitives plus rares (type III et I) Hyperlipidémie combinée (ou mixte) (type IIb) Hypertriglycéridémies pures (type IV)  

Hypercholestérolémie pure (type IIa) - 1/


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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 35 ans consulte à la suite du dépistage d'une hyperlipidémie lors d'un bilan de santé systématique.
Il est strictement asymptomatique. Il fait 2 heures de sport par semaine, n'a pas d'autre facteur de risque vasculaire.
Il n'a pas d'antécédent familial de maladie vasculaire prématurée, ni de dyslipidémie (sa mère aurait peut-être une cholestérolémie « limite » sans plus de précision).

L'examen clinique est normal avec un poids à 78 kg pour 1 m 75, des chiffres tensionnels à 130/80 mmHg, il n'y a pas de dépôt lipidique extra-vasculaire, ni d'anomalie à l'examen cardiaque ou vasculaire périphérique.

Le bilan lipidique indique:
  • cholestérol total : 7,10 mmol/l (2,75 g/l),
  • triglycérides : 1,6 mmol/l (1,40 g/l),
  • HDL cholestérol : 1,29 mmol/l (0,50 g/l),
  • LDL cholestérol : 5,09 mmol/l (1,97 g/l), calculé par la formule de Friedewald (applicable si TG < 4.5 mmol/l=4 g/l):
    LDL-C=C total - HDL-C - TG/2,2 (en mmol/l)
    LDL-C=C total - HDL-C - TG/5 (en g/l)
  • apolipoprotéine B : 1,40 g/l.
L'enquête alimentaire révélera une consommation quotidienne de 3 200 calories, dont 40 % d'apport sous forme lipidique (dont plus de 50 % sous forme d'AG saturés).

DIAGNOSTIC

HYPERCHOLESTEROLEMIE POLYGENIQUE
  • Cholestérolémie modérément élevée (6,5 - 7,8 mmol/l).
  • Antécédents familiaux d'hypercholestérolémie: inconstants.
  • Risque athérogène modéré.
  • Résultante d'une prédisposition génétique (polygénique) et de facteurs « d'environnement » (diététique).
  • Mesures hygiéno-diététiques souvent efficaces.
Il s'agit d'une hypercholestérolémie modérée de type IIa.
Au niveau des lipoprotéines, la seule anomalie concerne l'élévation du LDL-cholestérol.

Le cadre le plus probable est celui de l'hypercholestérolémie polygénique en raison de sa grande fréquence dans la population et l'absence d'antécédent familial défini (à rechercher systématiquement). Cette forme serait la résultante d'une prédisposition génétique (plusieurs gènes impliqués probablement) et de facteurs « d'environnement » (diététiques particulièrement). Elle entraîne des hypercholestérolémies le plus souvent modérées (6,5- 7,8 mmol/l).

Le risque athérogène existe, proportionnellement au niveau de l'hypercholestérolémie, mais semble plus modéré que dans les formes génétiquement mieux définies (comme l'hypercholestérolémie familiale essentielle). La sensibilité aux modifications hygiéno-diététiques peut être importante.

CONDUITE A TENIR

Les objectifs à atteindre seront ici modérés car il n'y a pas d'autre facteur de risque. En accord avec les recommandations internationales, on peut proposer de cibler une concentration de LDL-cholestérol souhaitable à 4,1 mmol/l (1,60 g/l).

Il faut, si possible, en rester aux seules recommandations hygiéno-diététiques, qui sont souvent suffisantes dans ces formes modérées. Les conseils viseront bien sûr ici à diminuer essentiellement les calories d'origine lipidique (qui doivent représenter 30 % à 35 % de l'apport énergétique totale). Les apports de cholestérol alimentaire et surtout de graisses saturées (d'origine animale) seront réduits. La répartition recommandée concernant les acides gras alimentaires est classiquement un tiers d'acides gras saturés, un tiers d'acides gras mono-insaturés, un tiers d'acides gras poly-insaturés.

L'introduction d'un traitement médicamenteux ne sera envisagée qu'après plusieurs mois de mise en oeuvre de ces mesures de façon continue et contrôlée, si le bilan restait nettement supérieur aux objectifs ciblés: LDL-cholestérol > 4,9 mmol/l (1,90 g/l).

Hypercholestérolémie pure (type IIa) - 2/

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HISTOIRE DU PATIENT

Mme..., âgée de 33 ans, consulte à la suite d'un infarctus du myocarde survenu chez son père à l'âge de 55 ans.
Elle n'a aucun antécédent pathologique personnel particulier.
Elle a deux enfants âgés de 10 et 8 ans et a actuellement une contraception par stérilet.

Sur le plan biologique, l'interrogatoire retrouve la vague notion d'un bilan lipidique effectué au moment du début de la contraception œstroprogestative que cette patiente a suivie pendant quelques années, et qui aurait révélé une augmentation du cholestérol dont la malade se serait peu soucié mais qui a conduit à la prise de quelques précautions alimentaires.

Mme... n'a jamais fumé, a une tension artérielle mesurée à 135/75 mm Hg, un poids à 60 kg et une taille à 1,66 m. L'examen clinique ne révèle aucun signe clinique d'athérosclérose, mais montre la présence discrète de xanthomes achilléens et des extenseurs des 2e et 3e doigts de chaque main.

Le bilan biologique donne les résultats suivants :

  • cholestérol: 3,95 g/l,
  • triglycérides: 1,20 g/l

DIAGNOSTIC

La première synthèse diagnostique peut être réalisée à partir des éléments suivants:
  • femme jeune,
  • hypercholestérolémie,
  • antécédent familial d'athérosclérose précoce (avant 60 ans),
  • dépôts lipidiques extravasculaires,
  • pas d'autre facteur de risque (pas de tabagisme, pas d'hypertension artérielle, pas de surpoids)
Le diagnostic est donc celui d'une hypercholestérolémie familiale (cholestérol élevé, xanthomes tendineux, antécédents familiaux précoces d'athérosclérose).

CONDUITE À TENIR

Les questions posées sont : établir un diagnostic précis comme base thérapeutique, décider d'un objectif au traitement, mettre en place une thérapeutique.

Le diagnostic précis concerne la biologie : le critère thérapeutique majeur est le LDL-cholestérol. Il est donc indispensable de connaître ce paramètre avant tout traitement. Le LDL-cholestérol va être calculé à partir d'un deuxième bilan biologique habituellement réalisé environ deux à quatre semaines après le premier.

Les résultats de ce bilan biologique sont les suivants : cholestérol total=3,85 g/l, triglycérides=1,05 g/l, HDL-cholestérol=0,45 g/l. Le LDL-cholestérol calculé (LDL-cholestérol=cholestérol total - HDL-cholestérol - triglycérides/5) est ainsi de 3,19 g/l. Cette concentration est nettement élevée. Ce deuxième bilan a également pour but de confirmer le premier bilan biologique avant la mise en route d'un traitement au long cours.

Le traitement est indispensable en raison d'un LDL-cholestérol supérieur à 1,90 g/l. Le but thérapeutique est fixé en fonction des éléments cliniques et biologiques. Comme cette femme n'a qu'un seul facteur de risque (antécédent familial d'athérosclérose précoce), le but thérapeutique est celui d'un LDL-cholestérol à 1,60 g/l. Pour parvenir à ce but thérapeutique, le traitement est d'abord diététique, puis médicamenteux.

Bien qu'il soit classique de n'observer qu'une faible réponse des sujets présentant une hypercholestérolémie familiale à la diététique, deux raisons militent pour une courte phase diététique. En premier lieu, certains de ces sujets ont parfois une réponse non négligeable à la diététique. Par ailleurs, les modifications du métabolisme des lipoprotéines en période postprandiale peuvent constituer un facteur de risque en cas de déséquilibre alimentaire.

Un interrogatoire alimentaire par fréquence des aliments consommés par Mme... révèle les consommations suivantes : viande rouge, essentiellement du boeuf, quatre fois par semaine, volaille une fois par semaine, poisson deux fois par semaine, oeufs trois fois par semaine, jamais de charcuterie, consommation de produits laitiers chaque jour et utilisation de margarine et d'huile de tournesol, mais consommation très faible de beurre, enfin un fruit par jour. Cette enquête montre a priori une alimentation équilibrée qui pourra être précisée au fil des consultations.

Le traitement sera donc rapidement médicamenteux. Il est habituel de débuter par une statine. Après quatre à six semaines de traitement avec un comprimé de statine pris le soir, le bilan biologique est le suivant: cholestérol=3,03 g/l, triglycérides=0,85 g/l et HDL-cholestérol=0,47 g/l. Le LDL-cholestérol est donc calculé à 2,39 g/l. L'objectif n'étant pas atteint, la dose du traitement est augmentée (deux comprimés par jour toujours pris le soir).

Quatre à six semaines plus tard, le bilan biologique est le suivant : cholestérol=2,55 g/l, triglycérides=0,80 g/l et HDL-cholestérol=0,48 g/l, soit un LDL-cholestérol=1,91 g/l. Bien que le LDL-cholestérol ait diminué, l'objectif n'est pas atteint.

Une association thérapeutique est donc indispensable et le deuxième hypolipidémiant choisi est une résine (Questran®) prise à doses progressives (augmentation d'un sachet tous les 10 jours) jusqu'à la dose de deux ou trois sachets par jour. L'adaptation de la dose de résine se réalise de façon similaire à celle de la statine, à savoir après un bilan après quatre à six semaines d'adaptation de la dose. La dose maximale de résine est de 6 sachets par jour.

Quelques autres points peuvent être discutés :

  • Faut-il réaliser un ECG d'effort pour dépister une insuffisance coronaire silencieuse ? Ce test a un « rendement » très faible pour le dépistage d'une ischémie coronaire. Il peut être réalisé chez des sujets dont le risque est élevé. Cependant, l'âge peu élevé de cette femme peut faire différer cet examen.
  • Le dépistage d'une hypercholestérolémie chez les enfants de Mme... est indispensable grâce à un bilan lipidique simple, cholestérol total et triglycérides.
  • La contraception comportant l'éthinyloestradiol 20 g et un progestatif non androgénique peut être admise dès que l'hypercholestérolémie est normalisée.
  1. Indication thérapeutique médicamenteuse devant une hypercholestérolémie pure :
    • après diététique, si le LDL-cholestérol est > 1,90 g/l,
    • ou si le LDL-cholestérol est > 1,60 g/l en présence de deux facteurs de risque (sexe masculin, hypertension artériel tabagisme, surpoids, antécédents familiaux d'athérosclérose) ou si le sujet est déjà atteint d'athérosclérose.
  2. Comment choisir l'hypolipidémiant : trois facteurs interviennent, le malade, la maladie, le médicament.
    • Malade : il s'agit de dépister les pathologies éventuelles du malade et les traitements déjà prescrits pour éviter les interférences médicamenteuses ou aggraver des signes fonctionnels (essentiellement digestifs) existants.
    • Maladie : il faut évaluer le gain à obtenir en fonction du point de départ du LDL-cholestérol et de l'objectif à atteindre.
    • Médicament : deux paramètres sont à connaître, l'efficacité habituelle et la tolérance (Tableau 1).
TABLEAU 1
MÉDICAMENT ÉFFICACITÉ SUR LE
LDL-CHOLESTÉROL

TOLÉRANCE :
PROBLÈMES EVENTUELS
Fibrates 20 - 30 % Foie
cholestyramine 30 % Goût / Constipation
statines 40 % Foie

Hypercholestérolémie pure (type IIa) - 3/

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HISTOIRE DU PATIENT

M. F..., 52 ans, ingénieur, consulte son médecin traitant pour une asthénie.
Il est asymptomatique au plan cardio-vasculaire. Il n'a jamais eu de bilan lipidique. Il n'existe pas d'antécédents familiaux de dyslipidémie ni d'athérosclérose précoce.

Les facteurs de risque sont représentés par un tabagisme (10 cigarettes par jour) et un mode de vie sédentaire.

A l'examen: taille 1,78 m, poids 80 kg (BMI=25 kg/m2), TA 13/8, auscultation cardio-pulmonaire normale, tous les pouls périphériques sont perçus sans souffle, pas de signe d'imprégnation lipidique ni cutané, ni ophtalmique.

Le bilan biologique réalisé après douze heures de jeûne donne les résultats suivants :

  • sérum clair,
  • cholestérol total : 2,45 g/l,
  • triglycérides : 1,10 g/l,
  • HDL (par précipitation) : 0,42 g/l,
  • LDL (calculé) : 1,81 g/l,
  • apo B : 1,20 g/l.
Enquête alimentaire :
  • 150 g de viande (boeuf, mouton, porc) par jour,
  • poisson une fois par semaine,
  • volaille deux fois par semaine,
  • 4 oeufs par semaine,
  • fromage : ¼ camembert par repas,
  • charcuterie une fois par semaine,
  • 2 verres de vin par repas.

DIAGNOSTIC

Il s'agit d'un homme porteur d'une hypercholestérolémie pure polygénique non familiale. Ce type d'hypercholestérolémie en relation avec des erreurs alimentaires reste modéré et dépasse rarement 3 g/l de cholestérol total.

CONDUITE A TENIR

Dans l'hypercholestérolémie pure polygénique, les règles hygiénodiététiques s'avèrent efficaces et, le plus souvent, suffisent à atteindre l'objectif thérapeutique.

LISTE DES FACTEURS DE RISQUE CARDIO-VASCULAIRE ASSOCIÉS
PERMETTANT DE PRÉCISER L'OBJECTIF THERAPEUTIQUE
  • sexe masculin,
  • tabagisme,
  • hypertension artérielle,
  • diabète,
  • obésité (BMI > 30 kg/m2),
  • HDL < 0,35 g/l chez l'homme, < 0,45 g/l chez la femme,
  • antécédents familiaux d'athérosclérose précoce.
OBJECTIFS THÉRAPEUTIQUES
EN PRÉVENTION PRIMAIRE
  • Avec moins de deux facteurs de risque associés:
    • cholestérol total inférieur ou égal à 2,50 g/l,
    • LDL inférieur ou égal à 1,60 g/l,
    • triglycérides inférieur ou égal à 2 g/l.
  • Avec au moins deux facteurs de risque associés :
    • cholestérol total inférieur à 2 g/l,
    • LDL inférieur ou égal à 1,30 g/l,
    • triglycérides inférieur ou égal à 1.50 g/l.
  1. Modifier les habitudes alimentaires: diminuer la consommation de graisses saturées (viande, fromage, beurre) et de cholestérol (oeufs : deux par semaine), augmenter la consommation de graisses poly-insaturées (deux ou trois plats de poisson par semaine y compris des poissons gras) et mono-insaturées (notamment sous forme d'huile d'olive), favoriser la consommation de légumes et de fruits.
  2. Arrêter de fumer.
  3. Favoriser l'activité physique.

Ces deux mesures permettent d'augmenter le cholestérol HDL.

La prise en charge d'une hyperlipidémie débute toujours par les règles hygiéno-diététiques adaptées. L'objectif thérapeutique vise à abaisser le taux de cholestérol total et de LDL cholestérol afin de prévenir l'apparition d'une athérosclérose symptomatique. Deux mois après, M. F. A arrêté de fumer et le contrôle du bilan lipidique donne les résultats suivants :
  • sérum clair,
  • cholestérol total : 2,15 g/l,
  • triglycérides : 1,20 g/l,
  • HDL : 0,50 g/l,
  • LDL : 1,41 g/l,
  • apo B : 1,10 g/l.

Hypercholestérolémie pure (type IIa) - 4/

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HISTOIRE DU PATIENT

Une femme de 35 ans a un taux de :
  • cholestérol total : 2,60 g/l,
  • triglycérides : 1 g/l,
  • HDL cholestérol : 0,30 g/l dosé par une technique de précipitation,
  • apolipoprotéine A1 : 0,80 g/l,
  • apolipoprotéine B : 1,50 g/l.
L'examen clinique retrouve un arc cornéen, sans autre dépôt extravasculaire de cholestérol.
Il n'y a pas d'antécédents cardio-vasculaires, coronaniens notamment. Mais on retrouve, dans la famille paternelle, des cas d'hypercholestérolémie et de coronaropathie aux environs de l'âge de 55 ans.

