CHAPITRE 1
Compartiments - Relations hydriques


6. Osmorégulation des liquides intracellulaires

A la lumière de ce qui précède il ressort que dans bon nombre de cas, chez de nombreuses espèces, l'osmolarité du sang peut varier dans une mesure non négligeable en fonction des conditions extérieures. Chez différents invertébrés euryhalins hyperosmorégulateurs ou osmoconformes par exemple l'osmolarité sanguine va passer de quelque 1000 mOsm/l lorsque l'animal est en eau de mer à quelque 450-500 mOsm/l au cours de l'adaptation à un milieu suffisamment dilué. Les cellules auront dans ces cas à supporter des changements d'osmolarité d'environ 500 mOsm/l. Chez différentes espèces, les variations peuvent être largement plus importantes, allant jusqu'à 2000 mOsm/l et plus chez le vers serpulidé euryhalin Mercierella enigmatica ou chez le mollusque opistobranche Elysia chlorotica (Gilles et Delpire, 1995). Chez certains mammifères, des variations allant jusqu'à 30-35 % de la teneur en eau totale peuvent être supportées sans problème en cas de déshydratation (chèvre du désert, chameau). Même chez les espèces homéosmotiques n'ayant jamais à subir des conditions extérieures extrêmes, l'osmolarité des liquides extracellulaires peut varier largement au niveau de certains tissus. Ainsi, les cellules papillaires des extrémités des boucles de Henley, dans les reins des mammifères, auront à supporter, en fonction de la diurèse, une osmolarité environnante pouvant varier de 700 mOsm/l ou largement plus suivant les espèces considérées. Il est clair que dans tous ces cas, la survie des organismes va dépendre de la capacité des cellules à supporter des chocs osmotiques. Comme nous l'avons signalé précédemment, les cellules sont toujours isosmotiques à leur milieu extérieur. Une modification d'osmolarité de celui-ci va donc induire chez elles soit une modification de volume par mouvement osmotique d'eau soit une modification de teneur en effecteurs osmotiques intracellulaires. Ces modifications auront pour effet de maintenir l'équilibre isosmotique entre les cellules et leur milieu extérieur. Cette problématique constitue un domaine important de la physiologie cellulaire, elle sera traitée en détail dans le livre II.


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