LYMPHOCYTES (Ly en français et en anglais)

 

A - SIGNIFICATION DES LYMPHOCYTES CIRCULANT DANS LE SANG

 

- Ils correspondent à des éléments migrant à sens unique : cellules souches gagnant les organes lymphoïdes centraux , lymphocytes différenciés , immunologiquement compétents , gagnant de ceux-ci les organes lymphoïdes périphériques ,

- mais aussi à des éléments en perpétuel trafic , rendus fonctionnels par le contact avec un antigène dans ces organes périphériques , habituellement " au repos " , semblables aux éléments circulant à sens unique , parfois " stimulés " , plus souvent dans le sens immunoblastique que dans le sens plasmocytaire .

 

B - TAUX SANGUIN

- " Le " lymphocyte est le second élément par ordre d’importance dans la formule de l’adulte : 20 à 25 % , 1 500 / µl .

- Les variations sont grandes selon l’âge : à la polynucléose du nouveau-né , jusqu’à 15 jours , succède ce que l’on appelle indument " formule inversée " de l’enfant avec une lymphocytose à 3 000 / µl rendant les lymphocytes majoritaires par rapport aux granuleux , puis , la formule type adulte entre 6 et 12 ans .

(schéma n°32)

- Ce n’est qu’un pâle reflet du stock global : il y a 3 grammes de lymphocytes dans le sang , 1 300 grammes dans l’ensemble de l’organisme .

 

C - MORPHOLOGIE

1 - Frottis coloré en panoptique

a. Le petit lymphocyte qui représente 75 % des lymphocytes du sang a 7 ou 8 µ de diamètre .

- Son noyau est arrondi et occupe les 9/10 de la surface ; il n’y a pas de nucléole visible .

- Le cytoplasme est basophile , sans granulations .

b. Le grand lymphocyte (ou pro-lymphocyte) représente 25 % des lymphocytes du sang , il a 10 à 12 µ de diamètre .

- Son noyau est excentré et encoché , plus clair , sans nucléole visible .

- Le cytoplasme est beaucoup plus abondant , peu basophile .

- On en fait un précurseur du petit lymphocyte dans la lymphopoïèse , d’où le nom de " pro-lymphocyte ".

N.B. Cette distinction est d’ailleurs schématique : il existe tout une gamme de " moyens lymphocytes " et les automates ne font pas la distinction !

2 - Cytochimie

PAS et pyronine n’ont plus d’intérêt ; les phosphatases acides et la bêta-glycuronidase sont positives surtout dans les lymphocytes T et les lymphocytes T malins ; il n’y a pas de peroxydase et certains automates en tirent parti .

3 - Contraste de phase

Le lymphocyte est arrondi et présente un uropode , prolongement cytoplasmique postérieur , qui permet son déplacement , noyau en avant , avec un aspect en miroir à manche .

4 - En microscopie électronique ,

le noyau est profondément encoché , avec beaucoup d’hétéro-chromatine ; le cytoplasme riche en ribosomes libres (basophilie) et en microtubules et microfibrilles permettant des mouvements ; la membrane cellulaire montre des images de pinocytose et des microvillosités sur sa face externe (peut-être sont-elles plus abondantes sur les lymphocytes T , en microscopie de balayage ?).

5 - Au total , on a un aspect de cellule peu fonctionnelle et rien en morphologie classique ne permet de distinguer LyT et LyB (il n’y a pas de superposition avec la notion de petit et grand lymphocyte en particulier).

 

D - TRANSFORMATION DES LYMPHOCYTES

1 - Elle fait suite à la stimulation par un antigène dans les organes lymphoïdes périphériques ou par des mitogènes non spécifiques in vitro , conduisant à une série de modifications biochimiques ou cytologiques .

On distingue la transformation " blastique " de celle " plasmocytaire " qui , elle , n’intéresse que les lymphocytes B .

2 - Transformation blastique (et tests de transformation lymphocytaires TTL)

a. Exemple des lymphocytes en culture avec PHA

PHA = phytohémagglutinine , extraite du haricot rouge , permettant la multiplication des lymphocytes en culture .