DIAGNOSTIC

Il existe une hypercholestérolémie avec hypo-HDLémie : le HDL est en effet diminué, confirmé par le taux également diminué de l'apolipoprotéine A1. Si l'on calcule le LDL cholestérol par la formule de Friedewald, on a un LDL cholestérol à 2,10 g/l, donc élevé, ce qui est retrouvé au niveau de l'apolipoprotéine B également élevée à 1,50 g/l.

CONDUITE À TENIR

Il est donc nécessaire d'envisager, dans un premier temps, un régime anticholestérol standard, pauvre en cholestérol, en graisses saturées, et enrichi en graisses mono- et poly-insaturées et la contre-indication transitoire d'une contraception par pilule œstroprogestative.
Secondairement, un traitement médicamenteux se discutera si le LDL cholestérol reste supérieur à 1,90 g/l malgré le régime.

Forme hétérozygote de xanthomatose tendineuse hypercholestérolémique familiale

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 40 ans a un taux de :
  • cholestérol total : 4,50 g/l,
  • triglycérides : 1 g/l,
  • HDL cholestérol : 0,30 g/l.
L'examen clinique retrouve un arc cornéen, un xanthélasma, des xanthomes au niveau des tendons extenseurs des 3e et 4e doigts des deux mains et des deux tendons d'Achille.

Il n'a pas de crise douloureuse angineuse, mais une épreuve électrocardiographique d'effort positive.

Sous 40 mg par jour de statine, le traitement est bien toléré, le cholestérol à 3,20 g/l, les triglycérides à 1 g/l, le HDL cholestérol toujours à 0,30 g/l. Le LDL cholestérol, bien que nettement amélioré (il est passé de 4 à 2,70 g/l), reste encore nettement élevé.

DIAGNOSTIC

Il s'agit d'une xanthomatose tendineuse hypercholestérolémique familiale, et un traitement par les statines, en plus du régime anticholestérol standard classique, s'impose dans un premier temps.

CONDUITE À TENIR

Sous la dose maximum de 40 mg de statine par jour, le LDL cholestérol reste beaucoup trop élevé et représente un facteur majeur de risque cardio-vasculaire chez cet homme ayant une insuffisance coronarienne électrique. Il existe une synergie d'action tout à fait nette et intéressante entre les statines et les résines. Il faut donc associer du Questran® à dose progressive.

Un nouveau contrôle métabolique sous 40 mg de statine et trois sachets de Questran® révèle un taux de cholestérol total à 2,30 g/l, des triglycérides à 1 g/l et un HDL cholestérol à 0,40 g/l, soit un LDL cholestérol à 1,70 g/l, donc beaucoup plus acceptable.


Forme homozygote d'hypercholestérolémie familiale (type IIa) ou xanthomatose cutanéo-tendineuse

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HISTOIRE DU PATIENT

Le jeune Alexis B..., 5 ans, est amené par ses parents, car un contrôle sanguin général de la Sécurité Sociale a révélé un taux de cholestérol total à 8,60 g/l.

L'examen clinique ne retrouve pas d'arc cornéen, pas de xanthélasma, pas de xanthomes tendineux. En revanche, il existe des xanthomes cutanés (plans et tubéreux) au niveau des faces d'extension des articulations (coudes et genoux). L'auscultation des différents trajets vasculaires note l'existence d'un souffle carotidien bilatéral et fémoral droit. La fonction thyroïdienne est normale.

Le bilan biologique, effectué au bout de douze heures de jeune, donne les résultats suivants :
  • sérum clair,
  • cholestérol total : 8,15 g/l,
  • triglycérides normaux : 0,55 g/l,
  • HDL cholestérol bas : 0,30 g/l,
  • apolipoprotéine B très élevée : 3,15 g/l (N < 1,30 g/l),
  • apolipoprotéine A1 basse : 0,80 g/l (N > 1,20 g/l).
Le taux de lipoprotéine (a) est également élevé à 0,65 g/l (N inférieure à 0,30 g/l ou plutôt à 0,45 g/l avec les nouvelles techniques de dosage).

DIAGNOSTIC

Une telle anomalie biologique est possible, mais heureusement exceptionnelle (un cas sur un million d'individus).
Il s'agit d'une forme homozygote d'hypercholestérolémie pure (de type IIa) ou xanthomatose cutanéo-tendineuse :
  • La fréquence du gène de l'hypercholestérolémie pure est de 1/500 individus en France. La probabilité pour que les deux parents aient une telle affection est donc de 1/500 x 1/500=1/250 000, et la probabilité pour qu'ils aient un enfant homozygote est donc de 1/1 million.
  • Cette affection est avant tout caractérisée par des xanthomes cutanés, parfois présents dès la naissance, plans ou tubéreux, siégeant en n'importe quel point du revêtement cutané. Il existe cependant des zones d'élection comme les espaces intercommissuraux des mains et les faces d'extension des articulations (coudes, genoux).
    Les autres dépôts extra-vasculaires de cholestérol (arc cornéen, xanthélasma, xanthomes tendineux) apparaissent en général plus tard, rarement avant l'âge de 8 ou 10 ans.
  • Biologiquement, on a une « formule » d'hypercholestérolémie pure, mais à un très haut niveau: sérum clair, augmentation du cholestérol total à plus de 6 g/l avant l'âge de 10 ans, du cholestérol des LDL à plus de 5 g/l et de l'apolipoprotéine B. Avec triglycérides normaux et, bien souvent aussi, diminution du cholestérol des HDL et de l'apolipoprotéine A1.
  • Le risque athérogène est à son maximum, et des complications coronariennes avec angor et/ou infarctus du myocarde à des âges aussi incroyables que 5, 10 ou 15 ans sont habituelles. L'espérance de vie, en l'absence de traitement efficace, ne dépasse pas 20 ans.
  • Le traitement hypolipidémiant classique (régime et médicaments) est, dans la majorité des cas, inefficace. C'est pourquoi des traitements « héroïques » ont été proposés: shunt porto-cave (qui ne donne malheureusement que des baisses transitoires pendant 4 ou 5 ans, de la cholestérolémie), plasmaphérèses, voire même transplantation hépatique.
    On s'oriente de plus en plus, actuellement, vers des LDL-aphérèses qui permettent d'épurer plus spécifiquement les LDL, en respectant les HDL, au rythme d'une séance toutes les deux semaines. Ce traitement est évidemment très coûteux, mais en général bien supporté.
  • Il s'agit d'une anomalie des récepteurs: absence totale des récepteurs des LDL au niveau des membranes des différentes cellules de l'organisme (« récepteurs négatifs ») ou diminution importante du nombre de ces récepteurs (« récepteurs déficients », c'est-à-dire 5 % à 30 % de récepteurs, par rapport à un sujet hétérozygote qui a environ 50 % de récepteurs, et à un sujet normal qui a 100 % de récepteurs par définition). D'autres mécanismes physio-pathologiques sont également possibles.
  • Ces LDL, ne pouvant pas être catabolisées par la voie normale des récepteurs, ont une durée de demi-vie plasmatique augmentée, se modifient (s'oxydent en particulier) et les LDL oxydées sont captées par des récepteurs spécifiques scavenger situés au niveau de la membrane des macrophages. Elles transforment le macrophage en cellule spumeuse qui joue un rôle fondamental dans le développement de l'athérosclérose.
  • L'enquête familiale a retrouvé une hypercholestérolémie pure chez les deux parents, LDL cholestérol à 2,20 g/l chez le père et 2,35 g/l chez la mère, tous deux ayant des triglycérides et un HDL cholestérol normaux. La transmission génétique se faisant sur un mode autosomique dominant monogénique, les deux parents ayant une forme hétérozygote d'hypercholestérolémie pure de type IIa vont engendrer 25 % de sujets homozygotes, 50 % de sujets hétérozygotes et 25 % de sujets normaux.

CONDUITE À TENIR

Les LDL-aphérèses représentent aujourd'hui le traitement le plus efficace. On manque encore de recul et d'une expérience plus importante pour dire si la thérapie génique (incorporation dans le génome des hépatocytes par un rétro-virus, ou mieux un adénovirus du gène normal du récepteur des LDL) sera véritablement la thérapeutique d'avenir.

Hypercholestérolémie (type IIa) et contraception hormonale

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HISTOIRE DU PATIENT

Une femme de 24 ans sans antécédent personnel particulier consulte car elle souhaite prendre une contraception hormonale.
Elle ne fume pas, ne boit pas.
L'interrogatoire ne retrouve pas d'antécédent familial particulier : il n'y a pas notamment d'accident cardio-vasculaire prématuré chez ses ascendants.

L'examen abdominal et neurologique est normal, de même que l'auscultation cardiaque. Le poids est de 58 kg pour une taille de 1 m 65; la TA est à 125/80. Il n'existe pas de dépôts extravasculaires (arc cornéen, xanthomes tendineux, xanthélasma).

Le bilan biologique montre:
  • cholestérolémie : 2,65 g/l,
  • triglycéridémie : 0,80 g/l,
  • HDL-cholestérol : 0,57 g/l,
  • apolipoprotéine B : 1.15 g/l,
  • apolipoprotéine A1 : 1,50 g/l.
L'électrophorèse sur agarose montre une discrète élévation des bêta lipoprotéines et le LDL-cholestérol calculé est à 1,92 g/l (formule de Friedewald). La créatininémie est normale, de même la TSH, les gamma GT et la glycémie.

DIAGNOSTIC

Cette femme présente une hypercholestérolémie de type IIa.

CONDUITE À TENIR

Il faut bien entendu lui conseiller un régime pauvre en graisses saturées et en cholestérol.
Elle souhaite un avis sur la possibilité d'une contraception hormonale. Ce type d'hyperlipidémie n'est pas une contre-indication formelle à une contraception œstroprogestative. En effet, elle ne fume pas et sa triglycéridémie est tout à fait normale.

Le risque de la pilule oestro-progestative est plus lié à la possibilité de thrombose qu'à celle d'athérosclérose.

Chez cette femme jeune, l'hypercholestérolémie est un facteur de risque ultérieur d'athérosclérose; en revanche, le risque d'accident de thrombose n'est pas très supérieur à celui de la population normolipidémique.

En effet, l'hypercholestérolémie pure (type IIa), contrairement aux hypertriglycéridémies, ne s'accompagne pas d'anomalie importante de la coagulation. Il est logique de choisir une contraception faiblement dosée en œoestrogènes (20 à 35 gamma d'éthinyl-oestradiol).

Les deux alternatives sont la contraception progestative pure dont les risques athérogènes ne sont pas totalement exclus et dont la tolérance est loin d'être toujours parfaite, et l'interdiction de la pilule qui semble disproportionnée avec le risque cardio-vasculaire.

Il est malgré tout nécessaire de contrôler l'évolution des paramètres lipidiques et de rediscuter l'indication de cette contraception si le LDL-cholestérol ou les triglycérides augmentaient de façon importante. En effet, il est souvent écrit que ce type de contraception ne modifie pas statistiquement les paramètres lipidiques. Il ne faut pas oublier que certaines femmes sont plus sensibles à l'effet délétère des oestrogènes.

Les études effectuées permettent seulement d'affirmer qu'en moyenne il n'y a pas de différence statistiquement significative des paramètres lipidiques sous ce type de contraception.

Ménopause et traitement hormonal substitutif oestroprogestatif

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HISTOIRE DU PATIENT

Madame N..., 55 ans, est ménopausée depuis deux ans.
Elle est adressée pour savoir s'il est possible d'envisager un traitement hormonal substitutif compte tenu d'un taux de cholestérol total à 2.80 g/l et d'antécédents familiaux d'hypercholestérolémie pure de type IIa dans la lignée paternelle.

L'examen clinique ne retrouve qu'un arc cornéen bilatéral, sans xanthélasma, ni xanthome cutané ou tendineux. Pression artérielle, examen cardio-vasculaire, fonction thyroïdienne sont normaux. Il n'y a pas d'autres facteurs de risque cardio-vasculaire.

Les résultats du bilan lipidique au bout de douze heures de jeûne sont les suivants :
  • sérum clair à jeun,
  • cholestérol total : 2.80 g/l (N de l'ordre de 2 g/l),
  • triglycérides : 0.50 g/l (N < 2 g/l, ou mieux 1.50 g/l),
  • HDL cholestérol : 0.50 g/l (N > 0.35 g/l),
  • apolipoprotéine B : 1.53 g/l (N < 1.30 g/l),
  • apolipoprotéine A1 : 1.40 g/l (N > 1.20 g/l).
Cela donne un LDL cholestérol calculé par la formule de Friedewald à 2.20 g/l : C-LDL=CT - TG/5 (en g/l, formule valable à condition que les TG soient inférieurs à 3 ou 4 g/l).
Glycémie et uricémie sont normales.

DIAGNOSTIC

Il s'agit donc d'une hypercholestérolémie athérogène de type IIa avec élévation du LDL cholestérol, de l'apoprotéine B et du rapport CT/C-HDL=5.6. La fonction thyroïdienne est normale.

CONDUITE À TENIR

  • Une telle formule contre-indique temporairement certaines prescriptions hormonales, comme une pilule œstroprogestative normo-dosée chez la femme jeune. Mais le problème du traitement hormonal substitutif de la ménopause est tout autre car on utilise des hormones plus physiologiques et on s'efforce de rétablir simplement ce qui se passait avant la ménopause.
  • Toutes les études épidémiologiques vont pratiquement dans le même sens: le risque relatif (cardio-vasculaire) des femmes ménopausées non traitées par rapport aux femmes non ménopausées de même âge est constamment augmenté: 2,7 pour l'étude de Framingham; 2,2 pour l'étude de Boston; en cas de ménopause précoce, près de vingt études mettent en évidence une augmentation du risque cardio-vasculaire, alors que le risque relatif (cardio-vasculaire) des femmes ménopausées traitées par rapport aux femmes ménopausées non traitées est constamment diminué (à deux études près) de l'ordre de 50 %. C'est-à-dire qu'il y a 50 % de moins de complications cardio-vasculaire chez la femme ménopausée traitée que chez la femme ménopausée non traitée.
  • Par ailleurs, les études prospectives effectuées chez des femmes qui deviennent ménopausées mettent constamment en évidence, au moment de la ménopause, une augmentation des fractions lipidiques athérogènes (CT, TG, C-LDL et Apo B) et une légère diminution de la fraction anti-athérogène (C-HDL et Apo A1), mais celle-ci reste quand même supérieure aux taux masculins.
  • Le traitement substitutif sera le plus physiologique possible :
    • les oestrogènes per os (Progynova®, Estrofem® voire oestrogènes conjugués équins) élèvent un peu les TG, diminuent le C-LDL et augmentent le C-HDL, et ont donc un effet largement bénéfique à condition que les TG restent dans les limites de la normale;
    • les oestrogènes par voie per cutanée (Oestrogel®, Oestrodose®) ou transdermique (Estraderm TTS®, Oesclim®, Sisten®) diminuent un peu le C-LDL et augmentent très peu le C-HDL; les triglycérides ne sont pas modifiés, du moins de façon significative et/ou reproductible.
    Les progestatifs ne modifient pas le métabolisme lipidique, à condition de ne pas utiliser de progestatifs norstéroïdes androgéniques, mais de prescrire la progestérone naturelle ou l'isomère de la progestérone ou un dérivé de la 17 hydroxy- ou de la 19 nor- progestérone.
    Ainsi, une hyperlipoprotéinémie athérogène de type IIa n'est pas une contre-indication au traitement hormonal substitutif de la ménopause; compte tenu des chiffres lipidiques, des conseils diététiques simples sont justifiés. Il faut cependant être plus prudent en cas d'hypertriglycéridémie (hyperlipidémie combinée de type IIb et hypertriglycéridémie de type IV).
MENOPAUSE ET TRAITEMENT SUBSTITUTIF
  • La ménopause est un facteur de risque cardio-vasculaire,
  • La ménopause traitée est un facteur de protection, à condition d'utiliser des hormones physiologiques :
    • oestradiol 17 bêta per os ou par voie per cutanée et transdermique,
    • progestatif non norstéroïde androgénique.
  1. L'hypercholestérolémie pure n'est pas une contre-indication au traitement substitutif oestroprogestatif.
  2. Il faut être plus prudent (et bien vérifier les TG) en cas d'hypertriglycéridémie (hyperlipidémie combinée de type IIb et hypertriglycéridémie pure de type IV).

