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Index de la page.
L'exploration du
métabolisme lipidique en pratique courante
Hyperlipidémies
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La connaissance de plus en plus
précise de la nature des lipoprotéines, de leur composition et de
leur métabolisme permet en pratique courante, grâce à un
contrôle complet des lipides circulant, de poser un diagnostic
précis du type d'hyperlipidémie et de proposer un traitement
adapté.
La question de savoir s'il faut traiter une
hyperlipidémie n'est plus de mise à l'heure actuelle, car:
- toutes les études épidémiologiques mettent en
évidence une corrélation positive, statistiquement significative
entre le taux de cholestérol total (LDL-cholestérol
athérogène) et la fréquence des complications
cardio-vasculaire ischémiques (morbidité et mortalité
coronariennes notamment);
- les études épidémiologiques plus
récentes mettent en évidence une corrélation
négative, statistiquement significative entre le taux de
LDL-cholestérol (anti-athérogène) et la fréquence
des mêmes complications ischémiques;
- les études de prévention primaire et
secondaire objectivent que la diminution significative du cholestérol
total (LDL cholestérol) entraîne une baisse de la fréquence
de ces mêmes complications. Deux études récentes viennent
même de démontrer une diminution de la mortalité totale
chez les coronariens soumis à un traitement visant à abaisser le
LDL-cholestérol (étude 4S) et chez les sujets en
prévention primaire (étude WDS);
- les études de " régression de
l'athérosclérose " montrent qu'au prix d'une diminution des
fractions lipidiques athérogènes (cholestérol total,
triglycérides, LDL-cholestérol et apolipoprotéine B) et
d'une augmentation de la fraction anti-athérogène
(HDL-cholestérol et apolipoprotéine A-I), on peut espérer
un ralentissement de la progression de l'athérosclérose, une
stabilisation, voire une véritable régression des lésions
jeunes par comparaison à un groupe placebo, et cela, même si le
taux de cholestérol total est relativement peu élevé au
départ.
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Nous envisagerons successivement:
- le métabolisme des lipoprotéines,
- le contrôle des fractions lipidiques plasmatiques en
pratique courante,
- quelques notions plus récentes concernant la
lipoprotéine (a), les particules lipoprotéiques, la
lipémie postprandiale..., que l'on pourrait grouper sous le terme de
" nouveaux facteurs lipidiques de risque cardio-vasculaire ".
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Début
LE MÉTABOLISME DES LIPOPROTÉINES

Figure 1
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Le contrôle des fractions
lipidiques plasmatiques n'est que le reflet du métabolisme
général des lipoprotéines. On dose donc couramment le
cholestérol total (et éventuellement les fractions libre et
estérifiée), les triglycérides, les phospholipides, voire
les acides gras. Ces fractions lipidiques ne circulent pas cependant telles
quelles dans le plasma. Elles circulent sous une forme
pluri-moléculaire. Ce sont les lipoprotéines.
Les lipides ne sont, en effet, pas solubles dans le plasma.
Ils sont rendus solubles parce qu'ils sont liés à une fraction
protéique que l'on appelle l'apolipoprotéine. La réunion
de la fraction lipidique et de la fraction protéique constitue la
lipoprotéine. Toutes les lipoprotéines répondent au
schéma suivant et comprennent :
- un noyau central formé de cholestérol
estérifié et de triglycérides,
- une couronne périphérique faite de
l'assemblage d'apolipoprotéines, de phospholipides et de
cholestérol libre. Cette enveloppe mono-couche assure la
solubilité de la lipoprotéine dans le plasma et permet le
transport des lipides non hydrosolubles (figure 1).
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Il existe cinq lipoprotéines,
qui contiennent toutes une portion lipidique et une portion protéique,
mais qui diffèrent selon le contenu lipidique et selon le (ou les)
type(s) d'apolipoprotéines :
- les chylomicrons,
- les VLDL (very low density lipoproteins, ou
lipoprotéines de trés faible densité),
- les IDL ((intermediary density lipoproteins ou
lipoprotéines de densité intermédiaire),
- les LDL (low density lipoproteins ou
lipoprotéines de basse densité),
- les HDL (high density lipoproteins ou
lipoprotéines de haute densité).
