La COPROLOGIE sur le Web

Index de la page .

PROTÉINASES FÉCALES DANS LA RCH :
effets sur la barrière muqueuse colique et perspectives thérapeutiques.


La rectocolite hémorragique (RCH) est une maladie inflammatoire du côlon, dont le processus pathologique reste limité à la muqueuse. L'atteinte est diffuse, symétrique et peut s'étendre de la partie proximale de l'anus à l'entrée de l'iléon. Les modifications macroscopiques observées en cas de RCH sont entre autres une ulcération importante et une inflammation de la muqueuse, qui devient rouge et saigne facilement. L'examen microscopique met en évidence une atteinte épithéliale, des abcès des cavités glandulaires, une diminution des cellules caliciformes et un infiltrat cellulaire inflammatoire dans la lamina propria. L'atteinte peut être légère, modérée ou grave; les périodes d'exacerbation alternent avec les périodes de rémission. L'étiologie de la RCH reste inconnue, en dépit d'un siècle de recherches. Parmi les facteurs étiologiques parfois avancés, on retiendra des facteurs génétiques, une exacerbation de certains mécanismes immunitaires, une déficience des mécanismes de protection (mucus et protection de la muqueuse) et des facteurs environnementaux (alimentation, bactéries, mycobactéries, virus).

L'atteinte restant limitée à la muqueuse, on peut supposer que certains facteurs luminaux jouent un rôle dans la physiopathologie de la RCH. La seule barrière entre l'épithélium colique et l'environnement agressif de la lumière intestinale est la présence permanente de mucus adhérent et insoluble dans l'eau. La disparition de ce type de barrière a été impliquée dans l'apparition de certaines maladies comme l'ulcère peptique. Par analogie, les modifications de la mucine présente dans le côlon humain et sa disparition peuvent être associées à la physiopathologie de la RCH.


FORME ET FONCTION DU MUCUS

Le mucus adhérent (gel) est physiquement différent du mucus mobile et soluble présent dans la lumière du côlon; il est parfaitement visible sur des sections de muqueuses non fixées ou grâce à des techniques maintenant l'hydratation du gel. L'épaisseur moyenne du gel mesurée sur des biopsies de côlon humain a été évaluée à 107 µm, 134 µm et 155 µm respectivement pour le côlon droit, gauche et le rectum. Ce gel adhérent constitue une barrière protectrice continue, isolant la muqueuse colique du contenu de la lumière (microbes, hydrolases, substances étrangères, allergènes et toxines). La couche de solution immobile présente au sein du gel muqueux offre un micro-environnement stable à la surface de l'épithélium. En outre, ce gel adhérent est essentiel à la survie d'une microflore saprophyte endogène dans le côlon. Des études ont montré que la couche de gel était colonisée par une grande variété de micro-organismes. On dispose d'éléments suggérant que le gel adhérent joue un rôle protecteur face à l'invasion de pathogènes, grâce aux chaînes glucidiques latérales de la mucine, qui possèdent une affinité compétitive pour les récepteurs présents à la surface de la cellule. En outre, le mucus soluble comme le mucus adhérent ont un rôle lubrifiant et protègent l'épithélium colique face aux forces mécaniques associées au passage du matériel fécal.


STRUCTURE ET PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DU GEL

Les sécrétions de mucus adhérent en provenance de tout le tractus gastro-intestinal sont des gels de faible viscosité, qui se déplacent lentement et se refusionnent s'ils sont sectionnés. Le gel est insoluble dans l'eau et stable à des pH compris entre 1 et 8.5. Les composants qui confèrent à toutes les sécrétions muqueuses leur viscosité et leurs propriétés gélifiantes sont des glycoprotéines de poids moléculaire élevé, appelées "mucines" (poids molécu-laire d'environ 10 x 10.6).

La glycoprotéine du mucus colique, comme toutes les autres mucines du tractus gastro-intestinal, est un polymère de plusieurs sous-unités glycoprotéiniques reliées par des ponts disulfures 1. La mucine présente dans le côlon humain comporte beaucoup de chaînes d'oligosaccharides chargées négativement, composées de 2 à 12 unités monosaccharides liées de manière covalente par des liaisons de type O glycosidiques aux résidus sérine et thréonine du noyau central de la protéine.

Il est clair que la structure polypeptidique de la mucine présente deux zones distinctes quant à leur sensibilité aux atteintes protéolytiques. Les régions glycosylées du noyau protéique sont protégées de la protéolyse par la densité des chaînes glucidiques latérales 30. Les régions non-glycosylées "nues" sont accessibles à la protéolyse.

Elles peuvent être lysées par un certain nombre de protéinases ne laissant que des peptides muciniques glycosylés résistant à une protéolyse ultérieure.

La structure polymérique des glycoprotéines du mucus (les sous-unités de glycoprotéines sont reliées par des ponts disulfures entre les régions non-glycosylées du noyau protéique) est capitale pour la viscosité et les propriétés gélifiantes du mucus sécrété et donc pour son rôle biologique primaire qui consiste à former une barrière de gel adhérent. Les chaînes glucidiques latérales ont moins d'importance pour la formation du gel. La structure et la charge des chaînes glucidiques latérales des différentes mucines présentes dans le tractus gastro-intestinal peuvent en effet varier fortement, mais elles forment toutes des gels.


DÉGRADATION DU MUCUS IN VIVO: RÔLE ÉVENTUEL DANS LA PHYSIOPATHOLOGIE DE LA RCH ?

Il y a deux étapes principales dans la dégradation du mucus in vivo: une étape protéolytique et une étape glycosidique. La solubilisation du gel adhérent (mucolyse) est due, dans l'intestin, à l'action de toute une série de protéinases qui digèrent les polymères de mucines qui le constituent et produisent des mucines dégradées solubles, initialement résistantes à toute dégradation protéolytique. Des études in vitro

Index de la page .