Hypercholestérolémie isolée contrôlée par la diététique et la thérapeutique

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HISTOIRE DU PATIENT

Une femme de 51 ans est ménopausée depuis six mois.
La ménopause est confirmée par l'aménorrhée, un taux bas d'œstradiol plasmatique et une élévation du taux de FSH.

Après son bilan gynécologique, elle est surprise d'entendre son gynécologue lui dire qu'elle pourra recevoir un traitement hormonal, alors qu'elle est traitée depuis vingt ans pour une hypercholestérolémie qui ne lui avait pas permis de prendre la pilule auparavant.

Sous diététique contrôlée et traitement hypolipidémiant - un fibrate puis un inhibiteur de l'HMG Co A réductase -, elle avait, un an avant la ménopause, un taux de cholestérol à 2,40 g/l, un C-HDL à 0,45 g/l et une valeur de la triglycéridémie à 0,80 g/l. Elle n'a jamais eu d'hypertriglycéridémie.

Dans sa famille maternelle, il y a des antécédents d'hypercholestérolémie, sa grand-mère maternelle est morte d'un infarctus après la ménopause et une de ses filles, âgée de 22 ans, a un taux de cholestérol à 3 g/l.

Elle n'a pas de xanthélasma ni de xanthome, n'a pas d'angor et son bilan cardiaque est normal.
Sans avoir modifié sa diététique ni son traitement, elle est surprise de son bilan actuel où le cholestérol total s'est élevé à 2,80 g/l, et le cholestérol HDL s'est abaissé à 0,35 g/l.
Un cardiologue consulté émettait des réserves sur le traitement hormonal de la ménopause...

DIAGNOSTIC

Il s'agit d'une situation bien banale, d'une hypercholestérolémie de type IIa, bien contrôlée, qui s'aggrave au moment de la ménopause par suite de l'hypoœstrogénie.
Cette malade peut recevoir un traitement hormonal; c'est une indication pour contribuer à la protéger de l'infarctus. Ce n'est pas une contre-indication, bien au contraire.

Pendant la période d'activité génitale, la femme est protégée par la sécrétion oestrogénique. L'oestradiol favorise la baisse du cholestérol LDL, l'élévation du C-HDL et la baisse des triglycérides. L'oestradiol agit aussi au niveau de l'endothélium des vaisseaux artériels et favorise le flux vasculaire et la vasodilatation. L'oestradiol forme avec les lipoprotéines circulantes un complexe peu sensible à la péroxydation.

La femme a donc besoin d'oestrogènes pour se protéger de l'athérothrombose. Après la ménopause, si elle n'est pas traitée, elle augmente ses risques, surtout si elle fume.

CONDUITE À TENIR

On conseillera à cette femme de l'oestradiol par voie percutanée (crème ou dispositif transdermique) pour mimer au mieux la sécrétion physiologique. Les formes orales d'oestradiol baissent également le C-LDL et élèvent le C-HDL, mais ont tendance à élever les triglycérides. Les oestrogènes conjugués équins ont une action plus ample sur le C-HDL et le C-LDL mais sont plus hypertriglycéridémiants.

Si l'on évalue les effets protecteurs des oestrogènes par l'action sur le métabolisme lipidique, ces effets n'interviendraient que pour 25 % dans la réduction du risque. L'effet vasculaire direct sur l'endothélium et le flux artériel, avec une action antagoniste sur la vasoconstriction, interviendrait vraisemblablement pour une plus large part.

Un progestagène dérivé de la nor-progestérone peut être associé en seconde partie de cycle : l'acétate de chlormadinone (Luteran®), l'acétate de nomegestrol (Lutenyl®) et la promegestone (Surgestone® 500 mg), sans risque d'aggraver l'équilibre lipidique. Le traitement prolongé par l'acétate de chlormadinone a bien été établi : pas d'effet nocif sur le poids, la TA systolique, la glycémie et l'insulinémie, le cholestérol total, le C-HDL et le C-LDL, ainsi que l'apo B. La tension diastolique s'abaisse. L'apo A1 diminue transitoirement puis revient à l'état initial. Il n'y a pas de baisse de l'antithrombine III. On peut utiliser également de la progestérone sous forme d'Utrogestan® ou l'isomère de la progestérone (Duphaston®).
Pouvait-on prescrire une pilule œstroprogestative chez cette femme avant la ménopause ? La question est posée par cette femme ménopausée pour sa fille.
La prudence était de règle avec les oestroprogestatifs classiques. Actuellement, lorsque l'hypercholestérolémie est isolée (c'est-à-dire de type IIa, avec des triglycérides normaux) et bien contrôlée par la diététique et la thérapeutique, on peut prescrire sous surveillance métabolique une pilule avec 20 µg d'éthinyl oestradiol et 150 µg de desogestrel (Mercilon® ou Cycleane® 20). Il n'y a pas, en principe, de risque thrombogène, le cholestérol HDL s'élève légèrement ainsi que l'apo A1. L'apo B n'est pas modifiée, ni le C-LDL, ni le cholestérol total. Les triglycérides s'élèvent modérément.

Traitement diététique de l'hypercholestérolémie pure (type IIa)

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 45 ans sans antécédent particulier, ni personnel, ni familial, consulte pour une hypercholestérolémie à 2,67 g/l, les triglycérides étant normaux à 0,84 g/l.

L'examen clinique est normal.

L'enquête alimentaire initiale est réalisée selon un questionnaire de fréquence et donne les résultats suivants :
Aliment Fréquence Aliment Fréquence
frites 2 fois /semaine huile d'arachide 10 à 40 g /jour
charcuterie 3 fois /semaine
(2 fois du jambon et 1 fois un assortiment pour entrée)
porc 1 fois par semaine
pâtisserie 2 fois /semaine + 1 viennoiserie volaille 2 fois /semaine
fromage 1 à 2 fois /jour poisson 1 fois /semaine
sucre 3 fois /jour oeufs 1 fois /semaine
confiture 30 g le matin agneau 2 fois /semaine
boisson sucrée 1 fois /jour boeuf 1 fois /semaine
beurre 25 à 40 g /jour fruits 5 fois /semaine

Remarque: l'analyse informatisée plus approfondie de l'enquête alimentaire de ce sujet donne les résultats suivants :
calories : 2 067 cal/j.
protides : 14,9 % de l'apport énergétique total,
glucides : 45,0 % avec une répartition 1/3 sucres simples, 2/3 sucres complexes,
lipides : 40,1% avec la répartition acides gras saturés : 52 %, acides gras poly-insaturés : 10 % et acides gras mono-insaturés : 38 %.

CONDUITE À TENIR

L'analyse informatisée ci-dessus est exposée pour concrétiser les anomalies de l'alimentation de ce patient, mais n'est pas utile pour le conseil nutritionnel .

Le questionnaire de fréquence montre une consommation importante de graisses saturées sous la forme de viande (boeuf, porc, agneau), de charcuterie, de pâtisserie, de fromage, de beurre.

Deux équilibres sont à rétablir, celui de la consommation au cours de la semaine et celui de la consommation dans la journée.
Les conseils initiaux seront :
  • l'augmentation de la consommation de poisson pour aboutir progressivement à une fréquence de trois fois par semaine,
  • une consommation quotidienne de fruits, ce qui remplacera celle de la pâtisserie qui ne devrait plus être consommée qu'une fois toutes les deux semaines,
  • la réduction de la consommation de fromage au repas où il n'y a pas de viande en limitant sa quantité à 30 g/jour, en remplaçant le fromage par d'autres produits laitiers moins riches en graisses (lait demi-écrémé, yaourt nature, fromage blanc 20 %),
  • la réduction de la consommation des viandes grasses (porc, agneau) pour aboutir à une consommation peu fréquente,
  • le remplacement de la charcuterie par des crudités ou de la salade,
  • le beurre peut être remplacé par une margarine au tournesol où un apport de vitamines a été réalisé,
  • l'apport de légumineuses (lentilles, pois chiches, pois cassés, haricots blancs...) une fois par semaine,
  • La consommation d'huile (~20 g/jour) ne doit pas être diminuée car l'alimentation doit être normolipidique (lipides ~30-35 % de lipides avec un rapport acides gras saturés/mono-insaturés/poly-insaturés de un tiers, un tiers, un tiers).

Hypercholestérolémie (type IIa) de l'enfant

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HISTOIRE DU PATIENT

Un enfant de 7 ans est amené à la consultation pour la prise en charge d'une hypercholestérolémie importante de découverte récente.
Le dépistage a été fait en raison de l'hypercholestérolémie du père. Il n'y a pas d'antécédent vasculaire dans la famille.

L'examen clinique est normal. Les courbes de croissance et de poids sont normales. Le bilan exclut la possibilité d'une hyperlipidémie secondaire.

Les données biologiques sont les suivantes :
  • cholestérolémie : 2,98 g/l,
  • HDL-cholestérol : 0,55 g/l,
  • triglycéridémie : 0,80 g/l.

DIAGNOSTIC

Il n'est pas justifié actuellement de dépister systématiquement tous les enfants.
Ce dépistage est, en revanche, nécessaire chez les enfants de parents hyperlipidémiques, ou dans les familles où des accidents vasculaires (en particulier coronariens) sont survenus de façon précoce.
Les dyslipoprotéinémies de l'enfant sont représentées le plus souvent par une hypercholestérolémie pure avec triglycéridémie normale comme dans cette observation.
Les données épidémiologiques et thérapeutiques accumulées depuis plusieurs années chez le sujet adulte ont clairement identifié cette anomalie comme étant athérogène.

CONDUITE À TENIR

Le traitement est décidé après vérification des chiffres et mesure de tous les paramètres lipidiques.
Ici, le cholestérol total est nettement supérieur à 2,00 g/l (norrnal chez l'enfant inférieur à 1,70 g/l) :
des conseils alimentaires non draconiens et guidés par les habitudes familiales sont proposés.
La base de la diététique est de limiter la consommation de beurre et d'aliments riches en beurre (viennoiseries, biscuits), de la charcuterie et du gras de la viande.
L'indication d'un traitement hypolipidémiant concerne surtout les hyperlipidémies avec cholestérolémies supérieures à 3,00 g/l. Le seul traitement autorisé avant la fin de la puberté est la cholestyramine (Questran®). La tolérance chez l'enfant n'est pas toujours parfaite et justifie les précautions suivantes : dose faible au départ (un demi sachet), augmentation très lente des doses, préparation de la poudre à l'avance, et il faut signaler que l'heure de la prise et la façon de la prendre importent peu.
Chez cet enfant jeune, la diététique doit, en moyenne, amener la cholestérolémie aux alentours de 2,50 g/l, ce qui est suffisant.
En l'absence d'étude spécifiquement réalisée chez l'enfant, la stratégie actuelle est de corriger les hypercholestérolémies sévères par diététique et médicaments, et de conseiller une diététique raisonnable dans les autres cas.

Chez l'enfant comme chez l'adulte, la prise en charge de l'hypercholestérolémie est justifiée par le risque artériel.

Des études autopsiques réalisées chez l'enfant ont montré que le développement de l'athérome était précoce avec une corrélation entre le développement prématuré de cet athérome avant l'âge de 20 ans et les concentrations de LDL-cholestérol. Les manifestations cliniques de cet athérome sont retardées.

Hypercholestérolémie chez un sujet âgé

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HISTOIRE DU PATIENT

Une femme de 81 ans, asymptomatique, a souhaité bénéficier d'un bilan lipidique : celui-ci indique un cholestérol total à 7,5 mmol/l (2,90 g/l) et des triglycérides à 0,9 mmol/l (0,8 g/l).
Il n'y a pas d'autre facteur de risque cardio-vasculaire.
A la suite de ce bilan, la patiente s'est d'elle-même imposé un régime très strict avec exclusion des graisses.

Elle a perdu 3 kg en quelques mois, le poids passant de 55 à 52 kg pour 1 m 60. Mais elle est désolée de ne constater qu'un effet mineur sur le bilan lipidique : cholestérol 6,9 mmol/l (2,67 g/l) et triglycérides 0,8 mmol/l (0,7 g/l).

L'examen cardiaque et vasculaire périphérique est strictement normal (absence de souffle artériel). Les chiffres tensionnels sont à 140/70 mmHg. Il n'y a pas de dépôt lipidique extravasculaire.

DIAGNOSTIC

HYPERLIPIDÉMIE ET SUJET > 80 ANS
Dépister une dyslipidémie n'est pas indiqué.
Éliminer une hyperlipidémie secondaire (TSH+++).
Déterminer éventuellement HDL-C et LDL-C.
Sujet indemne d'atteinte athéromateuse : abstention.
Si atteinte athéromateuse et espérance de vie suffisante : conseils prudents;
Indications d'un traitement médicamenteux non évaluées.
Dans plusieurs études épidémiologiques, la cholestérolémie reste un facteur prédictif d'atteinte coronarienne chez le sujet âgé. Toutefois sa valeur prédictive relative est plus faible que chez les sujets de moins de 60 ans.

De plus, le bénéfice d'une intervention hypolipémiante chez le sujet âgé a été très peu étudié, la plupart des études d'intervention ayant été réalisées chez les sujets de moins de 60 ans.

Le dépistage d'une dyslipidémie n'est donc pas indiqué chez le sujet âgé asymptomatique.

CONDUITE À TENIR

NB: Dans le cas particulier d'un sujet âgé (> 70 ans) coronarien, donc en situation de prévention secondaire, l'attitude pourrait être discutée à la lumière des résultats récents, très encourageants, des études de prévention secondaire par les hypolipidémiants.
Toutefois, ces études ont été réalisées chez des sujets de moins de 70 ans et l'extrapolation reste incertaine.
Donc les objectifs devraient être plus modérés. Il faut bien sûr tenir compte, à cet âge, d'une espérance de vie suffisante et des problèmes posés par la fréquence de la polymédication.

Dans le cas présent, une hypercholestérolérnie ayant été constatée, que faire vis-à-vis de la patiente ?
  • Éliminer une hypercholestérolémie secondaire. Tout particulièrement à cet âge, une hypothyroïdie dont l'expression peut être fruste (dosage de la TSH), plus rarement un syndrome néphrotique, une cholestase, une dysglobulinémie. . .
  • Déterminer les fractions lipidiques: HDL-C et LDL-C (ou apolipoprotéines A1 et B.). Un niveau favorable de HDL-C (par exemple > 0,60 g/l) ou de ratio C total/HDL-C (par exemple < 5) donnerait des arguments pour rassurer le sujet.
  • Au plan thérapeutique, au-delà de 75-80 ans, la prudence s'impose, surtout s'il n'existe pas d'argument en faveur d'une atteinte athéromateuse.
    Eventuellement quelques conseils diététiques de bon sens peuvent être prodigués. Ils ne doivent en aucun cas être rigoureux et on s'assurera que le sujet ne s'impose pas de régime trop strict: la perte pondérale constatée dans le cas présent est inappropriée, la patiente ayant initialement un poids normal.
    Le traitement médicamenteux n'est pas justifié dans ce cadre.

Hypercholestérolémie pure (type IIa) du sujet âgé

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 70 ans consulte car il est inquiet de ses résultats biologiques.
Il existe, en effet, une hypercholestérolémie à 2,70 g/l avec un taux de triglycérides à 1,40 g/l et un HDL-C à 0,53 g/l.
Ces résultats sont les plus récents et obtenus sous régime type «step one » (Recommandations du National Cholesterol Education Program, c'est-à-dire 300 mg de cholestérol par jour, 30 % de la ration calorique quotidienne sous forme de lipides avec 10 % de graisses saturées, 10 % de graisses mono-insaturées et 10 % de graisses poly-insaturées), suivi de façon stricte depuis six mois.

D'après le patient qui tient une courbe précise de ses résultats depuis un an et demi (date de découverte), les chiffres sont très stables.