Ainsi, lorsque l'on parle de :
- cholestérol total, cela représente la somme
des différentes fractions de cholestérol (libre et
estérifié) transportées par les différentes
lipoprotéines,
- triglycérides, cela représente les
différentes fractions de triglycérides transportées par
les différentes lipoprotéines. Chez le sujet normal, 80 % des TG
sont dans les VLDL, 75 % du cholestérol sont dans les LDL.
Ces lipoprotéines subissent un métabolisme
permanent :
- les unes sont très riches en triglycérides et
ne sont retrouvées qu'en période postprandiale: chylomicrons,
VLDL, une grande partie des IDL,
- les autres sont riches en cholestérol et sont
retrouvées à jeun LDL (riches en cholestérol dites
"athérogènes"), HDL (riches en cholestérol dites
"anti-athérogènes").
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Figure 2
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Ce métabolisme peut
être simplifié au maximum (figure 2):
- après absorption des graisses alimentaires, la
première lipoprotéine mise en circulation est le chylomicron,
ainsi nommé parce qu'il circule d'abord dans le chyle (la lymphe) avant
de gagner la circulation sanguine.
Le chylomicron subit l'action d'une enzyme fondamentale, la lipoprotéine
lipase, qui hydrolyse les triglycérides et le transforme en une
molécule plus petite et moins riche en triglycérides: le remnant
(ou " reste " ou " résidu " de chylomicron) qui est
reconnu par un récepteur spécifique de l'apolipoprotéine E
au niveau de la membrane des hépatocytes, et est catabolisé
à ce niveau;
- le foie met en circulation de nouvelles
lipoprotéines synthétisées in situ : les VLDL, qui
subissent à leur tour l'action de la lipoprotéine-lipase qui les
transforme en IDL.
Celles-ci sont reconnues pour leur plus grande part par un récepteur
spécifique des apolipoprotéines B/E au niveau de la membrane des
hépatocytes et sont dégradées in situ.
Les autres subissent l'action de la lipase hépatique qui les transforme
en LPL Elles sont reconnues par le même récepteur des
apolipoprotéines B/E, situé au niveau de la membrane des
hépatocytes et des autres cellules périphériques.
Les LDL se fixent sur ce récepteur, sont internalisées avec ce
récepteur, et subissent toute une suite de réactions aboutissant
au dépôt intracellulaire de cholestérol libre.
Cela a pour conséquence de réprimer la synthèse
intracellulaire de cholestérol (qui peut, dans toutes les cellules de
l'organisme, se faire à partir de la molécule fondamentale du
métabolisme intermédiaire: l'acétyl coenzyme A);
- les HDL sont avant tout synthétisées par le
foie, mais proviennent également en partie de l'hydrolyse directe des
lipoprotéines riches en triglycérides (chylomicrons et VLDL).
Très schématiquement, elles vont capter le cholestérol
libre au niveau de la membrane plasmique des cellules
périphériques et le ramènent au foie où il sera
catabolisé en acides biliaires et éliminé par le cycle
entéro-hépatique.
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Dans ce métabolisme, deux points
apparaissent primordiaux :
- Le rôle joué par la portion protéique
(ou les portions protéiques) des lipoprotéines : les
apolipoprotéines sont considérées comme la partie
intelligente de la lipoprotéine puisque ce sont elles qui sont reconnues
par les récepteurs spécifiques situés au niveau de la
membrane cellulaire (hépatocyte ou autre cellule
périphérique).
Il existe cinq classes
d'apolipoprotéines majeures: A, B, C, D, E.
Avec des sous-classes:
- A-I, A-II, A-IV,
- B100, B48,
- CI, CII, CIII,
- et avec parfois des isomorphes pour certaines: par exemple
E2, E3, E4.
