SPERMATOZOIDES ET ENVIRONNEMENT:
Spermatozoïde et saisons / rythmes nycthéméraux / rythmes circadiens
Spermatozoïdes et habitudes alimentaires
Spermatozoïdes et éléments chimiques
Spermatozoïdes et radiations ionisantes
Spermatozoïdes et autres types de rayonnement
Les critères classiques de normalité d'un sperme sont les suivants
(Sz=spermatozoïdes):
Critères | Normalité | Nom de la pathologie | Valeurs pathologique |
Volume éjaculat | 2-6 ml | Hypospermie Hyperspermie |
< 2 ml > 6 ml |
PH | 7,2 - 8 | ||
Numération | entre 20 et 250 millions / ml. | Oligospermie Polyzoospermie |
< 20 millions / ml
> 250 millions / ml |
Numération totale. | > 40 millions | Oligospermie absolue | < 40 millions |
Mobilité 1° heure | > 50 % Sz mobiles ou > 25 % très mobiles |
Asthénospermie | < 50 % mobiles lents et rapides ou < 25 % mobiles rapides (fléchants) |
Cellules rondes | < 500 millions / ml ou < 500000 / mm3 | ||
Leucocytes | < 1 million / ml ou < 1000 / mm3 | Leucospermie | > 1 million / ml ou > 1000 / mm3 |
Vitalité 1° heure | > 60 % | Hypovitalité | < 50 % |
Morphologie | > 30 % de formes normales | Tératospermie | > 70 % de formes anormales |
Parmi les interventions recensées dans ce domaine, on relève entres autres celle du
Pr Niels E. Skakkebaeck lors d'un colloque de l'OMS en 1991, rapportant qu'entre 1938 et 1990:
* la numération moyenne des spermatozoïdes par ml est passée de 113 millions à 66 millions / ml.
* le volume éjaculé est passé dans le même temps de 3,40 ml à 2.75 ml.
Plus récemment, une étude rétrospective
émanant des CECOS français confirme un déclin de 2 % par an de la numération des spermatozoïdes. Mais
d'autres travaux suggèrent une grande variabilité des caractéristiques du sperme d'un pays à un autre,
voire d'une région à l'autre.
Comme tout tissu producteur de
cellule (" germinatif "), l'impact délétère d'un facteur exogène sur une lignée
cellulaire est maximal sur les cellules en début de production, c'est à dire non différenciées. Or
l'épithélium germinal est un des tissus les plus fragiles de l'organisme.
Le processus qui aboutit à la production de
spermatozoïdes
(spermatogénèse) dure 74 jours. Une fois formé, le spermatozoïde
transite dans l'épididyme durant
13 jours, ce qui laisse 87 jours (approximativement 3 mois) entre le moment où un facteur nocif
intervient et le moment où l'on constate le maximum d'anomalies liées à ce facteur.
Du fait des conditions anatomiques des organes sexuels masculins, à
savoir leur caractère superficiel, les testicules sont en position de faiblesse par rapport à
l'environnement. Au lieu d'être situés en profondeur dans le corps humain, les testicules sont dans
un "écrin" de peau permettant de limiter la température à 36°.
La fièvre, l'exposition aux températures élevées
(professionnelles,
Jean trop serrés, ...) sont responsables de troubles de la libido, mais aussi de la spermatogénèse.
L'hyperthermie testiculo-épididymaire de faible intensité (1° à 1,5°) est même proposée comme méthode de contraception masculine.
Le volume de sperme éjaculé et la numération des
Sz seraient diminués en automne et augmentés au printemps. La mobilité et la morphologie seraient
meilleures en automne et altérées au printemps. Le climat est un facteur important.
L'alternance jour/nuit, c'est à dire le rythme circadien (=
[circa = environ et dies = jour] quand on supprime les variations lumineuses
de l'environnement),
et qui dépend de nombreux facteurs (alternance veille-sommeil,
température corporelle, activité
locomotrice, sécrétions hormonales,...) serait un
facteur non négligeable. Il faut donc tenter de
recueillir le sperme dans des conditions
" standardisée " (après abstinence de 2 à 4
jours, après une phase de non-stress, le matin à peu près aux mêmes heures...).
Chez l'homme, des variations d'hormones circulantes liées au rythme
nycthéméral (la testostérone est au niveau le plus élevée le matin
à 6 heures, et le plus bas à
21 heures, ...) s'estompent toutefois avec l'âge.
Autres facteurs: les rythmes circanuels, variations
annuelles de la durée du jour, etc...
La consommation importante d'alcool
réduit la sécrétion endocrine testiculaire et joue un rôle néfaste sur la spermatogénèse.
Le tabac a un impact vasculaire et toxique.
Les drogues, au premier plan desquelles la cocaïne et la méthadone
sont impliquées, accentuent les troubles de la libido, de l'éjaculation, mais auraient démontré
également chez l'animal un rôle tératogène.
Les oestrogènes (viandes, phyto-oestrogènes
alimentaires, gels oestrogéniques à visée contraceptive
appliqués par les hommes à
leur conjointes, ...) joueraient sur d' autres hormones endogènes (FSH, MIS)
impliquées
dans la descente des testicules (cryptorchidie), la multiplication des cellules germinales
(cancers) et le nombre de cellules de Sertoli dont dépend la production de
spermatozoïdes (oligospermie).