Il présente comme antécédent une constipation tenace avec diverticulose non compliquée. C'est par ailleurs un homme actif (1 h 30 de tennis par semaine et 2 h de jogging) en parfaite forme physique. Il n'a jamais fumé.

L'examen clinique complet est strictement normal en dehors d'un adénome bénin de la prostate; sa TA est à 135/90; il pèse 68 kg pour 172 cm.

Faut-il traiter l'hypercholestérolémie chez ce sujet ?

Avant de décider un traitement il faut, comme dans toutes les hyperlipidémies, rechercher les formes secondaires; cette démarche est ici importante car il s'agit d'un sujet âgé dont la dyslipidémie est de découverte récente.

Cette recherche comprend au minimum, et même en l'absence de signe clinique, un dosage de TSH ultrasensible, de la créatinine, des enzymes hépatiques, de la glycémie et une recherche de protéinurie.

DIAGNOSTIC

Cette hyperlipidémie est une hypercholestérolémie pure puisque les triglycérides sont normaux.
L'électrophorèse n'est pas indispensable et montrerait une augmentation des bêtalipoprotéines.

Le LDL-cholestérol se calcule par la formule de Friedewald : le LDL-cholestérol est égal à cholestérol total, moins HDL-cholestérol, moins la concentration de triglycérides divisée par 5 quand les chiffres sont exprimés en grammes par litre.
Dans ce cas le résultat est 2,70 - 0,53 -1,40/5=1,89 g/l.

CONDUITE À TENIR

D'une manière générale, le problème du traitement de l'hyperlipidémie chez le sujet âgé est important car la majorité des coronaropathies ischémiques surviennent après 60 ans et la fréquence des facteurs de risque, en particulier de l'hypercholestérolémie, est plus grande à cet âge.
La cholestérolémie reste un facteur de risque chez l'homme âgé. Globalement, le risque relatif d'accident coronarien diminue progressivement avec l'âge mais, compte tenu de l'augmentation progressive du nombre de décès coronariens, le nombre de morts en excès dû à l'élévation du cholestérol augmente. La cholestérolémie augmente progressivement avec l'âge, jusqu'à 60 ans chez l'homme (parfois 70), et jusqu'à 70 ans chez la femme.
Parallèlement, le taux de HDL-C reste très stable après l'âge de 20 ans en dehors de la ménopause qui peut s'accompagner d'une petite baisse du HDL.
La baisse du cholestérol à un âge avancé peut être liée à un effet de sélection du au décès prématuré des sujets ayant des hyperlipidémies importantes. La plupart des études thérapeutiques réalisées en prévention primaire ou secondaire ont été réalisées chez des hommes d'âge moyen et s'accompagnent d'une baisse des événements coronaires parallèle à la baisse du cholestérol. Le sujet âgé pourrait être moins sensible aux traitements et cette population peut être plus sensible aux effets secondaires des médicaments.
Il faut donc être prudent avant d'extrapoler les résultats obtenus chez l'homme d'âge moyen aux sujets de plus de 60 ans.
Il est aussi très important de différencier la prévention primaire et secondaire car, dans ce dernier cas, le bénéfice peut être plus rapide.
En pratique, la prise en charge des hyperlipidémies du sujet âgé ne fait pas l'objet de consensus, et doit être un équilibre entre une attitude exagérément interventionniste et l'attitude inverse nihiliste.
Elle repose beaucoup sur l'appréciation au cas par cas. Le régime pauvre en graisses saturées doit être facilement prescrit. Pour l'indication des médicaments, il est déconseillé de traiter les sujets de plus de 80 ans, les sujets en prévention primaire avec des anomalies mineures et sans autre facteur de risque et les sujets qui présentent une pathologie réduisant l'espérance de vie (cancer de la prostate...).
En revanche, il est nécessaire de traiter les sujets qui ont eu une coronaropathie, qui ont une hyperlipidémie importante (cholestérolémie supérieure à 3 g/l) et/ou un risque vasculaire important et une espérance de vie apparemment suffisante.
L'anomalie lipidique persiste sous régime bien suivi. Il faut s'assurer que, en cumulant des interdits et des informations contradictoires, le patient a gardé une alimentation équilibrée. Il faut s'assurer qu'il a un apport calcique correct (fromage blanc, yaourt), un apport suffisant en fer (viandes non grasses) et en huiles végétales (huile d'olive, colza, tournesol ou maïs).

Toute la discussion tourne autour de la décision de débuter un traitement médicamenteux.

Ici, il existe une série d'arguments qui permet de dire qu'un hypolipidémiant n'est pas nécessaire : son hypercholestérolémie est modérée, le HDL-cholestérol est plutôt élevé, il n'a pas d'antécédent vasculaire, il n'y a pas d'autre facteur de risque, dans la famille on ne retrouve pas la notion de problèmes cardio-vasculaires, et, surtout, il a 70 ans.
Cette décision serait encore renforcée par la normalité d'un examen échodoppler artériel.

Il faut donc rassurer ce patient, maintenir sa diététique sans la renforcer inutilement.

Il ne faut pas manquer l'occasion de dépister les autres membres de la famille qui peuvent avoir une anomalie plus sévère justifiant une prise en charge.

Hyperlipidémie mixte (type IIb) - 1/

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HISTOIRE DU PATIENT

M. , âgé de 58 ans, employé de banque, consulte à la suite de l'apparition, il y a six mois, d'une angine de poitrine survenant à l'effort.
Ce malade n'a aucun antécédent familial cardio-vasculaire connu. Il fume environ 10 cigarettes par jour, a une tension artérielle habituelle à 13/8 cm de mercure. Son poids est stable depuis de nombreuses années à 79 kg pour une taille de 1,73 m. Il a 3 enfants âgés de 35 (garçon), 32 (fille) et 30 (fille) ans.

L'examen clinique constate un arc cornéen complet bilatéral. Il est également constaté un embonpoint correspondant à un surpoids (index de corpulence à 26,3 kg/m2) de type androïde.

En dehors de tout hypolipidémiant, le bilan lipidique est le suivant :
  • cholestérol total : 3,15 g/l,
  • triglycérides : 2,85 g/l,
  • HDL-cholestérol : 0,40 g/l,
  • LDL-cholestérol : 2,18 g/l (formule de Friedewald),
  • apoB : 1,40 g/l,
  • glycémie : 1,15 g/l,
  • HbA1c : 5,8 % (N < 6,5 %).
  • Le bilan hépatique est normal.

Une enquête diététique montre une alimentation riche en graisses animales et en sucres rapides (viande, fromage, pâtisserie). Des conseils alimentaires visant à diminuer temporairement la quantité de calories consommées (diminution de la ration alimentaire d'un quart) et la quantité de graisses alimentaires et de sucres rapides, favorisant ainsi la consommation de poisson, de volailles, de légumes aboutit trois mois plus tard à une réduction du poids de 3 kg (poids: 73 kg, soit un index de corpulence à 25,3).

Le bilan lipidique est alors le suivant: -cholestérol : 2,80 g/l, - triglycérides : 2,10 g/l, - HDL-cholestérol : 0,44 g/l, soit un LDL-cholestérol à 1,94 g/l.

DIAGNOSTIC

Il existe donc une amélioration de tous les paramètres cliniques (poids, alimentation) qui est probablement la cause de l'amélioration du bilan lipidique.

Cependant, l'objectif chez un sujet coronarien doit être un LDL-cholestérol le plus proche possible de 1,30 g/l (cette valeur peut être diminuée à 1.00 g/l en fonction du contexte).

Ainsi, dans un premier temps, la diététique sera poursuivie seule encore pendant trois mois. Au terme de cette période, le bilan lipidique est le suivant: - cholestérol : 2,83 g/l, -triglycérides : 1,85 g/l, - HDL-cholestérol : 0,45 g/l, soit un LDL-cholestérol à 2,01 g/l. Le LDL-cholestérol est donc nettement au-dessus de l'objectif fixé. Un traitement hypolipidémiant est donc nécessaire.

En raison de la baisse substantielle nécessaire (50 % de baisse du LDL-cholestérol) et de la prédominance de l'augmentation du cholestérol sur les triglycérides, le traitement de première intention sera une statine dont l'efficacité moyenne à pleine dose est en moyenne de 40 % sur le LDL-cholestérol.

CONDUITE À TENIR

L'évaluation du poids est faite grâce à deux critères, l'index de corpulence ou BMI (body mass index) et le rapport tour de taille sur tour de hanches.
L'index de corpulence est calculé en divisant le poids en kilos par la taille (en mètres) élevée au carré. Les valeurs normales sont situées entre 20 et 25 pour l'homme et 19 et 24 pour la femme. Au-dessus de la valeur supérieure, on parle de surpoids jusqu'à 30, puis d'obésité au-delà.
Le rapport tour de taille/tour de hanches est calculé en mesurant ces deux dimensions, la première en mesurant la plus petite circonférence entre le bas de la cage thoracique et les crêtes iliaques, la deuxième en mesurant la circonférence au niveau des grands trochanters. Le rapport est habituellement inférieur à 0,8 chez la femme et à 1 chez l'homme. Une augmentation de ce rapport témoigne d'un aspect androïde, en général conséquence d'une augmentation de la masse du tissu adipeux de type abdominal souvent associé à une insulino-résistance.
Après six semaines d'une statine à 1 comprimé par jour (pris le soir avant le repas), le poids est similaire (73 kg) et le bilan lipidique est le suivant: - cholestérol : 2,15 g/l, - triglycérides : 1,60 g/l, - HDL-cholestérol : 0,43 g/l, soit un LDL-cholestérol à 1,40 g/l.

Bien que l'amélioration soit substantielle, l'objectif n'est pas encore atteint, si bien que la dose du traitement sera augmentée à 2 comprimés par jour à prendre le soir avant le repas.

La diététique sera simultanément évaluée quant à sa compliance et sa tolérance en recherchant les motifs d'une mauvaise acceptabilité (appétit, monotonie...). Huit semaines après l'augmentation de la dose, le poids a diminué d'1 kg (poids 72 kg) et le bilan lipidique est le suivant: - cholestérol : 1,83 g/l, - triglycérides : 1,40 g/l, - HDL-cholestérol : 0,45 g/l, soit un LDL-cholestérol calculé à 1,10 g/l. Le but est atteint. Un contrôle du bilan lipidique sera réalisé dans six mois.

Une consultation intermédiaire sera envisagée pour suivre l'état cardiologique et pour évaluer la tolérance des différents traitements cardio-vasculaire, diététique et hypolipidémiant. Le diagnostic ne peut pas être affirmé de façon précise dans ce cas. Cependant, l'existence simultanée d'une hypercholestérolémie et d'une hypertriglycéridémie entraîne un risque majeur d'athérosclérose comme le prouve ce cas.

Le diagnostic pourrait être précisé par l'enquête familiale. Celle-ci est de plus en plus indispensable dans un but de dépistage, car d'éventuels facteurs génétiques sous-tendant l'hyperlipidémie du malade peuvent se retrouver chez ses enfants, ce qui ferait envisager dans ce cas une prévention primaire.

Hyperlipidémie mixte (type IIb) - 2/

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 44 ans consulte pour le renouvellement d'une licence sportive. Il est symptomatique et fait 2 à 3 heures de sport par semaine. Il fume (20 cigarettes/jour). Dans sa famille, son frère a présenté un infarctus du myocarde à 50 ans et son père serait décédé de mort subite à 61 ans.

A l'examen le poids est de 65 kg pour 1,70 m. L'examen cardio-vasculaire retrouve un souffle sur le trajet de la fémorale gauche et des pouls distaux faiblement perçus de ce côté. Il n'y a pas de dépôt lipidique extravasculaire.

Le bilan biologique indique les résultats suivants :
  • cholestérol total : 7,10 mmol (2,75 g/l),
  • triglycérides : 2,96 mmol/l (2,60 g/l),
  • HDL cholestérol : 0,93 mmol/l (0,36 g/l),
  • LDL cholestérol : 4,83 mmol/l (1,87 g/l), calculé par la formule de Friedewald,
  • glycémie : 5,5 mmol/l (lg/l),
  • sérum opalescent à jeun.

DIAGNOSTIC

- Il s'agit d'une hyperlipidémie mixte: élévation conjointe du cholestérol et des triglycérides (type IIb de la classification de Fredrickson).
- Au niveau des lipoprotéines, il y a élévation conjointe des LDL (riches en cholestérol) et des VLDL (riches en triglycérides), que l'on pourrait objectiver sur un lipidogramme sur gel d'agarose, respectivement en position bêta et pré-bêta.
- L'aspect du sérum est légèrement opalescent en raison de l'hypertriglycéridémie (> 2 g/l).
- La concentration basse de HDL cholestérol est habituelle du fait de l'hypertriglycéridémie (en raison d'un transfert du cholestérol des HDL vers les lipoprotéines riches en triglycérides).
- Le caractère génétique de cette dyslipidémie est fortement suspecté du fait des antécédents familiaux. Il serait utile de préciser le type de dyslipidémie des parents atteints.

Il est probable qu'il s'agisse d'une hyperlipidémie familiale combinée, caractérisée par des phénotypes souvent variables chez plusieurs membres de la famille (hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie, hyperlipidémie mixte). Sa fréquence dans la population est grande, de l'ordre de 0,5 %. Dans sa pathogénie, intervient une sécrétion hépatique accrue d'apo B. Elle est fortement athérogène, surtout si s'associent d'autres facteurs de risque, notamment le tabac.

CONDUITE À TENIR

HYPERLIPIDÉMIE MIXTE
+ ARTÉRIOPATHIE MI STADE I + TABAC

Objectifs thérapeutiques:
  • C LDL < 3,4 mmol/l (1,3 g/l),
  • C total < 5,2 mmol/l (2 g/l),
  • TG < 1,7 mmol/l (1,5 g/l).
Conseils hygiéno-diététiques supérieur ou égal à 3 mois.
Traitement médicamenteux si les résultats sont insuffisants.
1) fibrates
2) Statine (si CT > TG).
  1. Vis-à-vis de l'état artériel :
    - Il existe une artériopathie des membres inférieurs stade I. Un bilan artériel est souhaitable avec échodoppler des membres inférieurs et des carotides. Compte tenu de cette artériopathie, la réalisation d'un ECG d'effort est indiquée, d'autant plus qu'il s'agit d'un sportif.
    - L'arrêt du tabac est bien sûr impératif.
    - La prescription d'anti-agrégant plaquettaire est indiquée.
  2. Vis-à-vis de la dyslipidémie :
    - Les objectifs doivent être stricts en raison de l'atteinte artérielle et de l'existence d'autres facteurs de risques :
    • cholestérol total < 5,2 mmol/l (2 g/l),
    • LDL cholestérol < 3,4 mmol (1,3 g/l),
    • triglycérides normalisés: < 2,3 mmol/l (2 g/l), (idéalement <1,71 mmol/l=1,5 g/l).
    - Les mesures hygiéno-diététiques sont indiquées isolément en première intention pendant plusieurs mois.
    - il est probable qu'elles soient ici insuffisantes, compte tenu du niveau initial et des objectifs à atteindre. Le traitement médicamenteux reposerait alors plutôt sur un fibrate (les statines pouvant être proposées si l'hypercholestérolémie est prédominante, mais elles ont un effet limité sur les triglycérides).

Hyperlipidémie mixte (type IIb) chez un coronarien

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 53 ans, ayant un antécédent de pontage aorto-coronarien deux ans auparavant, consulte pour une hyperlipidémie :
-cholestérol total: 7 mmol/l (2,7 g/l),
- triglycérides : 2,88 mmol (2,5 g/l),
- HDL-cholestérol : 1,34 mmol/l (0,52 g/l),
- LDL-cholestérol : 4,6 mmol/l (1,78 g/l), calculé par la formule de Friedewald.

C'est un patient pléthorique: 85 kg pour 1,70 m (index de masse Corporelle 29,4 kg/m2).
Il est, par ailleurs, hypertendu, avec des chiffres stabilises sous traitement.
Il n'a pas d'antécédents familiaux connus de pathologie vasculaire prématurée.
Son traitement actuel associe : aténolol (Ténormine®) 100 mg/j, hydrochlorothiazide (Esidrex®) 25 mg/j, fluindione (Préviscan®) 1,5 cp/j.