Il faut retenir surtout que:
- L'apolipoprotéine CII est le cofacteur d'activation
de la lipoprotéine-lipase,
- L'apolipoprotéine A-I, présente surtout dans
les HDL, est en corrélation positive et statistiquement significative
avec le cholestérol HDL2, c'est-à-dire la véritable
fraction anti-athérogène du cholestérol total.
Elle active la LCAT
(lécithine-cholestérol-acyl-transférase) qui joue un
rôle fondamental dans le " transport reverse " du
cholestérol,
- L'apolipoprotéine B, présente surtout dans
les LDL, est en corrélation positive et statistiquement significative
avec le cholestérol LDL, c'est-à-dire la fraction
athérogéne du cholestérol total.
La structure de ces protéines est parfaitement
déterminée, de même que la localisation chromosomique et la
séquence de leur gène. Différents types de mutations
(ponctuelles, délations, inversions...) sont connus et sont responsables
de la non-reconnaissance de la lipoprotéine par son récepteur
spécifique, d'où certaines dyslipoprotéinémies.
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Figure 3
Figure 4
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- Les LDL, lipoprotéines athérogènes par
excellence, sont donc reconnues par le récepteur des
apolipoprotéines B/E (Brown et Goldstein, prix Nobel 1985) et sont
catabolisées à l'intérieur de la cellule selon un
schéma désormais classique (figure 3).
Mais si, pour une raison quelconque (par exemple un
déficit quantitatif en récepteurs des LDL comme dans certains cas
d'hypercholestérolémie familiale, ou un déficit qualitatif
en ces mêmes récepteurs, comme semble pouvoir en provoquer un
régime trop riche en cholestérol et/ou graisses
-saturées), les LDL ne sont plus normalement catabolisées par
cette " voie normale des récepteurs des apolipoprotéines B/E
" (ou voie de Brown et Goldstein), les LDL séjournent plus
longtemps dans le plasma puisque leur durée de demi-vie est
augmentée.
Elles sont alors modifiées, surtout oxydées par les radicaux
libres, et sont alors reconnues par un autre récepteur (dit "
scavenger " ou " éboueur ") situé au niveau de la
membrane des macrophages. Ces LDL oxydées pénètrent dans
le macrophage et subissent toute une suite de réactions aboutissant au
dépôt intracellulaire de cholestérol
estérifié, et finalement à la transformation du macrophage
en cellule-spumeuse, base de la lésion d'athérosclérose.
La théorie lipidique de
l'athérosclérose est schématisée dans la
figure 4 :
- les LDL natives sont donc oxydées par les radicaux
libres dans l'espace sous-endothélial et captées et
internalisées dans le macrophage,
- le macrophage, ayant internalisé les LDL
oxydées, sécrète des agents chimio-attractifs
(interleukine 1, tumor necrosis factor alpha...) qui attirent les
monocytes circulant dans l'espace sous-endothélial,
- les LDL oxydées empêchent la mobilité
des macrophages (les retenant dans l'espace sous-endothélial) et ont une
cytotoxicité envers les cellules environnantes, en particulier les
cellules endothéliales, ce qui provoque une brèche
endothéliale, puis une adhésion des plaquettes...
La strie lipidique est alors formée. Ensuite, le
macrophage sécrète des facteurs de croissance (fibroblast
growth factor,...) qui attirent les cellules musculaires lisses de la media
vers l'intima artérielle, favorisant leur prolifération et
conduisant à des lésions athéromateuses plus
évoluées.
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Début LE CONTROLE DES FRACTIONS LIPIDIQUES
PLASMATIQUES EN PRATIQUE COURANTE
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- Un bilan lipidique complet comprendra la
détermination, au bout de douze heures de jeûne, des
paramètres suivants:
- l'aspect du sérum à jeun (il peut être
clair, opalescent, lactescent),
- cholestérol total (CT),
- triglycérides (TG),
- HDL-cholestérol (CHDL): rappelons que celui-ci ne
doit être dosé que par une technique de précipitation, et
jamais par la technique électrophorétique presque toujours
erronée car transformant une donnée qualitative en donnée
quantitative,
- le LDL-cholestérol (CLDL): le dosage direct de cette
fraction est trop compliqué et trop onéreux; il est beaucoup plus
simple de le Calculer par la formule de Friedewald et Fredrickson, valable
à condition que les triglycérides soient inférieurs
à 4 g/l :
CLDL=CT - CHDL - TG/5 (en g/l)
- apolipoprotéine B: en corrélation directe,
positive et statistiquement significative avec la fraction
athérogène LDL-cholestérol,
- apolipoprotéine A-I: également en
corrélation directe positive et statistiquement significative avec la
fraction anti-athérogène HDL-cholestérol.