Les oestrogènes inhiberaient les cellules de Leydig,
et
donc la production de testostérone (masculinisation imparfaite, hypospadias,
cryptorchidie, ...).
L'eau de la Tamise à Londres a même été impliquée
par
sa teneur en hormones. Certaines plantes sont mises en cause également.
Les vaches en gestation, pour lesquelles la lactation continue, nous abreuvent d'oestrogènes, heureusement a priori éliminés par le traitement UHT.
L'obésité voit le taux d'oestrogène, chez l'homme, augmenter.
Les pilules contraceptives, jetées dans les circuits d'évacuation, recirculent après le recyclage de l'eau.
Le plomb est responsable de malformations congénitales,
de fausses-couches.
L'exposition professionnelle (peintures autrefois, industrie du plomb,
...) ou hydrique (tuyaux en plomb
des vieilles maisons de certaines régions: saturnisme)
en sont les principaux vecteurs.
Le chlorure de vinyle, le monoxyde de carbone (CO, issu
de la mauvaise
combustion du gaz carbonique du fait d'un espace manquant d'oxygène,
entraîne une baisse très importante
de la mobilité du sperme) ... sont impliqués dans
des troubles de la fertilité et de la sexualité.
Les hydrocarbures hydrogénés, utilisés en industrie
du
pétrole, des plastiques, des solvants et des antigels, mais aussi en agriculture,
comme avec le pesticide
DiBromoChloroPropane (DBCP) pour les cultures d'agrumes
(nématocide), les fongicides... génèrent des
situations d'azoospermies souvent
irréversibles.
(NB: le DBCP, utilisé surtout aux USA, est proscrit
depuis 1977.
Mais la législation, non appliquée en 1984 dans une bananeraie du Costa
Rica, a conduit au fait que
4000 ouvriers sont devenus stériles).
Les agents
tenso-actifs des détergents, les pesticides,
insecticides et herbicides (BiPhényls polychlorés: PCB;
organochlorés: DDT, ...) sont
mis en cause.
Citons également le bisulfure de carbone.
Le lithium se trouverait concentré massivement dans le
sperme.
La question d'une tératogénèse est soulevée.
Les produits et médicaments annoncés tératogènes
(chez l'animal) peuvent avoir des conséquences inconnues
chez l'homme.
Le DiEthylStilboestrol (Distilbène),
utilisé entre
1945 et 1971 pour prévenir les fausses-couches chez les femmes enceintes, a entraîné
une
augmentation des cas de cryptorchidies, hypospadias et autres malformations
génitales. Mais
(Article du N. E.J.of M. du 25/05/95) la fertilité est restée normale,
sur les critères suivants: %
d'hommes ayant un enfant, âge moyen de la première
naissance, nombre moyen d'enfants, diagnostic éventuel
de stérilité, temps pour la mise
en route de la dernière grossesse, ...).
On incrimine de très nombreuses substances, dont
certains composants de
matières plastiques, mais les études manquent.
Une exploration radiologique
itérative ou une
radiothérapie de la zone sous-diaphragmatique sans protection plombée peut entraîner
une
altération transitoire de la spermatogénèse (doses < 8 centi-Grays).
Le fractionnement de la dose de rayonnement augmente l'effet néfaste. C'est le cas pour certains milieux professionnels, et celui de la radiothérapie. 35 cGy entraîne une azoospermie. Celle-ci reste toutefois transitoire, à concurrence de 2 Gy.
Même si une susceptibilité individuelle rend variable l'impact d'une même dose chez différents individus, non seulement la quantité mais aussi la qualité des spermatozoïdes, ainsi que le délai de récupération, sont fonction de la dose administrée. Chez l'enfant, l'irréversibilité est plus fréquente que chez l'adulte pour des doses identiques.
Par contre, la fonction hormonale du testicule n'est
altérée que pour
des doses très élevées.
Dans ce cadre, quelle est la portée des radiations ionisantes issu des centrales nucléaires ? Le suivi institutionnel et le CRIRAD apportent leur concours à la résolution de problèmes.
Les données sont moins claires. On évoque les micro-ondes, les ultra-sons, ...
Parmi les professions au contact de ces divers produits,
citons
les garagistes, coiffeurs, employés de pressings, métiers soumis à la chaleur,
des industries des
plastiques, des métaux lourds, etc...
On évoque un danger probable mais sans catastrophisme,
tant que
l'information et la prévention sont possibles. Il y a donc nécessité de
transparence et d'information sur
les produits toxiques pour la reproduction.
Malheureusement, les données précises sont difficiles à
exploiter par le fait que
certains produits n'agissent que couplés avec d'autres. On parle de co-facteurs.
Une constante est importante à connaître :
il
existe une irréversibilité réelle des dégats durant la période foetus-puberté.
Tandis que la
reversibilité est fréquente quand la cause néfaste intervient à l'âge
adulte.
En Europe, une quinzaine d'équipe suivent ce problème.
Il existe désormais des réponses thérapeutiques nouvelles aux problèmes les plus aigüs concernant l'hypofertilité masculine : la F.I.V. (Fécondation In Vitro), avec sa technique la plus avancée : l' I.C.S.I. (Intra Cytoplasmic Spermatozoa Injection = microinjection intra-cytoplasmique).
Mais la prévention reste la meilleure des solutions. Celle-ci repose sur le travail des organismes de suivi, des contrôles des produits industriels, la Médecine du travail, le contrôle des eaux et alimentations, etc...