L'examen vasculaire périphérique ne note pas d'anomalie. Il n'y a pas de dépôt lipidique extravasculaire type xanthome ou xanthélasma, mais un arc cornéen bilatéral complet de valeur à cet âge (< 55 ans).

L'enquête alimentaire révèle une alimentation excessive avec un apport calorique évalué à 3 400 Calories 150 g/j d'apport lipidique (soit 42 % de l'apport énergétique total), et, par ailleurs, une consommation d'alcool évaluée à 60 g/j.

Des conseils alimentaires lui sont expliqués: diminution des calories, de l'alcool, de la ration lipidique.
Après quatre mois, le poids est descendu à 75 kg (IMC - 25,9 kg/m2). Le bilan lipidique est le suivant :
- cholestérol total : 6,2 mmol/l (2,4 g/l),
- triglycérides : 1,7 mmol/l (1,5 g/l),
- HDL-cholestérol : 1,09 mmol/l (0,42 g/l),
- LDL-cholestérol : 4,34 mmol/l (1,68 g/l).

DIAGNOSTIC

L'expression initiale est donc celle d'une hyperlipidémie (type IIb).

En termes de lipoprotéines, il y a une élévation conjointe des LDL (riches en cholestérol) et des VLDL (riches en triglycérides) que l'on pourrait objectiver avec un lipidogramme sur gel d'agarose, respectivement en position bêta et prébêta.

Une prédisposition génétique est probable (malgré l'absence d'antécédent défini ici).
Mais plusieurs facteurs favorisants existent :
- une alimentation hypercalorique avec apport d'alcool également excessif,
- l'excès pondéral en est la conséquence,
- l'adiposité abdominale est en règle prédominante (répartition « androïde »). Une tendance hypertensive et une dyslipidémie (dont une élévation des triglycérides habituellement) sont fréquentes. Cette association entre dans le cadre du syndrome X métabolique avec insulinorésistance. Le risque athéromateux est accru,
- interaction possible de certains médicaments.

INFLUENCE DES MÉDICAMENTS ANTI-HYPERTENSEURS

Les diurétiques peuvent augmenter la triglycéridémie de 10 % à 20 % et la cholestérolémie de façon modeste (5 %). Cet effet serait la conséquence d'une inhibition de la phosphodiestérase facilitant la libération d'acides gras à partir du tissu adipeux, et finalement l'augmentation de la synthèse hépatique des VLDL.

Les bêta-bloquants peuvent aussi majorer les triglycérides (10 % à 30 %) et abaisser le HDL-cholestérol (-10 %). Ils inhibent en effet la lipoprotéine lipase, donc le catabolisme des lipoprotéines riches en triglycérides. L'effet est moins marqué avec les produits bêta1-sélectifs (dont l'aténolol), surtout s'ils possèdent une activité sympathomimétique intrinsèque (ASI).
Ces modifications, souvent modérées, sont surtout nettes en début de traitement. Elles ne doivent pas occulter bien sûr l'intérêt du traitement antihypertenseur. Les diurétiques et les bêta-bloquants sont les deux classes avec lesquelles ce bénéfice a été le mieux établi.
Il ne faut pas oublier non plus le bénéfice propre du traitement bêta-bloquant en prévention secondaire de la maladie coronarienne, situation dans laquelle le bénéfice du traitement l'emporte très généralement.

ÉVOLUTION DES PARAMÈTRES LIPIDIQUES SOUS RÉGIME

Ce sont principalement les triglycérides qui se sont abaissés, en relation avec la perte pondérale, la réduction des calories et de la consommation d'alcool .
Cholestérol total et LDL-cholestérol ne se sont abaissés que plus modérément.
Le HDL-cholestérol s'est également abaissé. Sa concentration initiale était relativement importante, compte tenu de l'hypertriglycéridémie (qui s'accompagne habituellement d'une concentration basse de HDL-C). Elle pouvait être en rapport avec la consommation d'alcool. L'élévation conjointe des TG et du HDL-C peut être également observée avec les oestroprogestatifs et en cas d'hypothyroïdie.

CONDUITE À TENIR

DYSLIPIDEMIE
Quelques interférences médicamenteuses
1. Traitements antihypertenseurs
TG CT HDL-C
Diurétiques + 10 à 20 % + 3 à 10 % 0 à - 5 %
beta-bloquants + 10 à 30 % 0 % - 4 à 10 %
alpha-bloquants 0 à - 5 % - 5 % 0 à + 5 %
IECet INCA neutres
2. Traitements anti-coagulants (AVK)
Les fibrates augmentent l'activité des AVK Il faut réduire la posologie des AVK de 1/3
La cholestyramine diminue l'absorption intestinale des AVK Il faut prendre les AVK au moins 1 h 30 avant la cholestyramine
Les objectifs du traitement chez ce patient coronarien doivent être :
- LDL-cholestérol inférieur ou égal à 3,4 mmol/l (1,3 g/l),
- cholestérol total inférieur ou égal à 5 mmol/l (1,95 g/l ou 2 g/l),
- triglycérides inférieur ou égal à 1,7 mmol/l (1,5 g/l).

Il persiste donc, sous régime, une cholestérolémie trop élevée. Le traitement médicamenteux est indiqué puisque les mesures hygiéno-diététiques n'ont pas suffi à atteindre ces objectifs : il peut faire appel aux fibrates ou aux statines. La cholestyramine (Questran®) pourrait être proposée, mais avec des difficultés d'utilisation, compte tenu des autres thérapeutiques nécessaires, et un risque de majoration des TG.

INTERACTION DES TRAITEMENTS HYPOLIPÉMIANTS AVEC LES ANTIVITAMINES K

Les fibrates sont fortement liés à l'albumine et vont donc déplacer les anti-vitamines K, donc augmenter leur efficacité. Il faut systématiquement diminuer d'environ un tiers leur posologie à l'initiation du traitement par les fibrates, puis rechercher un nouvel équilibre du traitement anticoagulant en présence de cette association.

Les statines n'ont habituellement pas d'interaction significative avec les antivitamines K (à vérifier de principe après instauration du traitement).

La cholestyramine (Questran®) diminue l'absorption intestinale des anti-vitamines K, qui doivent donc être prises au moins 1 h 30 avant la cholestyramine.


Hyperlipidémie combinée ou mixte (type IIb)

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 45 ans vient de faire une nécrose myocardique, et, à l'occasion de cet accident, a été mise en évidence une formule d'hyperlipidémie combinée de type IIb avec :
- sérum opalescent au bout de 12 heures de jeune,
- cholestérol total: 3,80 g/l,
- triglycérides : 2,80 g/l, - HDL bas : 0,25 g/l,
- augmentation des bêta et pré-bêta-lipoprotéines en électrophorése.

En plus du traitement proprement cardio-vasculaire, il a été mis sous fibrate.

Le contrôle effectué deux mois plus tard révèle un cholestérol total à 3 g/l, des triglycérides à 1,80 g/l et un HDL cholestérol à 0,30 g/l.

DIAGNOSTIC

Le bilan des facteurs de risque cardio-vasculaire révèle une surcharge pondérale (83 kilos pour une taille de 1 m 70), une HTA à 17/10 non traitée, une glycémie à jeun à 1,25 g/l, un tabagisme occasionnel, bref de nombreux facteurs de risque cardio-vasculaire.

Par ailleurs, on est en situation de prévention secondaire, et le but du traitement est d'obtenir :
- un LDL cholestérol inférieur ou égal à 1,30 g/l,
- des triglycérides normaux inférieurs à 1,50 g/l,
- un HDL cholestérol supérieur à 0,45 g/l.

CONDUITE À TENIR

Il faut :

- repréciser le régime : dans un premier temps, il doit être hypocalorique pour revenir au moins à un poids de 72-75 kilos le matin à jeun, puis il devra être hypoglucidique, anticholestérol, et enrichi en graisses mono- et poly-insaturées;

- renforcer le traitement par fibrate (1 Lipanthyl® 67 micronisé le matin et 200 micronisé le soir, ou 1 Lipanor® par jour), et, en cas d'anomalies persistantes, peut se discuter une association statine-fibrate sous couvert d'une surveillance rigoureuse en milieu spécialisé.

Une hyperlipidémie mixte (type IIb) chez un homme de 32 ans

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 32 ans, directeur d'une petite entreprise, consulte car on lui a découvert de façon fortuite une augmentation du cholestérol (3,45 g/l) et des triglycérides (3,20 g/l) lors d'un bilan demandé par son assurance (il a contracté un emprunt important pour acheter un appartement).
Il se dit bon vivant et obligé de faire des repas d'affaires (au moins deux fois par semaine) et se déplace souvent en France (dort et mange à l'hôtel).

Il n'a pas de douleur thoracique, ni de malaise, ni de symptômes particuliers en dehors d'une discrète somnolence après un gros repas.
Il n'a aucun traitement.

Il s'agit d'un patient en bonne forme avec un examen clinique normal en dehors d'un surpoids (89 kg pour 174 cm) de répartition plutôt androïde. La tension artérielle est à 135/85. Le bilan biologique donne les résultats suivants :
- cholestérol : 3,40 g/l,
- triglycérides : 2,30 g/l,
- HDL-cholestérol par précipitation : 0,23 g/l,
- apolipoprotéine B : 2,30 g/l (N < 1,30),
- apolipoprotéine A1: 0,90 (N > 1,20),
- créatininémie, SGOT et SGPT, uricémie et ionogramme sanguin normaux,
- glycémie : 1,24 g/l,
- gamma GT à 2 fois la normale,
- TSH ultrasensible : 2,2 µV/ml (N 0,2-5).

DIAGNOSTIC

Le diagnostic de l'hyperlipidémie est celui d'une hyperlipidémie mixte.
- il n'y a pas de xanthomes tendineux.
- Le cholestérol et les triglycérides sont élevés à deux reprises.

S'il existait des antécédents familiaux de dyslipidémie avec des phénotypes variables (IIa, IIb, IV), on pourrait poser le diagnostic d'hyperlipidémie familiale combinée chez ce patient. En pratique, les termes d'hyperlipidémie mixte et combinée sont souvent utilisés indifféremment.

Enfin le diagnostic de syndrome X ne peut être porté puisque la tension artérielle est normale. Ce syndrome est caractérisé par l'association d'une obésité androïde, d'une hyperlipidémie et d'une hypertension artérielle. Le caractère androïde de l'obésité facile à déterminer par la simple observation est apprécié par le rapport taille sur hanche qui serait supérieur à 1. Le caractère primaire de l'anomalie est attesté par l'absence de causes comme une pathologie rénale, une dysthyroïdie, un diabète franc ou la prise de médicaments (certains bêta-bloquants, diurétiques...).

CONDUITE À TENIR

L'hyperlipidémie mixte est hautement athérogéne. La diététique est fondamentale dans l'hyperlipidémie mixte avec deux volets :
1) diminution des acides gras saturés et
2) diminution de l'alcool et du sucre.
La démarche doit être progressive et adaptée au mode de vie du patient.
Dans cette observation, la première étape thérapeutique est diététique.
En effet, il s'agit d'une hyperlipidémie mixte primaire classiquement sensible aux précautions diététiques. Le contexte de cet homme d'affaires nécessite de donner des conseils progressifs pour en faciliter l'observance. Il est nécessaire de faire une rapide enquête alimentaire pour détecter d'éventuelles erreurs importantes à corriger.

Sinon, il faut individualiser deux priorités: soit les boissons alcoolisées, soit les boissons sucrées en fonction de ses habitudes (I'élèvation des GGT ne signifie pas qu'il boit obligatoirement trop car l'hypertriglycéridémie elle-même est capable d'augmenter les GGT). L'apport de sucres est particulièrement hypertriglycéridémiant. La diminution de ces boissons s'accompagnera obligatoirement d'une diminution de l'apport calorique.
Parallèlement il faut lui demander de diminuer l'apport de beurre et d'aliments riches en beurre, source d'une grande quantité d'acides gras saturés.
Apres ces conseils le patient sera revu avec un nouveau bilan.

Si le bilan reste perturbé et que les premiers conseils ont été bien suivis, il faudra compléter progressivement par les conseils classiques visant à diminuer les charcuteries et le fromage au profit de laitages comme le fromage blanc ou les yaourts. Il est important de ne pas s'attaquer en priorité à des aliments symboles dont l'interdiction n'a pas réellement de justification comme les fruits de mer. Cette technique, permet au patient de s'adapter progressivement à sa nouvelle diététique, et au médecin de moduler les conseils en fonction du bilan et de l'observance. Le mieux est aussi, en diététique, parfois l'ennemi du bien. Il permet au médecin en revoyant régulièrement son patient de le stimuler pour prendre en charge sa dyslipidémie, et le recours éventuel à un médicament se discutera seulement des mois après le premier bilan (dans ce cas il s'agira probablement d'un fibrate).

Dys-bêta-lipoprotéinémie de type III

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HISTOIRE DU PATIENT

M. B..., 40 ans, non fumeur, présente un angor d'effort depuis six mois.
La coronarographie met en évidence des lésions athéromateuses bitronculaires.
Son père est décédé à 55 ans d'un infarctus du myocarde, son frère est hypercholestérolémique.

A l'examen :
- taille: 1,75 m, poids: 71 kg, BMI: 23,2 kg/m2, TA: 14/8,
- auscultation cardio-pulmonaire normale,
- souffle carotidien gauche,
- coloration jaune orangée des plis palmaires,
- arcs cornéens supérieurs bilatéraux.

Bilan biologique après 12 heures de jeûne :
- sérum trouble,
- cholestérol total : 4 g/l,
- triglycérides : 5,80 g/l,
- VLDL cholestérol : 2,70 g/l,
- LDL cholestérol : 1 g/l,
- HDL cholestérol : 0,30 g/l.

DIAGNOSTIC

La présence d'une athérosclérose précoce chez un patient ayant une hyperlipidémie mixte doit faire suspecter un type III ou dys-bêta-lipoprotéinémie. Il s'agit d'une anomalie lipidique rare (1 à 2 sujets/10 000), de transmission autosomique récessive ou dominante.

Elle se caractérise par la présence de lipoprotéines anormales: les VLDL riches en cholestérol ou bêta-VLDL qui correspondent à des remnants des chylomicrons, des IDL et des VLDL. On retrouve un phénotype des apoprotéines E de type E2/E2, mais cette homozygotie ne suffit pas toujours pour extérioriser la maladie; des facteurs additionnels génétiques, hormonaux (hypothyroïdie, ménopause) ou environnementaux (nutritionnels) sont parfois nécessaires.

Sur le plan clinique on retrouve des dépôts extravasculaires de cholesterol :
- le syndrome des plis palmaires (coloration jaune orangée des plis palmaires) présent dans 50 % des cas est quasi pathognomonique,
- les xanthomes tubéreux et tubéro-éruptifs des coudes et des genoux sont plus fréquents et moins spécifiques,
- les autres dépôts (arcs ou anneaux cornéens, xanthélasma, xanthomes tendineux) sont plus rares.

Le diagnostic biologique repose sur la mise en évidence de la lipoprotéine anormale à l'électrophorèse qui montre un élargissement de la bande des bêta aux pré-bêta-lipoprotéines (bande broad-bêta).

Cette forme de dyslipidémie possède un grand potentiel athérogène touchant les trois territoires: cerveau, cœur et membres inférieurs. L'âge moyen de survenue des complications est de 38 ans.

CONDUITE À TENIR

  1. Les règles hygiéno-diététiques s'avèrent efficaces; diminution des graisses saturées et du cholestérol alimentaires, augmentation des graisses mono- et poly-insaturées, limitation de la consommation de sucres rapides et suppression de toute boisson alcoolisée.
  2. Médicaments: les fibrates sont très efficaces.
  3. Écho-doppler cervicocéphalique et des membres inférieurs.