En pratique, on se contentera des dosages de CT, TG, C HDL
et Apo B.
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TABLEAU I.
Fréquence d'une cholestérolémie > à 2.50
g/l.
Résultats de 400 000 dosages biologiques, en France en 1988, par les
centres d'examens de santé de l'assurance-maladie, en fonction du sexe
et de l'âge. |
Âge |
HOMMES
(CT m=2.19) |
FEMMES
(CT m=2.11) |
15-24 |
5.4
% |
Total
=18.4 % |
4.0
% |
Total
=17.2 % |
25-29 |
9.7
% |
6.7
% |
30-34 |
18.3
% |
7.9
% |
35-39 |
24.8
% |
10.8
% |
40-44 |
30.0
% |
13.5
% |
45-49 |
33.4
% |
20.5
% |
50-54 |
35.7
% |
32.2
% |
55-59 |
33.1
% |
48.1
% |
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- Les valeurs " normales " sont inconnues (car il
n'y a pas de seuil au-dessus duquel le risque apparaît. Il s'agit d'une
variation continue du risque). Ce sont, comme pour la plupart des facteurs de
risque cardio-vasculaire, des valeurs recommandées, correspondant
à un moindre risque cardio-vasculaire :
- cholestérol total: jusqu'en 1984, le taux "
normal " de cholestérol total était déterminé
par la règle de Fredrickson, c'est-à-dire 2 g/l avec, en
décimales, l'âge en années (2,30 g/l à 30 ans; 2,60
g/l à 60 ans).
Mais les grandes études épidémiologiques (Framingham au
premier chef) ont conduit à réviser ces données.
La première conférence de consensus (consensus américain,
Bethesda, 1984-1985) a fixé le taux souhaitable du cholestérol
total chez l'adulte à 2 g/l. Cela ne veut évidemment pas dire
grand-chose car, d'une part, il faut tenir compte des fractions
athérogène et anti-athérogène et, d'autre part, ce
taux doit être interprété en fonction du contexte des
autres facteurs de risque et des antécédents cardio-vasculaires
personnels, voire familiaux;
- triglycérides: le chiffre " normal " a
été fixé provisoirement à 2 g/l, ce qu'il faudra
probablement réviser secondairement pour revenir à l'ancienne
limite autorisée de 1,50 g/l:
- HDL-cholestérol: il doit être supérieur
à 0,35 g/l. Il est en effet démontré qu'un taux
régulièrement inférieur à 0,35 g/l est un facteur
de risque cardio-vasculaire indépendant des autres facteurs de risque
cardio-vasculaire en général, et des autres facteurs lipidiques
de risque.
Le taux moyen est cependant de 0,45 g/l dans la population masculine, et de
0,55 g/l dans la population féminine non ménopausée;
- LDL-cholestérol: un taux inférieur ou
égal à 1,60 g/l semble souhaitable. Mais on pense qu'en
prévention secondaire, un taux inférieur à 1,30 g/l serait
à obtenir;
- apolipoprotéine B: taux normal inférieur
à 1,30 g/l;
- apolipoprotéine A-I: taux normal supérieur
à 1,20 g/l.
Cependant, l'absence de standardisation des techniques de
dosage des apolipoprotéines rend difficile l'application des valeurs
recommandées.
- Indice d'athérogénicité CT/CHDL: c'est
ce rapport qui est le plus utilisé, indiquant un risque augmenté
s'il est supérieur à 4,5. Mais, autant ce rapport est valable
pour les études épidémiologiques portant sur un grand
nombre de sujets, autant il peut être pris en défaut chez un
patient donné en raison de sa grande variabilité d'un
contrôle lipidique à l'autre.