- Phénomènes chimiques

Ils traduisent la reprise d’activité métabolique avec synthèse d’ARN , protéines , ADN notamment .

- Phénomènes cytologiques

En microscopie optique , on observe l’aspect blastique des cellules , des " immunoblastes ", à chromatine claire , avec de gros nucléoles et très basophiles .

En microscopie électronique , les polyribosomes sont nombreux alors qu’il y a peu d’ergastoplasme , (aspect de synthèse protéique sans structures d’excrétion).

Les mitoses débutent à la 60è heure , avec un maximum à la 72è (temps de culture en cytogénétique), puis , après 4 mitoses , on revient à l’aspect de petit lymphocyte .

b. Divers modes de stimulation (et de TTL)

- Les mitogènes son spécifiques agissent sur un grand nombre de lymphocytes en dehors de tout processus immunologique ,

4 agents sont à retenir :

PHA et Con A qui stimulent les lymphocytes T , lesquels stimulent secondairement les lymphocytes B ,

Pokeweed Mitogen qui stimule les lymphocytes T et les B si des T sont présents ,

Nocardia Water Soluble Mitogen qui stimule spécifiquementles LyB .

Le TTL à la PHA explore une potentialité générale du sujet .

- Une population cellulaire antigéniquement différente intervient dans la réaction lymphocytaire mixte (LMR) où chaque population réagit contre les déterminants antigéniques de l’autre par une transformation blastique en l’absence de toute sensibilisation et sans amplification en cas de seconde rencontre .

Les cellules stimulantes sont les lymphocytes B porteurs d’un antigène HLA-D absent dans la population répondante représentée par des lymphocytes T , et seulement 1 à 3 % d’entre eux .

La MLR est la première étape de la reconnaissance d’une cellule étrangère , point de départ du rejet de greffe .

- Un antigène circulant spécifique agit si le sujet a été préalablement sensibilisé à cet antigène et divers TTL sont utiles pour dépister la sensibilisation à un antigène donné (surtout allergènes).

c. In vivo , on peut observer :

- des immunoblastes dans les ganglions inflammatoires ou dans la rate en cas de GVH ;

- des cellules intermédiaires entre lymphocyte et immunoblaste appelées lymphocytes " stimulés " ou " activés " ou " transformés " ou encore " hyperbasophiles ", dans les ganglions ou même le sang chez les nourissons , très facilement , et dans les syndromes mononucléosiques à tous âges .

3 - Transformation plasmocytaire des lymphocytes B

Le lymphocyte B se transforme successivement en cellule blastique , à nombreux sacs ergastoplasmiques , puis , en plasmoblaste , en pro-plasmocyte et en plasmocyte , cellules de plus en plus dotées de structures d’excrétion : polyribosomes , ergastoplasme , Golgi très développé , grains de sécrétion , distribuées dans les tissus conjonctifs où ils sont produits en réponse à une stimulation antigénique (chorion des muqueuses surtout), productrices d’immunoglobulines dans l’immunité humorale .

 

E - LA DISTINCTION ENTRE LYMPHOCYTES T ET B

- se fait actuellement en routine grâce à des anticorps monoclonaux très spécifiques marqués en fluorescence avec lecture au cytomètre de flux ;

- les lymphocytes B sont repérés par des pan-B comme CD 20 , CD 19 ou CD 21 ;

- les lymphocytes T par des pan-T comme CD 3 , les T helper par CD 4 (surveillance des sujets HIV + et SIDA), les T suppresseurs par CD 8 .

- Intérêt de la distinction :

dans l’organisme , les T dominent dans le sang (65 à 85 %), les ganglions , le canal thoracique , les B dans la rate (50 à 65 %).

en pathologie , on oppose : les hémopathies à lymphocytes B comme la plupart des leucémies lymphoïdes chroniques (LLC), celles à lymphocytes T comme le syndrome dermatologique de Sézary .


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