Dys-bêta-lipoprotéinémie (type III)

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HISTOIRE DU PATIENT

Mme C..., 55 ans, a, depuis quatre ans, une claudication intermittente douloureuse bilatérale à prédominance droite, avec des lésions athéroscléreuses évoluées au niveau des deux artères iliaques primitives et des fémorales.
Il n'y a pas d'obésité, la pression artérielle a toujours été normale à 13/8 cm Hg, elle n'a jamais fumé, les taux de glycémie et uricémie sont normaux.

Il n'y a pas de crise douloureuse angineuse, mais l'électrocardiogramme met en évidence des signes de lésion-ischémie du territoire postérieur.
L'échographie-doppler des artères cervicales révèle également des plaques sténosantes prononcées, donc une athérosclérose évoluée chez une femme ménopausée depuis huit ans n'ayant jamais eu de traitement hormonal substitutif.

Plusieurs contrôles lipidiques effectués au bout de 12 heures de jeûne ont donné, depuis 2 ans, des résultats assez comparables :
- sérum opalescent,
- cholestérol total : 5,50 g/l (N inférieur à 2 g/l),
- triglycérides : 6,35 g/l (N inférieur à 2 g/l ou mieux à 1,50 g/l),
- HDL cholestérol : 0,21 g/l (N supérieur à 0,35 g/l).
Les dosages des apolipoprotéines A1 et B sont faussés par l'hypertriglycéridémie nettement supérieure à 3 g/l.

Une telle formule lipidique avec augmentation très équilibrée et à un haut niveau du cholestérol total et des triglycérides doit faire évoquer le diagnostic de dys-bêta-lipoprotéinémie de type III (d'autant que cette hyperlipoprotéinémie survient le plus souvent vers la cinquantaine et donne plus spécialement une athérosclérose des artères des membres inférieurs).

DIAGNOSTIC

DYS-BÊTA-LIPOPROTÉINÉMIE (TYPE III)
Sérum opalescent
CT et TG augmentés de façon parallèle et à un haut niveau (4-6 g/l)
diminution du CHDL et Apo A-I
Broad-bêta-lipoprotéine en électrophorèse (Type III)
Bêta-VLDL en ultra-centrifugation (lipoprotéine intermédiaire IDL ou remnant de VLDL)
Phénotype de l'apolipoprotéine E (le plus souvent homozygote E2/2)
Le diagnostic nécessite, pour être affirmé, des examens plus spécialisés : électrophorése des lipoprotéines sur gel d'agarose mettant en évidence une broad-bêta-lipoprotéine (bêta-lipoprotéine très large non constante : un cas sur trois, mais pathognomonique), bêta-VLDL en ultra-centrifugation préparatrice (lipoprotéine intermédiaire IDL ou remnant de VLDL, flottant entre les densités 1,006 et 1,019), phénotype de l'apolipoprotéine E homozygote E2/2.

- L'apolipoprotéine E est un long polypeptide de 299 acides aminés. Elle est codée par un système codominant à trois allèles E2, E3, E4, d'où la possibilité de 6 phénotypes: 3 homozygotes (E2/2, E3/3, E4/4), 3 hétérozygotes (E3/2, E4/3, E4/2). C'est le phénotype E3/3 qui est le plus répandu. Une seule substitution d un acide aminé de l'apoprotéine E (le plus souvent, I'arginine en position 158 est remplacée par une cystéine) conduit au phénotype E2/2, à la non-reconnaissance des lipoprotéines intermédiaires par le récepteur spécifique hépatique, et donc à l'accumulation dans le plasma de ces IDL (broad-bêta en électrophorèse).

- Cette hyperlipoprotéinémie n'est pas très fréquente (1 cas sur 5 000 ou 10 000 individus environ), et est en général extériorisée par une hyperlipidémie sous-jacente (hypercholestérolémie ou hypertriglycéridémie), une carence hormonale (hypothyroïdie, ménopause par exemple), une affection rénale (syndrome néphrotique...).

CONDUITE À TENIR

Elle nécessite un régime à la fois pauvre en sucres à absorption rapide, en cholestérol et graisses saturées, et enrichi en graisses mono- et poly-insaturées.
La carence hormonale, si elle existe, doit être compensée (les œstrogènes per os peuvent normaliser totalement le bilan lipidique). Sinon, un dérivé des fibrates est parfaitement indiqué.

Hypertriglycéridémie majeure exogène dépendante des graisses alimentaires ou hyperchylomicronémie (type I)

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HISTOIRE DU PATIENT

L'enfant F..., 6 ans, est hospitalisé en urgence parce que, lors d'un bilan lipidique systématique de la Sécurité Sociale, il a été découvert un sérum lactescent et des triglycérides très élevés, supérieurs à 20 g/l.
L'interrogatoire retrouve la notion, à plusieurs reprises, d'accès douloureux abdominaux avec vomissements incoercibles, en général spontanément résolutifs en quelques heures.
Il n'y a pas d'antécédent familial connu.

L'examen clinique note la présence de petits xanthomes de la taille d'une tête d'épinglé, de coloration jaune, au niveau du thorax et de l'abdomen, ayant tous les caractères des xanthomes éruptifs. Il existe une hépatomégalie, indolore, à bord inférieur mousse, et également une splénomégalie.

- Le contrôle lipidique effectué au bout de 12 heures de jeûne montre d'abord que le sérum est lactescent, et le test de décantation spontanée qui consiste simplement à laisser le tube pendant 24 heures à 4 °C révèle une couche blanche supérieure, le sérum sous-jacent étant parfaitement clair (les chylomicrons sont les lipoprotéines les plus légères et montent à la surface du sérum).

Le cholestérol total est de 2,80 g/l, les triglycérides à 55 g/l (les chylomicrons contiennent seulement 2 % de cholestérol, mais 90 % de triglycérides, expliquant que le cholestérol total soit à peine augmenté malgré l'hypertriglycéridémie majeure).
Les dosages de HDL cholestérol, apoprotéines A1 et B sont impossibles en raison de cette hypertriglycéridémie importante, ou du moins seront erronés.

L'électrophorèse des lipoprotéines sur gel d'agarose confirme le diagnostic d'hyperchylomicronémie (type I de la classification internationale) (les chylomicrons ne contiennent que 2 % de protéines et ne migrent pas, restant au point de dépôt du serum).

DIAGNOSTIC

HYPERCHYLOMICRONÉMIE (TYPE I)
Sérum lactescent
CT à peine augmenté
TG parfois très élevé
Hyperchylomicronémie au test de décantation
Type I en électrophorèse
Dépendance aux graisses alimentaires
Origine : déficit familial en lipoprotéine-lipase ou en son activateur (apolipoprotéine CII)
Transmission autosomique récessive
Tous ces résultats sont donc en faveur de l'exceptionnelle (1 cas sur 1 million) hyperchylomicronémie ou hypertriglycéridémie majeure exogène, dépendante des graisses alimentaires.

Cliniquement, elle est caractérisée par le « syndrome hyperlipémique » (xanthomatose éruptive, hépatomegalie et splénomégalie de stéatose, crises douloureuses abdominales pouvant aller jusqu'à la pancréatite aiguë), biologiquement par une hyperchylomicronémie au test de décantation et en électrophorèse.

Elle est transmise sur un mode autosomique récessif (les deux parents sont en général porteurs sains de la tare). Elle est liée à un déficit congénital en lipoprotéine-lipase (enzyme qui hydrolyse les lipoprotéines riches en triglycérides: chylomicrons et VLDL) ou à une carence en l'activateur physiologique de la lipoprotéine-lipase, I'apolipoprotéine CIII Toutes ces anomalies peuvent être mises en évidence par les laboratoires très spécialisés.

CONDUITE À TENIR

- Elle dépend spécifiquement des graisses alimentaires: diminution des triglycérides plasmatiques sous régime hypolipidique, augmentation des triglycérides sous régime hypergras.
- Dépendant spécifiquement des graisses alimentaires, le seul traitement consiste en un régime très hypolipidique, avec seulement très peu de graisses saturées, mono- ou poly-insaturées. On permettra 20 grammes par jour de triglycérides à chaîne moyenne, graisses dont le métabolisme ne conduit pas à la formation de chylomicrons. En effet, les triglycérides habituels comprennent des acides gras à longue chaîne (16, 18 ou 20 atomes de carbone) Les triglycérides à chaîne moyenne comprennent des acides gras à 8 et 10 atomes de carbone, et après absorption intestinale sont directement déversés dans le système porte.

Aucun hypolipidémiant n'est efficace.

Le but du régime est de rester à un taux de triglycérides inférieur à 10 g/l, taux au-dessous duquel il n'y a guère de risque de pancréatite. Cela nécessite un régime sévère, indéfiniment poursuivi, et sans aucun écart important. La sensibilité aux graisses étant extrême, le taux de triglycérides peut passer de 5 à 50 grammes/litre sous l'effet d'un seul repas !

Hypertriglycéridémie pure (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 45 ans consulte a la suite de la découverte, après un bilan d'examens de santé, d'une hypertriglycéridémie.
Aucun bilan lipidique antérieur n'est connu.
Ce patient n'a aucun antécédent médical ou chirurgical particulier.

Il est enseignant et n'a aucune activité physique. Il fume en moyenne 5 cigarettes par jour.
L'examen clinique montre une tension artérielle à 165/95 mm Hg, un poids à 83 kg, une taille à 1,74 m. Le reste de l'examen est normal.

Un bilan biologique de base donne les résultats suivants :
- cholestérol total: 2,40 g/l,
- triglycérides : 4,45 g/l,
- HDL-cholestérol: 0,35 g/l.
La glycémie est à 0,90 g/l et l'hémoglobine A1c est à 6,1% (N inf. à 6,5 %). Le bilan hépatique est normal

DIAGNOSTIC

Le diagnostic est donc celui d'une hypertriglycéridémie associée à un taux de HDL-cholestérol bas (< 0,40 g/l).
Comme autres facteurs de risque, s'y associent une tension artérielle limite et un tabagisme modéré. L'index de corpulence est à 27,4.
L'enquête alimentaire montre une alimentation vraisemblablement un peu riche en graisses animales et comportant une consommation d'alcool de deux verres de vin par jour.

En conclusion des éléments à notre disposition, plusieurs facteurs augmentant potentiellement les triglycérides sont à évaluer.
Le premier d'entre eux est celui de la susceptibilité du sujet à l'alcool. En effet, bien que la consommation d'alcool soit modérée, il existe une variation importante dans la susceptibilité individuelle à ce nutriment, si bien que le test diagnostique d'abstinence d'alcool pendant quelques jours doit être réalisé.

A la fin de cette semaine où l'alcool sera remplacé par une eau minérale, un bilan lipidique simple (cholestérol, triglycérides) sera fait. Chez notre patient, les triglycérides sont à 3,75 g/l. Il existe une baisse des triglycérides, mais celle-ci est trop modeste pour en conclure que l'hypertriglycéridémie du patient est uniquement dépendante de l'alcool.

Une hyperglycémie provoquée par voie orale ou plus simplement une mesure de la glycémie 2 heures après l'absorption de 75 grammes de glucose sera réalisée pour évaluer la tolérance au glucose. La glycémie à 2 heures est à 2,00 g/l. Cette concentration un peu élevée dénote une intolérance au glucose.

L'association d'une hypertriglycéridémie, d'un HDL-cholestérol bas, d'une tension artérielle élevée, d'une intolérance au glucose et d'un surpoids est fréquente.

Cette association est athérogène et mérite d'être prise en compte très sérieusement dans le cadre de la prévention primaire.

Sur le plan cardio-vasculaire, un ECG d'effort peut être demandé à titre systématique pour autoriser une activité physique.

CONDUITE À TENIR

L'objectif à atteindre est une diminution des triglycérides qui doivent être inférieurs à 1,50 g/l, et la normalisation de la tension artérielle.
Sur le plan des règles hygiéno-diététiques, il sera demandé au patient un effort en faveur d'une activité physique qui, sans être intense, sera régulière et pourra s'exercer environ 2 fois par semaine. Les activités les plus salutaires sont le cyclisme, la course à pied, la natation et la marche.
Des conseils alimentaires sont donnés au sujet afin de réduire le poids.

Un mois après ceux-ci, le poids reste identique. L'activité physique a été débutée mais reste modeste, sous forme d'une marche d'une heure le week-end.
Un renforcement des conseils diététiques est donné au patient afin de résoudre les problèmes qu'il rencontre.

Cependant, un mois après, le poids est toujours similaire. Le bilan lipidique donne les résultats suivants :
- Cholestérol : 2,50 g/l,
- triglycérides : 3,91 g/l.
Six semaines, plus tard, le poids est à 83,5 kg, soit un poids stable.
Si les conseils diététiques peuvent être poursuivis pour progressivement essayer de modifier les habitudes alimentaires qui peuvent être cause d'athérosclérose, il peut être licite, après six mois, d'envisager un traitement hypolipidémiant.

Il est cependant important de souligner qu'une diététique bien suivie peut avoir deux impacts majeurs. D'une part, le traitement hypolipidémiant est plus efficace, d'autre part, il est très vraisemblable qu'une alimentation déséquilibrée participe au processus d'athérosclérose du fait des modifications athérogènes existant en période postprandiale.

Chez ce patient, un traitement par fibrate est débuté. Le gemfibrozil pourrait être le fibrate de choix, car c'est le plus hypotriglycéridémiant et le plus puissant pour augmenter le HDL-cholestérol.
Deux mois après le début du traitement :
- cholestérol : 2,35 g/l,
- triglycérides : 2,80 g/l,
- HDL-cholestérol : 0,42 g/l.
Il existe certes une amélioration mais l'objectif n'est pas atteint.

L'attitude est soit la poursuite de ce seul traitement dans l'espoir d'améliorer progressivement les habitudes hygiéno-diététiques qui peuvent mettre de longs mois à apparaître, soit l'association à un autre traitement comme les huiles de poisson (acides gras omega 3) prises à doses progressives.

Le dernier bilan lipidique montre :
-cholestérol : 2,45 g/l,
- triglycérides : 1,80 g/l,
- HDL-cholestérol : 0,48 g/l.
Ce bilan objective la persistance d'une hyperlipidémie.

Le cholestérol augmente légèrement par rapport au bilan antérieur, peut-être du fait de l'adjonction des huiles de poisson qui ont parfois un effet hypercholestérolémiant modéré en cas d'hypertriglycéridémie.

Cependant, il n'existe plus actuellement pour ce malade d'amélioration possible sur le plan médicamenteux.

Hyperlipidémie de type IV mineur

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HISTOIRE DU PATIENT

Mme B..., 48 ans, fonctionnaire, présente une dyslipidémie dépistée lors d'un bilan de médecine du travail.
Il n'existe pas d'antécédents familiaux de dyslipidémie ni d'athérosclérose précoce.
Les facteurs de risque associés sont représentés par une HTA essentielle bien équilibrée sous inhibiteur de l'enzyme de conversion.

Elle a arrêté de fumer depuis un an. Elle pratique régulièrement la course à pied.
A l'examen: poids 60 kg, taille 1 m 65 (BMI: 22 kg/m2), TA 130/80 mm Hg, pas d 'anomalie.

Le bilan lipidique après 12 heures de jeûne donne les résultats suivants :
- sérum trouble,
- cholestérol total : 2,30 g/l,
- triglycérides : 3,10 g/l,
- HDL (précipitation) : 0,36 g/l,
- LDL (calculé) : 1,34g/l,
- Apo B : 1,10 g/l.

DIAGNOSTIC

Il s'agit d'une patiente porteuse d'une hypertriglycéridémie pure.

L'hypertriglycéridémie pure se caractérise par l'augmentation des triglycérides, une cholestérolémie totale normale avec diminution des concentrations de cholestérol HDL et d'apo A1.

Le seuil des triglycérides préconisé par le consensus européen et par les recommandations de l'ARCOL est aujourd'hui fixé à 2 g/l en prévention primaire à condition de respecter un jeûne de 12 heures avant le prélèvement (mais le taux véritablement normal semble être de 1,50 g/l au maximum).