L'ampleur
du problème apparaît considérable: si l'on se
réfère aux 400 000 dosages effectués en 1988 par les
centres d'examens de santé de l'assurance-maladie dans toutes les
provinces de France et dans toutes les catégories socioprofessionnelles,
on voit que (Tableau I) :
- dans le sexe masculin: le taux moyen de cholestérol
total, tous âges confondus, est de 2,19 g/l; 5,4 % des sujets
âgés de 15 à 24 ans ont une cholestérolémie
supérieure à 2,50 g/l, etc., ce qui fait que près d'un
homme sur 5 (18,4 %) a une cholestérolémie supérieure a
2,50 g/l;
- dans le sexe féminin: le taux moyen de
cholestérol total, tous âges confondus, est de 2,11 g/l; 4 % des
femmes âgées de 15 à 24 ans ont une
cholestérolémie supérieure à 2,50 g/l, etc;., ce
qui fait que 17,2 % des femmes ont une cholestérolémie
supérieure à 2,50 g/l.
Si l'on fixait le taux " normal " de
cholestérol total à 2 g/l, c'est plus de la moitié de la
population française qui serait concernée.
Quoi qu'il en soit, le taux de cholestérol total peut
varier selon l'heure, la saison..., et une variation de l'ordre de 0,20 g/l
d'un jour à l'autre est possible. Le taux des triglycérides est
éminemment variable en fonction des conditions
diététiques.
Il est donc préférable, sauf urgence,
cardio-vasculaire en particulier, de faire deux ou trois contrôles
lipidiques à trois ou quatre semaines d'intervalle pour bien classer
l'hyperlipoprotéinémie dans un cadre déterminé et
prescrire le traitement adapté, diététique toujours, et
éventuellement médicamenteux.
Que faut-il raisonnablement essayer d'obtenir sous
traitement ? La plupart des spécialistes sont aujourd'hui d'accord pour
dire que la situation est différente selon que l'on se trouve en
prévention cardio-vasculaire primaire ou secondaire.
- En prévention cardio-vasculaire primaire: il est
raisonnable d'envisager :
- la diététique seule si le
LDL-cholestérol est compris entre 1,60 et 1,90 g/l,
- l'association régime et hypolipidémiant si le
LDL-cholestérol reste supérieur à 1,90 g/l malgré
le régime, ou s'il reste supérieur à 1,60 g/l mais en
association avec d'autres facteurs de risque (obésité, HTA,
tabagisme...).
- En prévention cardio-vasculaire secondaire: le
traitement est toujours beaucoup plus efficace en termes de morbidité et
de mortalité cardio-vasculaires, et il faut tout mettre en uvre
pour se rapprocher des taux suivants :
- cholestérol total de l'ordre de 2 g/l,
- LDL-cholestérol de l'ordre de 1,30 g/l, voire moins
en fonction du contexte,
- HDL-cholestérol de l'ordre de 0,45 g/l, voire
plus,
- triglycérides normaux (inférieurs à
1,50 g/l).
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- L'ARCOL (Comité français de coordination des
recherches sur le cholestérol) a essayé, depuis plusieurs
années, d'uniformiser les techniques de laboratoires pour ces
différents dosages et recommande :
- pour le cholestérol total: la technique enzymatique
(Biomérieux ou Boehringer par exemple),
- pour les triglycérides: (idem),
- pour le HDL-cholestérol: la technique de
précipitation par le chlorure de magnésium et le phosphotungstate
qui précipite les LDL et les VLDL; le HDL cholestérol est
dosé dans le surnageant par la même technique enzymatique que le
cholestérol total,
- pour le LDL-cholestérol: le calcul par la formule de
Friedewald,
- pour les apolipoprotéines A-I et B: les techniques
immunologiques automatisées (néphélémètre de
préférence). La répétabilité,
c'est-à-dire les dosages répétés sur le même
prélèvement du patient est, avec ces techniques, de l'ordre de 2
% à 3 %. Cela, sauf si les triglycérides sont supérieurs
à 3 g/l, car, dans ce cas, les dosages d'apolipoprotéines A-I et
B (et de lipoprotéine (a), voir plus loin) sont pris en défaut.
La reproductibilité, c'est-à-dire les
dosages répétés plusieurs jours de suite sur le même
prélèvement, est de 4 % à 5 %, ce qui est également
très fiable.
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Figure 5
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- D'autres examens sont également possibles :
- L'électrophorèse des lipoprotéines,
sur gel d'agarose surtout, permet de bien séparer les différentes
fractions: chylomicrons, bêta-lipoprotéines (correspondant aux
LDL), broad-bêta-lipoprotéines (correspondant aux IDL),
pré-bêta-lipoprotéines (correspondant aux VLDL)
(figure 5).
Elle reste à la
base de la classification des hyperlipoprotéinémies :
- type I: hyperchylomicronémie ou
hypertriglycéridémie dépendante des graisses alimentaires,
- type IIa: augmentation des
bêta-lipoprotéines (hypercholestérolémie pure,
familiale à transmission autosomique dominante monogénique, ou
non familiale polygénique),
- type IIb: augmentation des bêta- et
pré-bêta-lipoprotéines (hyperlipidémie
combinée),
- type III: augmentation et/ou seulement
présence de la broad-bêta-lipoprotéine
(dys-bêta-lipoprotéinémie),
- type IV: augmentation des
pré-bêta-lipoprotéines (hypertriglycéridémie
endogène, dépendante des glucides, de l'alcool ou d'une
obésité),
- type V: hyperchylomicronémie et
hyperpré-bêta-lipoprotéinémie.
Tout cela reste vrai, en sachant
que les types IIa, IIb et IV représentent la grande majorité des
hyperlipidémies rencontrées en clinique.
- Les autres examens sont, pour la plupart, effectués
dans des laboratoires très spécialisés :
- séparation des lipoprotéines par
ultra-centrifugation en chylomicrons, VLDL, IDL, LDL, HDL, et dosage des
fractions lipidiques dans chacune de ces classes,
- étude des apolipoprotéines C et E... par
iso-électrofocalisation,
- étude des récepteurs des LDL,
- cinétique in vivo des VLDL, LDL, HDL,
- étude de la susceptibilité à
l'oxydation des LDL,
- dosage des activités enzymatiques:
lipoprotéine-lipase, lipase hépatique, LCAT
(lécithine-cholestérol-acyl-transférase), CETP
(protéine de transfert du cholestérol estérifié ou
Cholestérol ester transfer protein),
- étude des gènes des
apolipoprotéines...
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Début LES NOUVEAUX FACTEURS LIPIDIQUES DE RISQUE
CARDIO-VASCULAIRE
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Début LA LIPOPROTÉINE (a)
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On en parle beaucoup à l'heure
actuelle, peut-être à juste titre, même si elle reste par
bien des côtés encore obscure. Elle ressemble beaucoup à la
LDL, avec en plus une apoprotéine (a) liée par un pont disulfure
à chaque molécule d'apoprotéine B100.
- Elle est particulièrement athérogène
si son taux plasmatique dépasse 0,45 g/l. (la valeur guide de 0,30 g/l a
été réévaluée à 0,45 g/l à la
suite de modifications techniques de dosage).
- Son dosage est difficile car il existe une
immuno-réactivité croisée avec le plasminogène.
- Son taux est en corrélation avec le degré
d'athérosclérose coronarienne et carotidienne.
- Il est génétiquement déterminé
et ne varie guère au cours de la vie.
- Elle résiste à tout traitement
diététique et médicamenteux, sauf à l'acide
nicotinique.
- Elle diminue globalement la fibrinolyse et est donc
également impliquée dans les processus de thrombogenèse.
En pratique, son dosage systématique à
l'occasion de tout contrôle lipidique est, pour nous, totalement
prématuré et irréaliste, sauf chez le coronarien.