CONDUITE À TENIR

RECHERCHER UNE CAUSE ALIMENTAIRE

On distingue trois types d'hypertriglycéridémie en fonction de la sensibilité nutritionnelle:
- hypertriglycéridémies glucido-dépendantes,
- hypertriglycéridémies alcoolo-dépendantes,
- hypertriglycéridémies glucido-alcoolo-dépendantes.
Dans les formes mineures, le rôle de l'environnement s'avère prépondérant.
La surcharge pondérale, la consommation de boissons alcoolisées et/ou une alimentation riche en sucres rapides doivent être corrigées avant de retenir le diagnostic d'hypertriglycéridémie essentielle.

RECHERCHER UNE CAUSE IATROGÈNE

Certains diurétiques thiazidiques ou non et les bêta-bloquants sans activité sympathomimétique peuvent entraîner l'augmentation des triglycérides et la baisse du cholestérol HDL.
La corticothérapie, les œstrogènes et les rétinoides entraînent également l'augmentation des triglycérides.

VÉRIFIER L'ABSENCE DE PATHOLOGIE ASSOCIÉE, NOTAMMENT UN DIABÈTE

L'enquête alimentaire retrouve une ration glucidique importante :
6 morceaux de sucre/jour,
40 g de confiture/jour,
2 crèmes desserts/jour,
4 verres/jour de jus de fruit ou de soda,
ration lipidique normale,
2 verres de vin/repas.

Les conseils diététiques consistent à diminuer la consommation de sucres rapides et à les remplacer par des sucres lents.
Deux mois après, le contrôle du bilan lipidique montre les résultats suivants :
- sérum clair,
- cholestérol total : 2 g/l,
- triglycérides : 1,30 g/l,
- HDL : 0,44 g/l,
- LDL : 1,30 g/l,
- apo B : 1,00 g/l.

Il s'agit d'une hypertriglycéridémie pure mineure normalisée par une alimentation sans sucres rapides.
Le régime joue un rôle majeur dans les hypertriglycéridémies et suffit le plus souvent à retrouver des chiffres normaux.
L'hypertriglycéridémie pure mineure où les triglycérides restent inférieurs à 10 g/l peut se transformer en type IV majeur sous l'influence de facteurs environnementaux (alimentation hyperglucidique, consommation de boissons alcoolisées).

Anomalies lipidiques modérées chez un coronarien (triglycérides augmentés + HDL-C diminué). Hypertriglycéridémie pure (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 54 ans a constitué six mois auparavant un infarctus inférieur peu étendu.
La coronarographie a révélé une sténose à 60 % de la coronaire droite, et 2 plaques peu sténosantes (20 %) sur l'interventriculaire antérieure.
Son traitement associe Isoptine®120: 3 gélules/jour et Aspirine® 100: une par jour (Aspégic®).

Depuis son infarctus il a repris une activité physique régulière d'entraînement (3 heures de vélo par semaine), suit attentivement les conseils diététiques, avec un poids stabilisé à 73 kg pour 1 m 72. Le tabac a été interrompu voici sept ans.
L'examen clinique est normal avec des chiffres tensionnels à 134/86 mmHg.

Le bilan lipidique indique :
- cholestérol total : 5 mmol/l (1,94 g/l),
- triglycérides : 2,13 mmol/l (1,85g/l),
- HDL-cholestérol : 1 mmol/l (0,39 g/l),
- LDL-cholestérol : 3,07 mmol/l (1,19 g/l), calculé par la formule de Friedewald,
- apolipoprotéine B : 1,15 g/l,
- lipoprotéine Lp (a) : 0,74 g/l.

DIAGNOSTIC

Le bilan lipidique actuel ne révèle donc pas d'anomalie patente, notamment le cholestérol total et le LDL-cholestérol correspondent aux objectifs souhaités chez un patient coronarien. Cependant :

- les triglycérides sont modérément élevés (d'autant qu'il n'y à pas d'excès pondéral), ce qui traduit une probable anomalie du métabolisme des lipoprotéines riches en triglycérides;
- le HDL-cholestérol est également modérément abaissé (les chiffres vraiment pathologiques seraient inférieurs à 0,9 mmol/l, soit 0,35 g/l).

Une concentration basse est souvent associée à une élévation de la triglycéridémie (et donc de la concentration de lipoprotéines riches en triglycérides). Cette situation est la conséquence d'une augmentation du transfert de lipides sous l'effet de la CETP entre les particules HDL et les lipoprotéines riches en triglycérides : les triglycérides sont transférés vers les particules HDL (et subiront l'action de la lipase hépatique), tandis qu'inversement, le cholestérol est transféré des particules HDL vers les lipoprotéines riches en triglycérides.
Ce profil lipidique est souvent rencontré en cas de maladie athéromateuse prématurée.

Dans le cas présent, la bonne observance des mesures hygiéno-diététiques contribue sans doute à limiter les anomalies qui seraient plus franches en cas d'habitudes alimentaires défavorables ou d'excès pondéral.

Par ailleurs :
- la concentration d'apolipoprotéine B est un peu supérieure à ce que laisserait penser la concentration de LDL-cholestérol. Cela peut traduire la présence de particules LDL plus petites et plus denses, souvent associée au profil lipidique décrit;
- enfin, et de façon indépendante, la concentration de Lp(a) est élevée, majorant le risque athérogène.

CONDUITE À TENIR

Les recommandations internationales dans le cadre de la prévention secondaire chez un patient coronarien sont ici satisfaites :
- LDL-cholestérol inférieur ou égal à 3,4 mmol/l,
- cholestérol total inférieur ou égal à 5 mmol/l,
- triglycérides inférieur ou égal à 2,3 mmol/l.

Le profil lipidique est néanmoins perturbé, favorise sûrement la maladie athéroscléreuse, et se rencontre de façon non rare chez les sujets coronariens. L'attitude thérapeutique ne peut être tranchée à partir des études d'interventions dans lesquelles les objectifs de traitement reposaient sur les valeurs de cholestérol total et de cholestérol-LDL.

Aussi, les objectifs à rechercher concernant les triglycérides ne font pas l'objet actuellement d'un consensus. On propose seulement de viser une valeur inférieure à 2,3 mmol/l (2 g/l). Dans le cas présent, on pourrait proposer de rechercher en fait une concentration de triglycérides inférieure à 1,7 mmol/l (1,5 g/l), ce qui s'accompagnerait probablement d'une remontée du HDL-cholestérol. Cette proposition logique ne peut être toutefois étayée sur des données d'études publiées.

Dans ce but, si les mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes, l'adjonction d'un traitement médicamenteux peut être proposée: fibrates (ou huiles de poisson). Mais il conviendra de s'assurer sous traitement que, parallèlement à la baisse des triglycérides, le LDL-cholestérol ne remonte pas (ce qui peut parfois s'observer en raison d'une conversion facilitée par le traitement des VLDL, riches en triglycérides, en LDL).

- Il existe une corrélation inverse entre les concentrations plasmatiques de triglycérides et de HDL-cholestérol (quelques exceptions : alcoolisme, oestrogènes, corticoïdes, hypothyroïdie). L'hypertriglycéridemie peut ainsi expliquer une concentration basse de HDL-cholestérol.
- Cette association est fréquente en présence d'une pathologie athéromateuse.
- La recherche d'une stricte normalisation des triglycérides (inférieur à 1,7 mmol/l=1,5 g/l) est logique.
- Les mesures hygiéno-diététiques sont toujours indiquées: réduction d'un excès pondéral, exercice physique...
- L'adjonction d'un traitement médicamenteux n'est pas encore étayée par des études d'intervention.

Hypertriglycéridémie (type IV)

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DIAGNOSTIC

Il s'agit d'une patiente porteuse d'une hypertriglycéridémie pure.

L'hypertriglycéridémie pure se caractérise par l'augmentation des triglycérides, une cholestérolémie totale normale avec diminution des concentrations de cholestérol HDL et d'apo A1.

Le seuil des triglycérides préconisé par le consensus européen et par les recommandations de l'ARCOL est aujourd'hui fixé à 2 g/l en prévention primaire à condition de respecter un jeûne de 12 heures avant le prélèvement (mais le taux véritablement normal semble être de 1,50 g/l au maximum).

CONDUITE À TENIR

RECHERCHER UNE CAUSE ALIMENTAIRE

On distingue trois types d'hypertriglycéridémie en fonction de la sensibilité nutritionnelle:
- hypertriglycéridémies glucido-dépendantes,
- hypertriglycéridémies alcoolo-dépendantes,
- hypertriglycéridémies glucido-alcoolo-dépendantes.
Dans les formes mineures, le rôle de l'environnement s'avère prépondérant.
La surcharge pondérale, la consommation de boissons alcoolisées et/ou une alimentation riche en sucres rapides doivent être corrigées avant de retenir le diagnostic d'hypertriglycéridémie essentielle.

RECHERCHER UNE CAUSE IATROGÈNE

Certains diurétiques thiazidiques ou non et les bêta-bloquants sans activité sympathomimétique peuvent entraîner l'augmentation des triglycérides et la baisse du cholestérol HDL.
La corticothérapie, les œstrogènes et les rétinoides entraînent également l'augmentation des triglycérides.

VÉRIFIER L'ABSENCE DE PATHOLOGIE ASSOCIÉE, NOTAMMENT UN DIABÈTE

L'enquête alimentaire retrouve une ration glucidique importante :
6 morceaux de sucre/jour,
40 g de confiture/jour,
2 crèmes desserts/jour,
4 verres/jour de jus de fruit ou de soda,
ration lipidique normale,
2 verres de vin/repas.

Les conseils diététiques consistent à diminuer la consommation de sucres rapides et à les remplacer par des sucres lents.
Deux mois après, le contrôle du bilan lipidique montre les résultats suivants :
- sérum clair,
- cholestérol total : 2 g/l,
- triglycérides : 1,30 g/l,
- HDL : 0,44 g/l,
- LDL : 1,30 g/l,
- apo B : 1,00 g/l.

Il s'agit d'une hypertriglycéridémie pure mineure normalisée par une alimentation sans sucres rapides.
Le régime joue un rôle majeur dans les hypertriglycéridémies et suffit le plus souvent à retrouver des chiffres normaux.
L'hypertriglycéridémie pure mineure où les triglycérides restent inférieurs à 10 g/l peut se transformer en type IV majeur sous l'influence de facteurs environnementaux (alimentation hyperglucidique, consommation de boissons alcoolisées).

Anomalies lipidiques modérées chez un coronarien (triglycérides augmentés + HDL-C diminué). Hypertriglycéridémie pure (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 54 ans a constitué six mois auparavant un infarctus inférieur peu étendu.
La coronarographie a révélé une sténose à 60 % de la coronaire droite, et 2 plaques peu sténosantes (20 %) sur l'interventriculaire antérieure.
Son traitement associe Isoptine®120: 3 gélules/jour et Aspirine® 100: une par jour (Aspégic®).

Depuis son infarctus il a repris une activité physique régulière d'entraînement (3 heures de vélo par semaine), suit attentivement les conseils diététiques, avec un poids stabilisé à 73 kg pour 1 m 72. Le tabac a été interrompu voici sept ans.
L'examen clinique est normal avec des chiffres tensionnels à 134/86 mmHg.

Le bilan lipidique indique :
- cholestérol total : 5 mmol/l (1,94 g/l),
- triglycérides : 2,13 mmol/l (1,85g/l),
- HDL-cholestérol : 1 mmol/l (0,39 g/l),
- LDL-cholestérol : 3,07 mmol/l (1,19 g/l), calculé par la formule de Friedewald,
- apolipoprotéine B : 1,15 g/l,
- lipoprotéine Lp (a) : 0,74 g/l.

DIAGNOSTIC

Le bilan lipidique actuel ne révèle donc pas d'anomalie patente, notamment le cholestérol total et le LDL-cholestérol correspondent aux objectifs souhaités chez un patient coronarien. Cependant :

- les triglycérides sont modérément élevés (d'autant qu'il n'y à pas d'excès pondéral), ce qui traduit une probable anomalie du métabolisme des lipoprotéines riches en triglycérides;
- le HDL-cholestérol est également modérément abaissé (les chiffres vraiment pathologiques seraient inférieurs à 0,9 mmol/l, soit 0,35 g/l).

Une concentration basse est souvent associée à une élévation de la triglycéridémie (et donc de la concentration de lipoprotéines riches en triglycérides). Cette situation est la conséquence d'une augmentation du transfert de lipides sous l'effet de la CETP entre les particules HDL et les lipoprotéines riches en triglycérides : les triglycérides sont transférés vers les particules HDL (et subiront l'action de la lipase hépatique), tandis qu'inversement, le cholestérol est transféré des particules HDL vers les lipoprotéines riches en triglycérides.
Ce profil lipidique est souvent rencontré en cas de maladie athéromateuse prématurée.

Dans le cas présent, la bonne observance des mesures hygiéno-diététiques contribue sans doute à limiter les anomalies qui seraient plus franches en cas d'habitudes alimentaires défavorables ou d'excès pondéral.

Par ailleurs :
- la concentration d'apolipoprotéine B est un peu supérieure à ce que laisserait penser la concentration de LDL-cholestérol. Cela peut traduire la présence de particules LDL plus petites et plus denses, souvent associée au profil lipidique décrit;
- enfin, et de façon indépendante, la concentration de Lp(a) est élevée, majorant le risque athérogène.

CONDUITE À TENIR

Les recommandations internationales dans le cadre de la prévention secondaire chez un patient coronarien sont ici satisfaites :
- LDL-cholestérol inférieur ou égal à 3,4 mmol/l,
- cholestérol total inférieur ou égal à 5 mmol/l,
- triglycérides inférieur ou égal à 2,3 mmol/l.

Le profil lipidique est néanmoins perturbé, favorise sûrement la maladie athéroscléreuse, et se rencontre de façon non rare chez les sujets coronariens. L'attitude thérapeutique ne peut être tranchée à partir des études d'interventions dans lesquelles les objectifs de traitement reposaient sur les valeurs de cholestérol total et de cholestérol-LDL.

Aussi, les objectifs à rechercher concernant les triglycérides ne font pas l'objet actuellement d'un consensus. On propose seulement de viser une valeur inférieure à 2,3 mmol/l (2 g/l). Dans le cas présent, on pourrait proposer de rechercher en fait une concentration de triglycérides inférieure à 1,7 mmol/l (1,5 g/l), ce qui s'accompagnerait probablement d'une remontée du HDL-cholestérol. Cette proposition logique ne peut être toutefois étayée sur des données d'études publiées.

Dans ce but, si les mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes, l'adjonction d'un traitement médicamenteux peut être proposée: fibrates (ou huiles de poisson). Mais il conviendra de s'assurer sous traitement que, parallèlement à la baisse des triglycérides, le LDL-cholestérol ne remonte pas (ce qui peut parfois s'observer en raison d'une conversion facilitée par le traitement des VLDL, riches en triglycérides, en LDL).

- Il existe une corrélation inverse entre les concentrations plasmatiques de triglycérides et de HDL-cholestérol (quelques exceptions : alcoolisme, oestrogènes, corticoïdes, hypothyroïdie). L'hypertriglycéridemie peut ainsi expliquer une concentration basse de HDL-cholestérol.
- Cette association est fréquente en présence d'une pathologie athéromateuse.
- La recherche d'une stricte normalisation des triglycérides (inférieur à 1,7 mmol/l=1,5 g/l) est logique.
- Les mesures hygiéno-diététiques sont toujours indiquées: réduction d'un excès pondéral, exercice physique...
- L'adjonction d'un traitement médicamenteux n'est pas encore étayée par des études d'intervention.

Hypertriglycéridémie (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

Une femme de 64 ans présente un angor d'effort apparu depuis trois mois.
Elle n'a par ailleurs pas d'autre antécédent personnel notable.

En revanche, au plan familial, deux de ses frères ont une maladie coronarienne (apparue entre 50 et 60 ans); sa mère est décédée à 62 ans à la suite d'un infarctus (leur statut lipidique n'est pas connu); sa fille présente une dyslipidémie mixte.