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Début LES PARTICULES LIPOPROTÉIQUES
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Alaupovic, puis Fruchart, pensent que
la séparation classique des lipoprotéines par
ultra-centrifugation préparatrice en chylomicrons, VLDL, IDL, LDL et HDL
ne rend pas entièrement compte de la réalité, les
échanges entre ces lipoprotéines étant innombrables et
permanents.
Ils préfèrent, grâce à des anticorps, séparer
des " particules lipoprotéiques " selon leur composition en
apolipoprotéines, et distinguent :
- les particules simples, ne contenant qu'une seule
apolipoprotéine, par exemple :
- Lp AI: ne contenant que l'apolipoprotéine A-I,
- Lp B: ne contenant que l'apolipoprotéine B,
- etc.
- les particules complexes, contenant au moins deux
apolipoprotéines, par exemple :
- Lp AI : AII: contenant les apolipoprotéines A-I et
A-II,
- Lp B : E: contenant les apolipoprotéines B et E.
- Lp B : CIII: contenant les apolipoprotéines B et
CIII
- etc.
Ce fractionnement rendrait mieux compte de la
réalité, ces auteurs ayant par ailleurs démontré
que :
- parmi les particules lipoprotéiques contenant les
apolipoprotéines A: seule la Lp AI (et non la Lp AI : AII) est
anti-athérogène,
- parmi les particules lipoprotéiques contenant
l'apolipoprotéine B: seules les Lp B : E et Lp B : CIII sont
véritablement athérogénes,
- etc.
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Début AUTRES FACTEURS LIPIDIQUES DE RISQUE
CARDIO-VASCULAIRE
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a)
L'hyper-apo-bêta-lipoprotéinémie: il existe, dans l'immense
majorité des cas, une corrélation positive, statistiquement
significative, entre le taux de LDL-cholestérol et
d'apolipoprotéine B.
Cependant, certains patients ont une élévation isolée de
l'apolipoprotéine B. C'est
l'hyper-apo-bêta-lipoprotéinémie, décrite par
Sniderman en 1980, transmise selon un mode autosomique dominant. Elle est
caractérisée par un sérum clair à jeun, des taux
normaux de cholestérol total, triglycérides, LDL et HDL
cholestérol.
La seule anomalie réside donc en une élévation
isolée de l'apoprotéine B100, les LDL étant
particulièrement riches en cette apolipoprotéine.
Il ne semble, en fait, s'agir que d'une hyperlipidémie combinée
en rémission partielle, qui doit être traitée car fortement
athérogène.
b) L'hypo-alpha-lipoprotéinémie: de la
même façon, il existe, dans l'immense majorité des cas, une
corrélation positive, statistiquement significative, entre le taux de
HDL-cholestérol et d'apolipoprotéine A-I.
Certaines familles ont des taux bas de HDL-cholestérol. On parle
d'hypo-alpha-lipoprotéinémie lorsque le HDL-cholestérol,
dosé par une technique de précipitation, est inférieur
à 0,35 g/l, au moins à trois reprises.
Il s'agit alors d'un facteur de risque cardio-vasculaire indépendant des
autres facteurs (lipidiques ou non) de risque.
Il faut alors à tout prix normaliser le taux de
triglycérides si celui-ci est élevé (l'association
hypertriglycéridémie et diminution du HDL cholestérol est
des plus classiques), et lutter contre les autres facteurs de risque
éventuellement associés (tous les facteurs de risque diminuant le
HDL2 cholestérol, la véritable fraction
anti-athérogène).
c) La lipidémie (ou lipémie) postprandiale:
l'augmentation parfois trop importante et trop retardée des
triglycérides, en période postprandiale, due à
l'accumulation des remnants de chylomicrons et de VLDL, a été
mise en évidence dans plusieurs études portant sur les
coronariens.
La réalisation pratique de cette étude et les critères de
" normalité " font encore partie du domaine des services
spécialisés. Mais il s'agira, dans un avenir proche, d'un facteur
de risque à prendre en considération.
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