Le bilan biologique récent note :
- sérum trouble à jeun,
- cholestérol total : 5,7 mmol/l (2,2 g/l),
- triglycérides : 4,2 mmol/l (3,68 g/l),
- HDL-cholestérol : 0,93 mmol/l (0,36 g/l),
- LDL-cholestérol : 2,84 mmol/l (1,10 g/l), calculé par la formule de Friedewald,
- apolipoprotéine A1: 1,21 g/l,
- apolipoprotéine B : 1,25 g/l,
- glycémie : 5,5 mmol/l (1 g/l).

L'examen clinique est sans particularité et ne retrouve pas d'autre signe d'atteinte artérielle périphérique, ni de dépôt lipidique extravasculaire.
Le poids est de 75 kg pour 1 m 65 (index de masse corporelle 27,5 kg/m2).

Il n'y a pas d'autre facteur de risque vasculaire significatif.

DIAGNOSTIC

HYPERTRIGLYCÉRIDÉMIE (type IV)
- Biologie :
  • TG > 2,3 mmol/l (2g/l) ; inflation des VLDL
  • Sérum à jeun opalescent (triglycérides > 2 g/l) ou lactescent (> 5-6 g/l)
  • HDL-C bas (sauf oestroprogestatifs, corticoïdes, alcoolisme, hypothyroïdie)
  • LDL-C normal (< 3,4 mmol/l=1,3 g/l)
- Eliminer une dyslipidémie secondaire
- Risque athérogène démontré si :
  • autres types de dyslipidémie dans la famille (hyperlipidémie familiale combinée probable)
  • antécédents cardiovasculaires familiaux prématurés
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE

- Il s'agit d'une hypertriglycéridémie (type IV de la classification de Fredrickson). En effet, le LDL-cholestérol est normal. L'élévation mineure de la cholestérolémie est en rapport avec le cholestérol lié aux VLDL. Le lipidogramme pourrait confirmer qu'il s'agit d'une inflation exclusive des VLDL (en position pré-bêta sur gel d'agarose).
- La concentration basse de HDL-cholestérol est habituelle en cas d'hypertriglycéridémie (transfert du cholestérol des HDL vers les lipoprotéines riches en triglycérides).
- Le dosage des apolipoprotéines doit être interprété avec beaucoup de prudence en présence d'une hypertriglycéridémie car il perd alors beaucoup de sa précision.

DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE

- Il faut éliminer une cause de dyslipidémie secondaire et principalement ici :
• un diabète (glycémie normale),
• une insuffisance rénale,
• une hypothyroïdie (dosage de la TSH) beaucoup plus improbable car en règle à l'origine d'une hypercholestérolémie ou d'une hyperlipidémie mixte,
• l'alcoolisme,
• enfin, l'excès pondéral constitue une circonstance favorisante, mais qui ne peut être retenue ici comme « étiologie ».
-Il s'agit probablement d'une dyslipidémie génétique. Les deux diagnostics les plus fréquents dans ce cadre sont :
L'hypertriglycéridémie familiale : tous les sujets touchés dans la famille présentent alors une hypertriglycéridémie de type IV (plus rarement de type V),
L'hyperlipidémie familiale combinée est caractérisée par des phénotypes variables chez plusieurs membres de la famille (hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie ou hyperlipidémie mixte).

Dans le cas présent, ce diagnostic semble plus favorable puisque la fille de la patiente présente une formule d'hyperlipidémie mixte. Les antécédents familiaux coronariens sont également plutôt en faveur de ce diagnostic.

En effet, cette distinction n'est pas que spéculative. L'hyperlipidémie familiale combinée est indiscutablement athérogène. Le caractère athérogène de l'hypertriglycéridémie familiale est plus discuté. Dans tous les cas, la présence d'antécédents athéromateux dans la famille est essentielle à recueillir, signant le caractère athérogène très probable de la dyslipidémie.

CONDUITE À TENIR

- Compte tenu de la pathologie athéromateuse, la stricte normalisation de la dyslipidémie sera recherchée. Le LDL-cholestérol est normal (inférieur à 1,30 g/l). Vis-à-vis des triglycérides, le niveau cible ne fait pas encore l'objet d'un consensus universel; dans ce cas, en présence d'une pathologie athéromateuse, il est nécessaire d'obtenir une valeur inférieure à 2,3 mmol/l (2 g/l) et si possible inférieure à 1,7 mmol/l (1,5 g/l).

- Les mesures hygiéno-diététiques seront préconisées en première intention pendant plusieurs mois, d'autant que l'hypertriglycéridémie y est volontiers sensible.
- Ensuite, pourront être envisagés les traitements médicamenteux. Le choix pourrait exister ici entre les fibrates et les huiles de poisson.

Sous traitement, il faut surveiller l'évolution du LDL-cholestérol qui, parfois, peut remonter du fait d'une interconversion facilitée des VLDL en LDL.

Pancréatite aiguë et hypertriglycéridémie majeure (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

M. T.., 38 ans, est hospitalisé en urgence pour des douleurs abdominales de très grande intensité, diffuses, avec intolérance gastrique absolue (nausées et vomissements incoercibles) et diarrhée, apparues douze heures auparavant.
A l'examen clinique, il n'existe qu'une sensibilité épigastrique avec défense localisée, sans contracture véritable.

Les examens effectués rapidement autorisent le diagnostic de pancréatite aiguë: augmentation de l'amylasémie, de la lipasémie: augmentation du volume de la loge pancréatique avec contours flous et présence de liquide péritonéal au scanner.

Il n'y a pas de lithiase biliaire, pas de calcifications pancréatiques, pas de niveaux liquides ni de croissant clair inter-hépato-diaphragmatique sur la radiographie de l'abdomen sans préparation, permettant d'éliminer un certain nombre d'autres urgences abdominales.

DIAGNOSTIC

Le diagnostic étiologique de cette pancréatite aiguë est immédiatement orienté car : le sérum est lactescent (chez ce sujet qui est totalement à jeun, volontairement, depuis plus de douze heures), les triglycérides sont à 65 g/l, le cholestérol total à 13 g/l.

Les dosages de HDL cholestérol, d'apolipoprotéines A1 et B seront pris en défaut en raison de cette hypertriglycéridémie majeure. Il n'est donc pas nécessaire de les demander.

Le diagnostic d'hypertriglycéridémie majeure de type IV est hautement probable, car le rapport triglycérides/cholestérol total en grammes/litre est de l'ordre de 5 :
- dans le type 1, les chylomicrons sont présents en abondance, lipoprotéines qui ne contiennent que 2 % à 4 % de cholestérol pour 90 % de triglycérides (et, malgré l'hypertriglycéridémie, le cholestérol total est à peu près normal);
- dans le type IV, les VLDL qui contiennent environ 12 % de cholestérol et 60 % de triglycérides, donnent un rapport triglycérides/cholestérol total de l'ordre de 5;
- dans le type V, l'association chylomicrons et VLDL donne un rapport triglycérides/cholestérol total nettement supérieur à 5.
Ce type IV majeur est immédiatement confirmé par :
- le test de décantation spontanée; le sérum est uniformément lactescent après 24 heures de décantation à 4 °C. Il s'agit donc bien de VLDL en excès (car les chylomicrons, eux, remontent à la surface du sérum, donnant une couche crémeuse supérieure, alors que le sérum sous-jacent est parfaitement clair). Ce test très simple permet de différencier l'hyperchylomicronémie de type I de l'hypertriglycéridémie majeure de type IV;
- I'électrophorèse sur gel d'agarose qui met en évidence une augmentation très importante et exclusive des pré-bêta-lipoprotéines (avec souvent une traînée).

La pancréatite aiguë, hémorragique et/ou œdémateuse et/ou nécrosante ne se rencontre que dans les hypertriglycéridémies majeures, c'est-à-dire comportant un taux de triglycérides supérieur à 10 g/l (par définition) :

- soit de type I : hyperchylomicronémie ou hypertriglycéridémie majeure exogène dépendante des graisses alimentaires,
- soit de type IV: hypertriglycéridémie majeure endogène dépendante des glucides, de l'alcool ou d'une surcharge pondérale importante,
- soit de type V, exogène et endogène, dépendante des graisses et des glucides alimentaires. Ici, les habitudes d'intempérance, l'hépatomégalie stéatosique, l'augmentation du VGM et des Gammas GT signaient le type IV majeur alcoolodépendant, cas le plus fréquent.

CONDUITE À TENIR

La pancréatite aiguë, hémorragique et/ou œdémateuse et /ou nécrosante ne nécessite qu'un traitement médical, c'est-à-dire une diète absolue pour favoriser le catabolisme le plus rapide possible des lipoprotéines en excès, c'est-à-dire les VLDL.

Le type IV alcoolo-dépendant est caractérisé par son évolution extrêmement rapide, le bilan lipidique pouvant se normaliser totalement en 2 à 4 jours. L'aspiration gastro-duodénale sera mise en place. Le traitement chirurgical ne sera envisagé que plus tard, devant l'existence d'un faux kyste par exemple.

- Le pronostic à long terme est avant tout fonction de l'observance du régime : aucune boisson alcoolisée dans la forme alcoolo-dépendante, hypoglucidique sans sucres à absorption rapide dans la forme glucido-dépendante, hypocalorique global dans la forme dépendant d'une surcharge pondérale marquée. Ce régime doit être scrupuleusement observe, une rechute de pancréatite aiguë ou sub-aiguë étant possible à chaque augmentation des triglycérides au-dessus de 10 grammes/litre, la dépendance alimentaire étant très stricte et très sensible.

- Malgré la possibilité de récidives, il est exceptionnel que ces pancréatites aiguës évoluent vers la pancréatite chronique. En revanche, l'évolution vers un faux kyste du pancréas est toujours possible.

- La pathogénie de ces pancréatites aiguës au cours des hypertriglycéridémies majeures n'est pas parfaitement connue. On pense cependant qu'il s'agit d'une déviation métabolique de la lipase pancréatique. Au lieu d'aller hydrolyser les graisses alimentaires dans la lumière intestinale, la lipase pancréatique irait hydrolyser les triglycérides en acides gras dans les capillaires pancréatiques lorsqu'il existe une hypertriglycéridémie importante.

C'est l'augmentation in situ des acides gras libres dans les capillaires pancréatiques qui provoquerait la pancréatite aiguë (ce qui est expérimentalement prouvé).

Les autres hypothèses physio-pathologiques pourraient être l'ischémie et, dans le cas présent, la toxicité directe de l'alcool.
PANCRÉATITE AIGUË ET HYPERLIPIDÉMIE

La pancréatite aiguë

  1. ne se rencontre que dans les hypertriglycéridémies majeures (plus de 10 grammes/litre de triglycérides)
    • soit exogènes, dépendantes des graisses de type I (hyperchylomicronémie exceptionnelle : 1 cas sur 1 million),
    • soit endogènes, dépendantes des glucides, de l'alcool, d'une surcharge pléthorique (type IV) : assez fréquentes,
    • soit exogènes et endogènes (type V) : exceptionnelles,
  2. doit être traitée médicalement si possible : diète absolue et aspiration digestive,
  3. peut récidiver lors de chaque poussée d'hypertriglycéridémie majeure, c'est-à-dire à chaque fois que les triglycérides augmentes au-dessus de 10 g/l.

Traitement diététique de l'hypertriglycéridémie pure (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

Un homme de 37 ans sans antécédent particulier ni personnel, ni familial, consulte pour une élévation des triglycérides à 3,45 g/l, le cholestérol étant normal à 2,42 g/l, et le HDL-cholestérol bas à 0,37 g/l.

L'augmentation des triglycérides associée à une baisse importante du HDL-cholestérol peut entraîner un risque cardio-vasculaire et nécessite donc une étape diététique.

L'examen clinique est normal.
L'enquête alimentaire initiale est réalisée selon un questionnaire de fréquence et donne les résultats suivants :
aliment fréquence
frites 2 ou 3 fois/semaine
charcuterie 4 fois/semaine (dont 2 fois du jambon)
pâtisserie 2 fois/semaine + 2 viennoiseries/semaine
fromage 1 fois/jour
confiture 40 g/jour le matin
sucre 30 g/jour
boisson sucrée (jus de fruit et limonade) 1 fois/jour (200 à 600 ml)
laitage sucré 6 jours/7
beurre 30 à 50 g/jour
huile d'arachide 10 à 40 g/jour
porc 1 fois/semaine
volaille 2 fois/semaine
poisson 1 fois/semaine
oeufs 1 fois/semaine
veau 2 fois/semaine
boeuf 3 fois/semaine
mouton 1 fois/semaine
alcool 1 verre vin/jour
glace 1 fois/semaine
Remarque.L'analyse informatisée plus approfondie de l'enquête alimentaire de ce sujet donne les résultats suivants :
- calories: 2 295 Cal/j,
- protides: 14 % de l'apport énergétique total,
- glucides: 54 % avec une répartition deux tiers sucres simples, un tiers sucres complexes,
- lipides : 32 % avec la répartition acides gras saturés : 54 %, acides gras poly-insaturés : 7 % et acides gras mono-insaturés :39%,
- alcool : 15 g/j.
L'analyse informatisée ci-dessus est exposée pour concrétiser les anomalies de l'alimentation de ce patient, mais n'est pas indispensable pour le conseil nutritionnel.

CONDUITE À TENIR

Dans le cadre de l'hypertriglycéridémie, l'analyse se tournera vers la consommation de sucres et d'alcool.
La consommation d'alcool est très modérée et n'est vraisemblablement pas à l'origine de l'hypertriglycéridémie.

En ce qui concerne les sucres, la proportion idéale est une répartition en faveur des sucres complexes (2/3) par rapport aux sucres rapides (1/3).

Ainsi, il sera demandé au sujet de remplacer la consommation :
- de boissons sucrées par de l'eau minérale gazeuse,
- de laitages sucrés et de pâtisserie par des produits laitiers nature sans sucre (yaourt, petit suisse, fromage blanc 20 %),
- de la charcuterie par des crudités ou de la salade,
- de limiter la consommation de confiture, de sucre,
- de réaliser un apport de légumineuses (lentilles, pois chiches, pois cassés, haricots blancs...) une fois par semaine, qui aura pour avantage d'augmenter sensiblement la quantité de sucres complexes.
Enfin, il ne faut pas oublier l'exercice physique qui a un effet hypotriglycéridémiant certain.

Hypertriglycéridémie pure (type IV)

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HISTOIRE DU PATIENT

M. R..., 35 ans, se plaint depuis douze heures de douleurs abdominales extrêmement violentes, avec nausées, vomissements, diarrhée, ces douleurs évoluant par paroxysmes.

Des dosages d'amylasémie et de lipasémie nettement élevés, un pancréas augmenté de volume, aux contours flous, avec du liquide péritonéal, confirment le diagnostic de pancréatite aiguë.

Il a déjà fait des épisodes douloureux analogues, mais moins violents et de durée plus brève.
Le contrôle sanguin retrouve un sérum lactescent, un taux de cholestérol total à 10 g/l, des triglycérides à 60 g/l.
Il mesure 1 m 70, pèse 60 kilos. La glycémie est à 1 g/l.

DIAGNOSTIC

Il s'agit d'une pancréatite aiguë au cours d'un hyperlipoprotéinémie.
Le rapport triglycérides/cholestérol total étant de 5 à 6, il s'agit de VLDL en excès, c'est-à-dire d'une hypertriglycéridémie majeure endogène de type IV.

Elle peut être dépendante des glucides, d'une obésité, ou d'un excès de boissons alcoolisées.

Ici, le poids est normal pour la taille, la glycémie est normale.
En revanche, l'interrogatoire retrouve la prise de boissons alcoolisées en très grande quantité: 3 litres de bière/jour, nombreux apéritifs, vin à table...

CONDUITE À TENIR

Dans l'immédiat: il faut respecter une diète absolue et mettre le patient sous aspiration digestive, antispasmodiques et antalgiques, l'évolution de l'hypertriglycéridémie se faisant vers la quasi-normalisation des taux lipidiques en quelques jours.
Secondairement, un régime sans aucune boisson alcoolisée devra être respecté à la lettre (pas de cidre, bière, vin, apéritif et liqueur). Ce n'est que dans le cas de l'évolution tardive vers un faux kyste du pancréas qu'un recours chirurgical sera envisagé.
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